Dès le début du conflit, afin d’éviter tout dommage délibéré ou accidentel, il a fallu agir. La directrice de l’Unesco, Audrey Azoulay, avait appelé les institutions internationales concernées et les professionnels de la culture en Ukraine à marquer les sites du signe « Bouclier bleu » de la convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels. En outre, grâce à un partenariat avec l’Institut de recherche et d’analyse des Nations unies (Unitar), l’Unesco évalue par le biais d’un système de satellites les dégâts ou les sites menacés, selon Lazare Eloundou Assomo, directeur du Patrimoine mondial. Pour l’organisme onusien, certains sites et monuments sont prioritaires, parmi lesquels la cathédrale Sainte-Sophie à Kiev, dont les fondations remontent au XIe siècle. Avec ses clochers à bulbes dorés, l’édifice est l’un des monuments les plus connus du pays. Suivant autrefois une architecture byzantine, il avait été construit pour rivaliser avec la Sainte-Sophie de Constantinople. Son aspect actuel de style baroque date du XVIIIe siècle. Mais son intérieur décoré d’icônes, de mosaïques et d’un nombre considérable de fresques a gardé son authenticité.
De même, l’ensemble du centre historique de Lviv, à l’ouest du pays, figure dans la liste ukrainienne de l’Unesco. Fondée à la fin du Moyen Âge, la ville a conservé pratiquement intacte sa topographie urbaine médiévale et garde la trace des différentes communautés qui y vivaient. La cité abrite aussi de magnifiques bâtiments baroques, selon la description de l’Unesco. Le répertoire comprend également une série de tserkvas, des églises construites en bois dans la tradition ecclésiastique de l’Église orthodoxe, entre le XVIe et le XIXe siècles. Sur la liste des zones de référence de la planète, le conseil de l’Unesco avait classé en 1984 Ascania-Nova (Nouvelle-Ascanie) « la plus ancienne réserve de biosphère de steppe du monde ». Située au sud de l’Ukraine, non loin de la mer Noire, son écosystème est constitué de plus de 500 espèces de plantes supérieures et compte plus de 3 000 espèces d’animaux.
Des métropoles d’il y a 6 000 ans
D’autres sites sont également menacés, comme l’énorme cromlech découvert en 2021 dans le village de Novooleksandrivka, près de Dnipro, au centre-est de l’Ukraine. Ce monument mégalithique préhistorique constitué de blocs de pierre disposés en cercle, pesant chacun près d’une tonne, se dresse sur plusieurs mètres de haut. C’est à l’occasion de travaux routiers que ce cromlech, « vieux de 4 500 à 5 000 ans » et « de dimension exceptionnelle », a été mis au jour, rapporte sur son site la chaîne de télévision 5 Kanal. Le plus connu de tous les cromlechs est celui de Stonehenge en Angleterre.
Autre patrimoine et pas des moindres, celui du village de Dobrovody qui fut un centre de la culture Cucuteni-Trypillia, une civilisation néolithique qui a construit les plus grandes colonies de l’Europe des Ve et IVe siècles avant J.-C. « Peuplée de plus de 10 000 habitants pour une superficie d’environ 2,5 km2, avec des maisons disposées sur neuf ou dix cercles concentriques », elle a été, selon un article paru dans le journal Glavnoe, « l’une des plus grandes cités de son époque ». À l’instar de Dobrovody, les vues aériennes de Maidanets et de Nebelivka, habités naguère par les Trypillias, révèlent de nombreuses fortifications et des rues bien tracées selon un plan ovale. Les figurines de déesses assises mises au jour sur les sites sont des éléments caractéristiques de cette culture. Un magnifique documentaire de la BBC relate d’ailleurs « Trypillia : une civilisation vieille de 7 000 ans réduite au silence par les communistes ».
Les musées cherchent à protéger leurs collections
Depuis le début de l’invasion, certains sites culturels ont été touchés par les attaques de l’armée russe. L’incendie d’un musée d’histoire et d’art local, survenu le 28 février dans la ville d’Ivankiv, à environ 80 km de Kiev, a détruit 25 peintures de l’artiste populaire ukrainienne Maria Primachenko. « Des reportages indiquent que parmi les nombreuses atrocités commises en Ukraine, les forces russes ont commencé à détruire le patrimoine culturel ukrainien », a déclaré à Lonely Planet le directeur général de l’organisation international philanthropique J. Paul Getty Trust, James Cuno. L’organisation World Monument Fund, qui vient de publier sa liste des sites du patrimoine en voie de disparition pour 2022, a également exprimé sa préoccupation face au conflit en cours : « Nous demandons instamment que toutes les précautions soient prises pour protéger des vies et éviter des dommages irréparables au patrimoine culturel dans la région. » Les villes ukrainiennes cherchent également à protéger leurs collections de la destruction et des pillages. Attaquée par l’armée russe, Kharkiv possède un musée d’art qui contient près de 20 000 œuvres.
Près de cette ville se trouve également le musée d’histoire et d’art Parkhomivka, riche d’un fond de 6 000 pièces parmi lesquelles des œuvres de Picasso, Anthony van Dyck, Alexandre Benois et Nicholas Roerich. À Kiev, le Musée national de l’histoire de l’Ukraine comprend plus de 600 000 objets, dont des pièces archéologiques datant de l’âge de pierre jusqu’à la période contemporaine, des collections ethnographiques, des pièces de monnaie, des peintures, des livres, etc. Toujours dans la capitale, le Musée des trésors historiques d’Ukraine abrite l’une des plus belles collections d’or scythe au monde. Le Musée national d’art russe regroupe la plus grande collection d’œuvres d’art russes en dehors de Saint-Pétersbourg et de Moscou. Enfin, à Odessa, le Musée archéologique reste l’un des plus anciens musées d’Ukraine. La ville possède également un Musée des beaux-arts où l’on peut voir des œuvres de Vasily Kandinsky. Après que la ville d’Odessa a été, le 3 mars, la cible d’une attaque de missiles, la directrice, Aleksandra Kovalchuk, a déclaré au New York Times que le personnel s’activait à « démonter les expositions permanentes, à emballer les objets, avant de les cacher ». La revue Sciences et Avenir rapporte pour sa part que plus de 700 objets provenant des musées ukrainiens se trouvent à l’abri à l’étranger, et donc loin des pillages et des destructions. « Ils ont été prêtés peu de temps avant le début du conflit au musée Moesgård d’Aarhus, au Danemark, pour une exposition temporaire sur les Vikings Rus. » « Ce sont des objets de très haute qualité, issus notamment de tombes de haut rang fouillées à Kiev – démontrant les liens étroits entre Kiev et la Scandinavie aux Xe-XIe siècles », affirme Pauline Asingh, archéologue et responsable des expositions au musée Moesgård.
L’engagement de l’Unesco et de ses partenaires
Pour protéger en urgence le patrimoine ukrainien, l’Unesco a mobilisé ses partenaires, le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (Iccrom), Blue Shield International, le Conseil international des musées (ICOM), le Conseil international des monuments et des sites (Icomos) et l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (Aliph). Cette dernière a débloqué le 7 mars « une première enveloppe de deux millions de dollars » afin de soutenir des actions concrètes auprès des musées ukrainiens, à travers le financement d’inventaires, de l’achat de matériel de protection des œuvres et de mesures de renforcement de la sécurité des lieux de stockage. « Être le plus utile, concret et souple possible pour protéger ce patrimoine unique et ses professionnels. C’est aujourd’hui une course contre la montre », a déclaré dans un communiqué de presse le directeur exécutif d’Aliph, Valéry Freland.
OU ETIEZ-VOUS, HYPOCRITES, QUAND IL FALLAIT SAUVER LES PATRIMOINES AFGHANS, SYRIENS, IRAQUIENS, LYBIENS, YOUGOSLAVES, VIETNAMIENS, KOREENS ET DE TANT D,AUTRES PAYS DETRUITS PAR LES AMERICAINS ET LE NATO. VOUS NE VOUS MANIFESTIEZ ET MANIFESTEZ ENCORE QUE LORSQUE DES PAYS FURENT DETRUITS PAR L,URSS HIER ET PAR LA RUSSIE AUJOURD,HUI. L,ODEUR DU DOLLAR Y FUSE !
12 h 16, le 22 mars 2022