Alors que mardi 15 mars expire le délai de dépôts des candidatures, six partis et collectifs de l'opposition libanaise ont tenu une réunion conjointe samedi à Bourj Hammoud, pour unir leurs efforts en vue du scrutin de mai, qui reste menacé de report, voire d'annulation, par les partis politiques au pouvoir en perte de popularité dans un Liban en plein effondrement.
La réunion a rassemblé le Bloc National (BN), Minteshreen, Liqa' Techrine, Taqaddom, l'Assemblée plénière du 17 Octobre et Khat Ahmar. Le journaliste de la LBCI Yazbeck Wehbé qui animait l'événement a donné le ton : "En avant vers l'affrontement et le changement". Sur les réseaux sociaux, l'événement était marqué par le mot-dièse "Notre unité est le début du changement". Une phrase en réponse aux critiques lancées aux collectifs civils et autres formations politiques de l'opposition qui ont du mal à unifier leur rang pour déloger une classe politique accusée de corruption et d'incompétence depuis des décennies.
Restauration de l’État
Plusieurs déclarations courtes des responsables de chaque mouvement se sont succédé dans une salle comble, ponctuées d'applaudissements nourris et parfois entrecoupées de clips vidéo rappelant la révolte populaire du 17 octobre 2019 et l'explosion dévastatrice du 4 août 2020 au port de Beyrouth. "L'union est une obligation, pas un choix. Une seule voix, une seule liste", proclame une voix off à la fin de la projection.
"Notre seule garantie : travailler ensemble, dans tous les milieux, pour s’unir politiquement face au pouvoir et former une coalition parlementaire. Notre unité est le début du changement", a clamé le directeur politique du Bloc national, Naji Abou Khalil. "Le débat qui a eu lieu entre les composantes de l'opposition au niveau national, durant les deux dernières années, a permis aujourd'hui de produire un discours politique clair sous le thème de la restauration de l’État", s'est-il félicité. Il a expliqué que le but de cette coalition est de "transformer la dynamique politique locale, dans toutes les circonscriptions et à travers les alliances régionales, en une lutte nationale unique face à l'alliance de la mafia et des milices". "Nous voulons constituer un groupe parlementaire capable de réclamer des comptes et contrôler (...)", a ajouté M. Abou Khalil.
Puis la responsable des relations extérieures du mouvement Minteshreen, Ghia Assaad, a dénoncé "les représentants du pouvoir qui perpétuent un système qui les arrange. [...] Nous voulons que pour la première fois, un mouvement non-confessionnel entre au Parlement", a-t-elle martelé. Ziad Abdel Samad, coordinateur général du mouvement Liqa' Techrine, a pour sa part estimé que "nous vivons désormais dans une nation sans État".
"Une douleur qui n'en finit pas"
Se revendiquant dans la continuité des mouvements du 17 Octobre, les participants ont également dénoncé les conditions de vie actuelle au Liban, qui traverse la pire crise économique de son histoire moderne. "Je suis ici pour une douleur qui n'en finit pas", a lancé Laury Haytayan, coordinatrice générale du parti Taqaddom. "Nos objectifs sont clairs, notre agenda de réformes est prêt, nos projets sont écrits. Mais l'État est introuvable !", a-t-elle fustigé sous les applaudissements de la salle.
"Si le peuple libanais ne se sauve pas lui-même, personne ne le sauvera. La rue n'a mené à rien et les armes ne servent évidemment à rien. Il y a des élections. Alors libérons l’État de ses ravisseurs", a lancé Mme Haytayan.
Plusieurs mouvements d'opposition se mettent en ordre de bataille ces derniers temps en vue des prochaines législatives, après plusieurs mois de léthargie. Il y a quelques semaines, le Bloc national avait ainsi lancé sa campagne et présenté ses candidats dans quatre circonscriptions : Baabda, Tripoli, Zghorta et le Kesrouan. Le collectif laïc et de gauche "Beyrouth résiste" avait lui promis des candidatures via liste unique dans les circonscriptions de Beyrouth I et II. D'autres coalitions régionales, notamment dans le Nord et la Békaa ont également vu le jour.
Les législatives du 15 mai sont perçues par beaucoup comme une opportunité de changement. Aujourd'hui, plus de 75% de la population vit sous le seuil de pauvreté, la livre libanaise s'est effondrée face au dollar et l'enquête autour de l'explosion meurtrière du 4 août 2020, traumatisme encore présent dans toutes les têtes, n'avance pas. Mais des craintes d'un report du scrutin par la classe au pouvoir continuent de se faire sentir, même si dernièrement, la mise en place de mégacentres de vote, une revendication considérée dans certains milieux comme un prétexte pour un tel report, a été abandonnée.
commentaires (13)
quelqu'un, y compris l'OLJ s'est demande pour quelle raison (s) la MTV n'a pas retransmis cet evenement en direct ?
Gaby SIOUFI
10 h 21, le 14 mars 2022