
La conseillère spéciale du président américain Joe Biden sur les droits internationaux des personnes handicapées, Sara Minkara. Capture d'écran
La Libano-Américaine Sara Minkara, conseillère spéciale sur les droits internationaux des personnes handicapées au sein de l’administration du président Joe Biden, a annoncé vendredi ses premiers déplacements à l'international et prévoit de se rendre au Liban le 15 mars pour rencontrer des responsables et des dirigeants d'organisations.
Mme Minkara, originaire de Tripoli au Liban-nord et aveugle depuis l'âge de sept ans, avait été nommée au poste de conseillère par le président américain le 28 octobre 2021. Elle dirige la stratégie globale du département d'Etat américain pour promouvoir et protéger les droits des personnes handicapées au niveau international.
"Nous nous sommes engagés à faire progresser les droits des personnes handicapées dans le monde entier", a expliqué Mme Minkara lors d'une conférence de presse annonçant son premier voyage officiel, d’abord à Genève puis au Liban, en Égypte, au Maroc et au Koweït. "Le Liban a fait face à une crise après l'explosion au port (de Beyrouth le 4 août 2020), à la pandémie de Covid-19 et à une crise économique. Dans ces moments-là, les personnes handicapées sont marginalisées à de nombreux niveaux", a déclaré Mme Minkara à L'Orient-Le Jour, affirmant vouloir s'assurer que ces personnes sont “prises en compte et valorisées".
La "Special advisor" prévoit de rencontrer le Premier ministre, Nagib Mikati, et plusieurs ministres libanais. "Nous voulons être sûrs qu'ils ne considèrent pas le handicap comme un fardeau, mais plutôt comme une valeur supplémentaire à la communauté", a-t-elle affirmé.
Durant sa visite qui s'achève le 19 mars, Mme Minkara prévoit également de rencontrer les responsables des Organisations des Personnes Handicapées (OPH) locales, des ONG et des associations qui se concentrent sur les élections législatives prévues le 15 mai prochain.
Exposant les priorités de son mandat, Mme Minkara a expliqué vouloir veiller "à ce que les personnes handicapées ne soient pas seulement en mesure de voter et d'accéder aux bureaux de vote", mais qu’elles fassent "également partie du paysage politique". "Elles devraient créer des politiques, se présenter aux élections (...) Leurs voix doivent être non seulement reconnues et entendues, mais aussi valorisées", a-t-elle dit. Il s’agit pour elle de mettre en avant le handicap et stopper le discours de “charité” ou de "pitié". Elle veut aussi veiller à ce que, "dans les moments de crise, les personnes handicapées, qui sont généralement marginalisées à de nombreux niveaux, fassent partie de la solution".
"Musulmane, aveugle et fière de l'être"
Au début de sa conférence de presse, Mme Minkara s’est présentée comme étant musulmane, aveugle, handicapée et fière de l'être. "Je suis une fille, une sœur, une amie, une collègue, une voisine. Je suis une voyageuse, je suis une introvertie, je suis une fauteuse de troubles. J'aime les mathématiques, j'aime la nature, j'aime les chevaux, j'aime le café, j'aime les polars, j'aime manger du poulet, j'aime passer du temps avec mes amis. Je suis une femme, je suis musulmane, je suis aveugle, je suis une personne handicapée et j'en suis fière", a-t-elle dit.
Parlant de sa vie personnelle, Sara Minkara confie qu'elle a perdu la vue à l'âge de sept ans et que sa sœur est, elle, malvoyante. "Nous avons continué à fréquenter les systèmes scolaires ordinaires de notre ville. J'ai pu aller à l'université et faire des études supérieures", assure-t-elle. "Ça m'a pris du temps pour pouvoir dire que je suis fière d'être une personne handicapée”, ajoute la responsable, tout en reconnaissant avoir parfois "l'impression d'être un fardeau".
La Libano-Américaine Sara Minkara, conseillère spéciale sur les droits internationaux des personnes handicapées au sein de l’administration du président Joe Biden, a annoncé vendredi ses premiers déplacements à l'international et prévoit de se rendre au Liban le 15 mars pour rencontrer des responsables et des dirigeants d'organisations.Mme Minkara, originaire de Tripoli au Liban-nord...
commentaires (15)
Bravo pour votre courage et votre abnégation. Et bienvenue pour ce retour au royaume des aveugles, pour paraphraser un saint homme d'une religion différente de la votre, puisque vous semblez en tirer fierté. Pourquoi pas, après tout... La cécité ne ne fait aucun distingo entre les religions. Merci pour votre message de solidarité.
Mouawad Robert
09 h 31, le 15 mars 2022