Si les préoccupations autour de la guerre en Ukraine ne cessent de grandir à mesure que Vladimir Poutine brandit des menaces comme celle de l’emploi de l’arme nucléaire, d’autres inquiétudes concernent l’utilisation d’armes non conventionnelles par Moscou. De nombreuses voix s’élèvent pour fustiger une stratégie russe consistant à préparer le terrain en dénonçant la prétendue présence d’agents pathogènes dans les laboratoires ukrainiens pour justifier son potentiel recours à des armes biologiques et chimiques dans la guerre.
Accusations et contre-accusations
Depuis mercredi, les États-Unis et le Royaume-Uni soutiennent que la Russie pourrait avoir recours à des armes chimiques en Ukraine. « Le Kremlin répand intentionnellement des mensonges purs et simples selon lesquels les États-Unis et l’Ukraine mènent des activités liées à des armes chimiques et biologiques en Ukraine », a alors déclaré le porte-parole de la diplomatie US, Ned Price. Thierry Burkhard, chef d’état-major français, a quant à lui souligné dans une lettre adressée à ses officiers généraux mercredi que les difficultés rencontrées sur le terrain ukrainien par les troupes de Vladimir Poutine rendaient ce dernier « imprévisible ». Face à cette menace, Joe Biden a prévenu hier que la Russie « paiera le prix fort » si elle venait à faire usage d’armes chimiques en Ukraine.
Maria Zakharova, directrice de l’information au ministère russe des Affaires étrangères, a récemment affirmé détenir des documents attestant de la destruction par les laboratoires ukrainiens de leurs échantillons de peste, de choléra, d’anthrax et d’autres agents pathogènes avant le début de l’invasion du pays par la Russie le 24 février. Cette déclaration fait suite à celle de Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, qui, le 1er mars, avait déclaré que les Américains craignaient de perdre le contrôle de ces laboratoires en Ukraine. Les autorités russes présentent cette destruction comme une volonté ukrainienne et américaine d’effacer les preuves du développement d’un programme militaire d’armes biologiques et comme une violation de l’article 1 de la Convention sur les armes biologiques et toxiques. Des accusations rejetées par Kiev et Washington, les qualifiant de « propagande russe classique ». À l’heure de mettre sous presse, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU devait par ailleurs se tenir, à la demande de Moscou, concernant la fabrication d’armes biologiques en Ukraine, catégoriquement démentie par le président ukrainien.
Recherche en risques biologiques
Kiev et Washington ont confirmé que l’Ukraine était dotée d’installations de recherche biologique. Présentés par la Russie comme des sites de production d’armes biologiques, ces laboratoires sont partenaires d’un programme américain de « lutte contre les risques biologiques ». Si ces centres manipulent des agents pathogènes dangereux, comme celui de la peste, leurs recherches sont régulièrement publiées dans les journaux spécialisés et sont réalisées en coopération avec des scientifiques canadiens, européens et américains. Ces laboratoires demeurent très contrôlés, comme l’illustre un rapport de l’Initiative sur la menace nucléaire en 2007, qui indiquait que dans le cadre d’une amélioration d’une de ces installations, les mécanismes de sécurité en seraient renforcés, réduisant les menaces de prolifération. Un second rapport de l’Indice de sécurité sanitaire mondial de 2021, rendait compte d’un « manque d’intérêt apparent dans la recherche à double usage chez les experts et officiels ukrainiens ». Concernant la destruction de certains agents pathogènes présents dans les laboratoires ukrainiens, celle-ci aurait été conseillée par l’Organisation mondiale de la santé afin d’éviter leur déversement.
Crainte de prise de contrôle par la Russie
L’avancée progressive des forces armées russes fait craindre une prise de contrôle des laboratoires de recherche ukrainiens par Moscou. Le bombardement de ces laboratoires, pouvant occasionner la diffusion d’agents pathogènes dans l’air, est l’un des risques envisagés. Cette appropriation russe des laboratoires pourrait conduire à un usage dangereux du matériel et à la militarisation de certains types de recherche à « double usage » et pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la santé de la population. Bien que la Russie soit signataire de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, entrée en vigueur en 1997, la peur de voir les Russes utiliser des armes non conventionnelles n’est pas sans fondements puisque Moscou a déjà eu recours à des agents chimiques contre ses propres ressortissants à l’instar de Sergueï Skripal en 2018 à Salisbury ou en 2020, contre la figure d’opposition russe Alexeï Navalny, qui ont fait l’objet d’une tentative d’empoisonnement au Novitchok.
La Russie a également été accusée de complaisance avec le régime allié de Damas, lors de son utilisation de roquettes contenant du sarin, un puissant agent neurotoxique, en 2013 dans la Ghouta orientale en Syrie, faisant environ 1 729 morts. En 2014, les enquêteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques confirment que le chlore a été utilisé en tant qu’arme chimique de manière « systématique et répétée » à Kafr Zeta dans la province de Hama, mais aussi à al-Tamana et Tal Minnis, province d’Idleb. Si dans le cadre de la guerre en Ukraine, le recours à des armes chimiques aurait un intérêt limité sur le plan militaire en termes d’avancées sur le terrain, il pourrait en revanche revêtir une importante dimension psychologique dans le but de terroriser la population locale.
commentaires (4)
LE 9 MARS la numéro trois de la diplomatie américaine Victoria Nuland a déclaré « : Kiev et Washington d'avoir mené des « programmes biologiques militaires » en Ukraine !!!!! En Février déjà la FRANCE envoie en Ukraine 2,5 millions de doses d'IODE !!!!! On se demande qui prépare quoi ???? Les MENSONGES : Casques Blanc vont-ils être répéter ??
aliosha
14 h 55, le 12 mars 2022