Moins d’un an après sa victoire retentissante aux élections du conseil de l’ordre des ingénieurs face aux partis au pouvoir (juillet 2021), la coalition de l’opposition, « L’Ordre se révolte », issue du mouvement du 17 octobre, a essuyé dimanche un cuisant revers lors d’élections préliminaires. Les électeurs de trois spécialités (génie électrique, génie mécanique et entrepreneurs) devaient choisir, lors de ce scrutin organisé au siège de l’ordre, cinq membres pour chaque section, soit quinze au total. Plusieurs vainqueurs du scrutin de dimanche sont affiliés soit au Hezbollah, soit au mouvement Amal, tandis que d’autres sont des indépendants soutenus par ces partis et, dans une moindre mesure, par le courant du Futur et les Forces libanaises. Seul l’un de ces indépendants figurait en même temps sur la liste de « L’Ordre se révolte ». Le Courant patriotique libre (CPL) n’a pas présenté de candidats, selon un ingénieur affilié au parti aouniste, Élie Rizk, qui indique que sa formation « a appelé à appuyer tout candidat compétent, intègre et doté d’une expérience dans les affaires de l’ordre ». Ces quinze vainqueurs seront seuls habilités à briguer en avril prochain la présidence des sections respectives, lors d’élections auxquelles pourront participer tous les membres inscrits à l’ordre des ingénieurs. Dimanche, les ingénieurs ont également élu 244 délégués, représentant la moitié de l’assemblée des délégués. Équivalent du Parlement au plan national, cette assemblée contrôle l’action du conseil de l’ordre. Composé de seize membres, le conseil de l’ordre des ingénieurs se renouvelle par tiers tous les ans. En raison de la pandémie, le scrutin qui devait se tenir en mars 2020 avait finalement été organisé en juin et juillet derniers, après avoir été reporté plusieurs fois. Ainsi, plutôt que de pourvoir comme chaque année à 5 postes de membres du conseil sur base du système rotatoire, les ingénieurs avaient alors élu 10 membres. Tous (dont Aref Yassine, élu avec 67 % des voix) appartiennent à la coalition « L’Ordre se révolte ». Le succès avait été inédit, d’autant que le conseil précédent comportait quatorze membres partisans et seulement deux indépendants, dont l’ancien président de l’organisme Jad Tabet.
Dimanche, l’ambiance était radicalement différente. Dans un communiqué publié hier en soirée, la coalition a reconnu sa défaite. « Le conseil n’a pas réussi à progresser sur plusieurs niveaux, notamment dans l’adoption de mesures courageuses pour générer un changement radical au plan de l’action de l’ordre, de ses lois et de son règlement intérieur », indique le texte. « Nous renouvelons toutefois notre engagement à réaliser le programme sur la base duquel nous nous sommes portés candidats », ajoute le communiqué.
Divina Abou Jaoudé, élue l’an dernier au sein du conseil, avec neuf autres membres du groupement, reconnaît que sa coalition ne s’est pas assez mobilisée pour gagner le scrutin tenu dimanche dernier. « Durant l’année écoulée, le conseil s’était en grande partie consacré à trouver des solutions pour assurer aux membres de l’ordre des conditions optimales d’assurance hospitalière », indique-t-elle, soulignant qu’« entre-temps les partis se sont alliés afin de garantir leur succès ». Du côté des partis, on prétend que les ingénieurs du groupement n’ont pas tenu leurs promesses liées notamment au montant des cotisations.
Ne pas dormir sur ses lauriers
Dans les milieux de « L’Ordre se révolte », on évoque « des échanges de voix entre les partis ainsi que leurs gros moyens financiers ». « Tandis que la crise de l’essence a repris durant le week-end écoulé, des dizaines de pullmans ont été affrétés par les partis pour leurs électeurs », dénonce un membre de la coalition. Il affirme par ailleurs que la participation au scrutin a été très faible. « Sur les 60 000 inscrits, quelque 2 400 ingénieurs se sont rendus aux urnes. » Et de déplorer enfin que « de nombreux membres de l’ordre ont quitté le pays à cause de la crise financière inédite ». « Ceux qui sont restés font partie du système au pouvoir », note-t-il.
Il reste que les représentants de « L’Ordre se révolte » semblent avoir accusé le coup. Plusieurs d’entre eux affirment à L’OLJ que la décision a été prise de réagir afin de ne pas perdre les acquis. « Il faut que notre coalition remporte les deux sièges qui restent à pourvoir lors de l’échéance prévue en avril », se promet l’un d’eux. Dans les circonstances graves que traverse le pays, dormir sur ses lauriers risque en effet de faire le jeu de la classe dirigeante…
commentaires (8)
Que vient faire la politique dans ces élections??? C'est pour cette raison que je ne vote pratiquement jamais, bien que je sois affilié à l'ordre depuis 1969(ouf! que je suis vieux...)
Georges MELKI
13 h 58, le 10 mars 2022