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Monde - Repère

La propagande, l’autre arme de Poutine

« Construction artificielle, néonazi, génocide »... Tout est bon pour le chef du Kremlin pour justifier son invasion de l’Ukraine.

La propagande, l’autre arme de Poutine

Un manifestant brandit un portrait de Vladimir Poutine lors d’une manifestation de soutien à l’Ukraine, le 22 février à Prague. Michal Cizek/AFP

En parallèle de l’invasion russe de l’Ukraine, qui a débuté le 24 février, Vladimir Poutine s’est lancé dans une véritable guerre des mots, appuyée par les médias officiels, et portée par un discours composé de mensonges, d’exagérations et de récits révisionnistes pour justifier l’offensive russe. Pour enrayer la « machine médiatique du Kremlin », responsable de la « désinformation toxique », la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé le 27 février le blocage des comptes Facebook, Instagram et YouTube des médias russes RT (anciennement Russia Today) et Sputnik dans toute l’Europe, illustrant ainsi le danger des outils de la propagande russe.

L'éditorial de Issa Goraïeb

La malédiction du muscle

« Opération militaire », « maintien de la paix »

Qualifiant, le 24 février, d’ « opération militaire spéciale » son invasion de l’ensemble du territoire ukrainien, le président russe veut camoufler les réalités derrière son offensive. Peu après avoir reconnu trois jours plus tôt l’indépendance des deux républiques séparatistes prorusses à l’est de l’Ukraine, le chef du Kremlin avait signé un ordre pour que ses troupes pénètrent dans les deux régions sous couvert d’une mission de « maintien de la paix », se positionnant ainsi comme libérateur plutôt qu’agresseur. Dans les discours tenus par les officiels russes de même que dans les médias affiliés au régime, aucune mention du terme « guerre » ne doit être faite. Les médias indépendants qui s’y sont essayés ont été ordonnés par le régulateur national des médias de supprimer toute référence à une « invasion », « offensive » ou « déclaration de guerre », et tout contenu évoquant la mort de civils ukrainiens tués par l’armée russe. Signe de l’enjeu que revêt la communication dans ce conflit, le président de la Douma (Chambre basse du Parlement russe) Vyacheslav Volodin a approuvé lundi une proposition de loi destinée à punir les « mensonges » sur les actions des troupes russes en Ukraine. Cette censure, appliquée par Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000, permet à Moscou de défendre la légitimité de son invasion en Ukraine, qui serait motivée, selon lui, par une volonté de libération et non d’occupation des populations russophones du Donbass (Est) et, plus généralement, de celle de la population ukrainienne dirigée par des « drogués » au pouvoir. Désirant ramener son voisin pro-occidental dans son giron, le président russe n’hésite pas à taxer l’Ukraine et le gouvernement Zelensky de « colonie (américaine) avec un régime fantoche ».

Construction territoriale « artificielle »

En soutenant dans son discours du 21 février que « l’Ukraine moderne a été entièrement créée par la Russie bolchevique et communiste », et que le territoire ukrainien fut constitué en « arrachant » des parties de territoires historiques à la Russie, Vladimir Poutine nie l’identité et la souveraineté ukrainiennes. Cette construction territoriale « artificielle » résulte, selon lui, du tracé des frontières soviétiques dans les années 1920, 1940 et 1950. Avec l’effondrement de l’URSS en 1991, l’État ukrainien serait donc la continuité de l’État russe. Partant de cette logique, Moscou considère Kiev comme une zone essentielle de son espace vital, de laquelle elle entend obtenir une soumission totale.Pour parfaire sa propagande, Vladimir Poutine puise dans le registre du panslavisme, doctrine politique, culturelle et sociale consistant à mettre en avant l’identité commune partagée par les peuples slaves dont les Ukrainiens font partie. L’affirmation du président russe selon laquelle « Russes et Ukrainiens sont un seul peuple » agit comme outil de justification d’une réunification des deux territoires. Cette idée de peuple unique, déjà exprimée dans un essai signé de sa main en juillet 2021, s’accompagnait d’une explication des tensions actuelles entre les deux États, qui attribuait cet éloignement à la stratégie occidentale incarnée par l’OTAN.

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Répétant à tout-va que les Ukrainiens sont des frères russes, le chef du Kremlin n’hésite pas à rappeler que son voisin est habité par des citoyens originaires de Russie, alors qu’ils seraient en réalité une minorité que Moscou souhaiterait voir grossir. Depuis 2014, plus de 600 000 habitants du Donbass ont déjà obtenu un passeport russe.

« Néonazis »

C’est par ces mots que Vladimir Poutine s’est adressé directement, vendredi, aux soldats ukrainiens : « Ne permettez pas aux néonazis d’utiliser vos enfants, vos femmes et les personnes âgées comme boucliers humains. » Une rhétorique qui avait déjà été utilisée par Moscou lors de la guerre de Crimée en 2014. Les médias russes contrôlés par le pouvoir ont récemment renforcé ces allégations en affirmant que des trains et des bus de « néonazis » se dirigeraient en direction du Donbass pour « exterminer » les populations russophones. Ces accusations se fondent sur un phénomène minoritaire observé depuis 2014 en Ukraine, à savoir l’inspiration nazie de groupes ukrainiens d’extrême droite. Au moment de la guerre dans le Donbass, certains bataillons, comme Pravi Sector, ont été accusés de comporter des membres adhérant à l’idéologie nazie. Si ces bataillons ont été réintégrés à l’armée régulière ukrainienne, le président Volodymyr Zelensky a toutefois décidé par la suite d’écarter de l’institution les membres interpellés.

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L’utilisation par la propagande russe du terme « nazi » pour qualifier le régime ukrainien a également pour fondement un épisode douloureux de l’histoire ukrainienne lors de la Seconde Guerre mondiale. Certains Ukrainiens de l’Ouest avaient alors rejoint l’Allemagne nazie pour lutter contre les Soviétiques. Cependant, la cause de ce ralliement relevait moins de l’adhésion à l’idéologie nazie que de la promesse allemande d’agir en faveur de l’indépendance vis-à-vis de l’URSS. Si des manifestations d’inspiration fasciste ont depuis refait surface épisodiquement en Ukraine, ces mouvements demeurent néanmoins minoritaires et leurs marches interdites par le président actuel.

« Génocide »

Le recours par Vladimir Poutine au terme de génocide, porteur d’une forte charge émotionnelle et symbolique, n’est pas anodin et ferait écho à une expérience traumatisante de l’histoire ukrainienne, à savoir « la grande famine qu’ont subie les Ukrainiens durant les années 1930, au moment de la collectivisation des terres par les Soviétiques russes pendant laquelle jusqu’à 5 millions d’habitants sont morts », suggère Carole Grimaud-Potter, professeure de géopolitique et spécialiste de la Russie, dans un article publié vendredi sur France Info. Un procédé russe visant une fois de plus à déstabiliser Kiev par la force des mots et à justifier son invasion du fait d’un besoin d’agir rapidement.

En parallèle de l’invasion russe de l’Ukraine, qui a débuté le 24 février, Vladimir Poutine s’est lancé dans une véritable guerre des mots, appuyée par les médias officiels, et portée par un discours composé de mensonges, d’exagérations et de récits révisionnistes pour justifier l’offensive russe. Pour enrayer la « machine médiatique du Kremlin », responsable...

commentaires (8)

Une pensée pour le peuple russe, c'est terrible d'avoir un fou furieux aux commandes de leur pays et bravo au courage du président ukrainien soutenu par + de 90% de sa population.

Brunet Odile

21 h 15, le 02 mars 2022

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Une pensée pour le peuple russe, c'est terrible d'avoir un fou furieux aux commandes de leur pays et bravo au courage du président ukrainien soutenu par + de 90% de sa population.

    Brunet Odile

    21 h 15, le 02 mars 2022

  • Putine il faut l’enfermer à Asfourieh

    Eleni Caridopoulou

    18 h 14, le 02 mars 2022

  • J’ai choisi mon camp. Je suis dans le CAMP DE LA LIBERTE, pas celui de Poutine, mais des Ukrainiens qui se battent pour leur pays. Voici encore un exemple de mensonge de ce côté-ci du rideau de fer que tente d’installer Monsieur Poutine. Quatre candidats à la présidentielle française ont déclaré leur soutien à Poutine. Je ne parle pas de mon comédien préféré Gérard Depardieu qui n’est pas candidat, mais de ces quelques politiciens, et il y en a même contre l’accueil des réfugiés Ukrainiens. Si un ancien ou actuel bolchévique peut me dire si dans la Russie poutinienne, un candidat peut déclarer librement s’il est en faveur du président ukrainien. Le mensonge d’ici, où il est ? Le soutien à Poutine pour faire grimper leur chance et obtenir des voix, mais alors comme je l’ai déjà dit ICI, il y a quelques mois, seul le président Macron va succéder à lui-même. Les autres candidats, peuvent mentir pour faire de l’audience, mais à la fin, on jugera l’arbre à ses fruits.

    Nabil

    17 h 02, le 02 mars 2022

  • Le délire idéologique de Poutine en se référant à des termes très lourds en charges émotionnelles, à des accusations d’un autre âge. Il lui manquait, comme disaient autrefois les étudiants, de parler de "réactionnaire", encore un terme d’une époque révolue, et banni du discours politique. Depuis quand les Russes ont une presse, des medias libres ? Pour la plupart, ils n’ont le droit qu’à l’information officielle, et la Pravda organe de diffusion, vitrine d’une idéologie dont personne n’en veut, même sous Poutine. Du mensonge, oui, il y en a de part et d’autre, mais en occident la presse peut mener librement des enquêtes, la justice peut défaire un candidat à la présidentielle. Mais passons. Quand un leader de chez nous, au Liban, que je ne cite pas, accuse les USA d’avoir de lourdes responsabilités, il oublie en même temps que le Chah d’Iran fut destitué par les mêmes américains, et s’il y a une "MOLLARCHIE" en Iran (je suis responsable de ce terme), c’est en grande partie avec le soutien de l’Occident. Le mensonge du CAMP DE LA LIBERTE, est le soutien ponctuel à la résistance ukrainienne, et le risque de les laisser seuls, avec la volonté d’enliser le conflit. Pour le reste, Ah, si je pouvais parler à Poutine.

    Nabil

    16 h 32, le 02 mars 2022

  • Saint Vladimir les aura tous , il est patient et son peuple est uni autour de lui . Zelinski a signé le déclin de l¡Europe , malgré tout ce que disent les européens déconfis d'avoir préféré le continent nordaméricain à la Sainte Russie Européenne ! A trop s'écarteler contre nature, l'Europe finira dans l'Atlantide , l'histoire étant un éternel recommencement !

    Chucri Abboud

    14 h 56, le 02 mars 2022

  • LA PROPAGANDE ET LA DESINFORMATION BAT SON PLEIN AUX USA, OTAN ET EUROPE ET DANS TOUS LEURS MEDIAS. ILS ONT FERME L,ACCES DE LEUR MEDIAS ET DES FORUMS CONTROLES PAR EUX DE PAR LE MONDE AUX EXPLICATIONS RUSSES DES RAISONS QUI ONT MENE A CETTE GUERRE. ILS ONT MIS DES SANCTIONS JUSQUE CONTRE LES JOURNALISTES RUSSES. ILS N.ONT PAS AGI EN DEMOCRATES POUR LAISSER LES GENS ENTENDRE LES DEUX VERSIONS. SEULE LEUR VERSION EST PROPAGE VIA TOUS LES MEDIAS ET LES MEDIAS RUSSES ETOUFFES. LES RESPONSABLES DE CETTE GUERRE SONT CEUX QUI ONT REFUSE AUX AUTRES LE DIALOGUE MEME SI LEURS DEMANDES ETAIENT EXAGEREES, FALLAIT S,ASSEOIR ET DISCUTER. MACRON ET SCHOL ONT FAIT LE NECESSAIRE MAIS ILS FURENT APPELES A WASHINGTON ET OBLIGES DE CHANGER DE 180 DEGRES. LES AMERICAINS ET L,OTAN VOULAIENT QUE POUTINE TOMBE DANS LE PIEGE PREPARE DEPUIS APRES 2014 CAR ILS N,ONT PAS LAISSE LE CLOWN DE CARRIERE D,UKRAINE RESPECTER ET APPLIQUER LES ACCORDS DE MINSK. - MAIS LE PLUS IMPORTANT QUE FONT LEURS ARMES ATOMIQUES DEPLOYEES DANS LES PAYS SUR LES FRONTIERES DE LA RUSSIE ? LES HYPOCRITES ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 14, le 02 mars 2022

  • Comme quoi les propagandes fallacieuses n’ont jamais assuré un victoire à ceux qui les propagent. Leçon à retenir par nos loubards locaux. Arrive un moment où la population se réveille et arrive à faire le tri entre le vrai et le faux, le patriote et l’agresseur. Il nous reste l’espoir d’une contagion rapide de notre peuple de ce patriotisme que les Ukrainiens ont fait preuve sur lequel peut de médias et encore moins Poutine pariaient avant le moment fatidique. Nous le répéterons jamais assez, l’union a toujours fait la force alors regroupons nous tel un seul homme pour vaincre les ennemis de la république. Les 100.000hommes dont se gargarisait hier Poutine et avant lui HN ne font pas le poids face à une population déterminée à sauver son pays. Retenez bien la leçon, un peuple uni est plus fort que n’importe quelle armée aussi puissante soit elle lorsqu’elle représente l’agresseur d’un pays souverain et décidé à le rester.

    Sissi zayyat

    13 h 40, le 02 mars 2022

  • ras- Poutine devrait prendre des lecons pour parfaire sa propagande. les 2 lascars bien de chez nous, cpl&hezb sont maitres a ce jeux

    Gaby SIOUFI

    10 h 34, le 02 mars 2022

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