Shams Academy, la société organisatrice des deux dates de concert de la chanteuse Hiba Tawaji à Damas les 9 et 10 mars prochain, a fait savoir dans un communiqué samedi après-midi que ceux-ci ont été annulés. “Nous regrettons et sommes surpris par la décision de Hiba Tawaji et d’Oussama Rahbani”, a affirmé la compagnie artistique précisant que ces derniers se sont retirés “sans raisons claires et convaincantes”.
La radio syrienne Ninar FM a quant à elle cité sur son site Internet des sources anonymes soulignant que les deux artistes libanais ont subi “des pressions de la part de certaines parties et institutions pour annuler leur participation au concert, afin de préserver certains de leurs contrats en cours”. Hiba Tawaji et Oussama Rahbani n’ont pas immédiatement répondu aux sollicitations de L’Orient-Le Jour.
La chanteuse critique les médias
Mais dans un message vidéo publié sur Instagram, Hiba Tawaji a expliqué sa démarche : "Je suis une artiste libanaise, et j'ai toujours tenu à représenter le Liban là ou je vais. J'ai toujours fait cela. Je suis aussi une artiste arabe et j'ai un public arabe qui m'aime dans la région. (...) J'ai également un large public en Syrie qui me soutient dès le début et me respecte. Ce public insistait pour que je donne un concert en Syrie", explique la chanteuse. "(...) Malheureusement, en 2020, un concert que j'avais prévu en Syrie avait été annulé en raison du coronavirus. Dernièrement, j'ai programmé un concert les 9 et 10 mars. Mais j'étais surprise que de nombreux médias et journaux ont évoqué cet événement, en se permettant de me mêler à un débat et une polémique que je n'ai pas choisis et qui ne me regardent pas (...)", dénonce-t-elle. "(...) Je me suis concertée avec mon équipe, et il s'avère que les circonstances actuelles ne sont peut-être pas propices à la tenue de ce concert", a-t-elle estimé. "Je vous promet que l'on se retrouvera bientôt", a ajouté Hiba Tawaji.
La chanteuse, mariée au musicien trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf depuis 2020, avait suscité la polémique cette semaine, après avoir fait la promotion active de ses concerts à venir dans la capitale syrienne, fief du régime Assad. Si ce dernier a repris une grande partie du territoire syrien avec l’appui de ses alliés russe et iranien, et affirme que le pays est désormais stable, des combats entre les différentes forces en présence secouent régulièrement la province du Nord-Ouest, Idleb, dernier bastion aux mains des rebelles, ainsi que le nord-est du pays, tandis que la répression des opposants par le pouvoir se poursuit à travers le pays. Le régime syrien, toujours sous sanctions internationales, pousse activement vers sa réhabilitation. Les opposants libanais à toute normalisation refusent toute légitimation du pouvoir à Damas, notamment du fait du lourd passif de la présence syrienne au Liban.
Les billets des deux dates de concerts vendus entre 70 000 livres syriennes (19 dollars, au taux du marché noir) et 130 000 LS (35 dollars) - des prix inabordables pour la majorité de la population syrienne, dont le salaire moyen ne dépasse pas les 20 dollars par mois - seront remboursés à partir de dimanche 27 février, a précisé Shams Academy.
Tawagi...origine syrienne ?
13 h 57, le 27 février 2022