« Bientôt en concert ! Vous voulez savoir où et quand ? » La chanteuse libanaise Hiba Tawaji a créé le suspense sur ses réseaux sociaux le 14 février, avant d’annoncer avec fierté qu’elle se produira à l’opéra de Damas les 9 et 10 mars prochain, sous la direction musicale d’Oussama Rahbani qui l’accompagnera au piano. « En direct en Syrie pour la première fois en 15 ans ! Hâte de tous vous voir enfin ! » a-t-elle indiqué sur son compte Twitter. L’opéra national inauguré le 7 mai 2004 et officiellement nommé Dar el-Assad pour la culture et les arts est situé sur la place des Omeyyades. La chanteuse, mariée au musicien trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf depuis 2020, devait se rendre en Syrie pour un concert le 4 avril 2020, mais celui-ci avait toutefois été annulé en raison de la pandémie du coronavirus, selon nos informations. Sur les réseaux sociaux, des dizaines de fans syriens ont exprimé leur joie de voir la chanteuse se produire sur scène dans leur pays en guerre (plus de 500 000 morts et 12 millions de déplacés), alors que peu d’artistes internationaux acceptent de s’y rendre pour des questions politiques ou sécuritaires. « Bonne chance Hiba, ça sera génial ! » a répondu la chanteuse syrienne Faia Younan sur le compte Instagram de sa consœur libanaise. La jeune assyrienne, réfugiée en Suède, est souvent critiquée pour ses positions en faveur du régime Assad. Les internautes s’étaient d’ailleurs moqués de son soutien aux manifestants libanais lors du soulèvement du 17 octobre 2019, alors même qu’elle ne reconnaît pas le soulèvement syrien de 2011.
Le fait qu’une artiste libanaise accepte de se produire dans la capitale syrienne, fief du régime Assad, a suscité de vives réactions chez certains internautes hostiles au régime syrien. « La honte a désormais une voix… » a fustigé sur son compte Twitter le photographe franco-syrien Ammar Abd Rabbo.
« La prison de Mazzé est à seulement 10 minutes de là. J’espère que le cri des Syriens torturés sous les ordres du président qui a donné son nom à l’opéra ne couvrira pas votre voix », a tweeté pour sa part une internaute.
Tickets inabordables pour le Syrien moyen
Des photos montrant une file de fans faisant la queue devant l’opéra de Damas lors de la première journée d’ouverture des guichets samedi dernier ont circulé sur les réseaux sociaux. Selon une cliente contactée par L’Orient-Le Jour, les personnes chargées de la réservation à Damas ont indiqué que les billets allaient de 70 000 livres syriennes (19 dollars, au taux du marché noir) à 130 000 LS (35 dollars). Des prix inabordables pour la majorité de la population syrienne, dont le salaire moyen ne dépasse pas les 20 dollars par mois.
Onze ans après le début de la guerre, la Syrie traverse aujourd’hui la pire crise économique de son histoire, avec une hausse des prix considérable menant à un nouveau record d’insécurité alimentaire, qui touche selon les estimations plus de 60 % de la population. Si le régime de Damas a repris une grande partie du territoire syrien avec l’appui de ses alliés russe et iranien, et affirme que le pays est désormais stable, des combats entre les différentes forces en présence secouent régulièrement la province du Nord-Ouest, Idleb, dernier bastion aux mains des rebelles, ainsi que le nord-est du pays, tandis que la répression des opposants par le pouvoir se poursuit à travers le pays.
Contactée par L’Orient-Le Jour, Hiba Tawaji n’a pas souhaité commenter. Oussama Rahbani nous a quant à lui déclaré ne vouloir parler que « d’art, et rien d’autre », refusant de s’engager dans une polémique qui « ne concerne que quelques personnes ».
Le régime syrien, toujours sous sanctions internationales, pousse activement vers sa réhabilitation. Le retour des touristes fait notamment partie de cette stratégie, Damas ayant annoncé en septembre dernier qu’il recommençait à délivrer des visas touristiques, incitant certains influenceurs sur les réseaux sociaux ainsi que des agences de voyages européennes à se rendre dans le pays ravagé par plus de dix ans de guerre.
Les opposants libanais à toute normalisation refusent toute légitimation du pouvoir syrien, notamment du fait du lourd passif de la présence syrienne au Liban. En juillet 2019, la chanteuse Carole Samaha agitant le drapeau syrien lors d’un concert à la citadelle de Damas avait provoqué des réactions similaires. Bien avant elle, en 2008, des voix s’étaient également élevées contre la diva Feyrouz lors de son concert à Damas, trois ans à peine après la fin de la tutelle syrienne, suite au départ des troupes de Bachar el-Assad en avril 2005.
Hiba Tawaji chantera-t-elle le titre de son mentor Oussama Rahbani Lezem Ghayer el-Nizam (Il faut que je change le régime) à l’opéra de Damas ?
Les chrétiens qui soutiennent ce dictateur sont vraiment pathétiques et sont des Dhimis…ils acceptent de renier leur vraie culture et de se faire cracher dessus chaque jour afin de se mettre sous la protection des tyrans de l’axe du mal parce que ces tyrans leurs ont fait croire que si d’autres viennent ils seront décapités alors ils acceptent le crachat. Quelle honte ils devraient être excommuniés. Hafez El Assad avait proposé ce statut de Dhimmis aux Kataeb en 1976, bien entendu un vrai Chrétien est un Libanais et n’acceptera pas de renier son ouverture vers l’occident pour des chimères baasistes ou arabisantes.
22 h 18, le 24 février 2022