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Idées - Ligne bleue

Le chemin vers la paix suppose des compromis difficiles et courageux

Le chemin vers la paix suppose des compromis difficiles et courageux

Une patrouille de la Finul aux alentours de Chébaa, au Liban-Sud, en janvier 2022. Photo D.R

C’est un truisme de dire que le monde entier a changé au cours des dernières années, mais je pense que peu d’endroits dans le monde ont autant changé que le Liban depuis que j’ai pris mes fonctions de chef de mission et commandant de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) au Liban en 2018.

Cette période a été marquée par des défis pour les résidents des deux côtés de la ligne bleue. Cela a été particulièrement complexe pour les Forces armées libanaises, avec lesquelles la Finul coordonne les activités au quotidien. Soutenir les Forces armées libanaises (FAL) dans le sud du Liban fait partie de notre mandat. Mais avec des ressources limitées (comme le carburant, devenu extrêmement cher à l’achat, et d’autres biens vitaux), les FAL peinent à maintenir le même rythme que la Finul. Ils ont du mal à entreprendre des patrouilles avec nous ou à participer à des exercices conjoints pour acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour assurer globalement la stabilité dans le Liban-Sud.

C’est pourquoi le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé à la Finul de fournir un soutien direct aux FAL lors du renouvellement de son mandat en août 2021. Depuis lors, nous fournissons de la nourriture, du carburant, des médicaments et un soutien logistique à nos homologues des FAL, afin qu’ils puissent mieux nous aider dans le cadre d’activités conjointes. C’est avec fierté que nous aidons nos partenaires stratégiques de l’armée libanaise alors qu’ils luttent vaillamment contre cette situation inhabituelle.

Le travail de la Finul consiste à soutenir le gouvernement, et en particulier d’aider à étendre l’autorité de l’État dans le sud du pays. Pour des raisons d’efficacité, le gouvernement facilite la liberté de mouvement de nos soldats de paix et du droit à travailler et à patrouiller de manière indépendante dans notre zone d’opérations pour remplir le mandat confié par le Conseil de sécurité des Nations unies, comme convenu officiellement entre la Finul et le gouvernement libanais. Celle-ci est nécessaire pour que nous fassions notre part pour garantir que la stabilité règne des deux côtés de la ligne bleue.

Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec les FAL et à les informer des mouvements des Casques bleus de la Finul, même lorsque ces mouvements sont menés de manière indépendante.

La liberté de mouvement de la Finul est respectée dans la majeure partie de sa zone d’opérations au sud du Liban. Elle a cependant été confrontée à des restrictions dans un petit nombre de villages. Ces restrictions constituent des violations de la résolution 1701 de 2006 et ont été rapportées en détail au Conseil de sécurité des Nations unies. Ces violations s’accompagnent souvent de campagnes croissantes d’informations erronées et, malheureusement, de désinformations diffusées par certains acteurs pour soutenir leurs propres fins.

Nous sommes confrontés à des défis à des violations continues de la ligne bleue – certaines par inadvertance, mais d’autres tout à fait délibérées. Les fréquentes violations aériennes que nous avons constatées au-dessus de l’espace aérien libanais par des avions de chasse et des drones israéliens augmentent inutilement la peur et la tension, tout en érodant la confiance et la bonne volonté.

Notre concentration, comme toujours, reste sur la vue d’ensemble. Nous avons vu de nombreux changements dans notre zone d’opérations et dans la région depuis que la Finul est arrivée ici en tant que force « intérimaire » en 1978. Beaucoup de choses sont considérablement différentes maintenant, mais des défis réels et redoutables demeurent. Je reste néanmoins optimiste, comme nous, soldats de la paix, devons l’être.

Mais la stabilité de la ligne bleue reste également vulnérable aux dynamiques régionales. La Finul a ouvert des canaux de communication pour réduire les tensions et prévenir une grave escalade. Je demande aux deux parties de respecter la ligne bleue dans son intégralité et à s’abstenir de toute activité susceptible de compromettre la cessation des hostilités. Un cessez-le-feu permanent, au-delà de la fragile cessation actuelle des hostilités, permettra aux populations des deux côtés de la ligne bleue de vivre à l’abri de la crainte qu’un conflit meurtrier se profile à l’horizon.

Une rhétorique enflammée peut potentiellement augmenter le risque d’erreur de calcul et les différentes parties en cause ont la responsabilité de contenir ce risque.

Les missions de maintien de la paix sont définies en partant du principe qu’il existe un chemin vers la paix éventuelle. Bien que de nombreux obstacles se dressent sur le chemin de cet objectif final, je crois qu’ils peuvent être dépassés. Je crois que la paix est possible et la Finul, avec la volonté et le courage des Libanais et des Israéliens, poursuivra cette noble cause.

La Force intérimaire des Nations unies continuera d’offrir cette fenêtre d’opportunité aux parties pour passer de la cessation des hostilités à un cessez-le-feu permanent, mais nous ne pouvons pas nous substituer à une solution politique entre les parties. Le chemin vers la paix n’est pas facile. Des décisions – et des compromis – difficiles et courageux devront être pris. Les mentalités vont devoir changer. Il ne peut y avoir de progrès vers cet objectif ultime sans l’engagement significatif du Liban et d’Israël, et la Finul est prête à soutenir les différentes parties à cet effet lorsqu’elles seront prêtes.

Par Stefano DEL COL, général de division, chef de mission et commandant de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (août 2018 – février 2022).

C’est un truisme de dire que le monde entier a changé au cours des dernières années, mais je pense que peu d’endroits dans le monde ont autant changé que le Liban depuis que j’ai pris mes fonctions de chef de mission et commandant de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) au Liban en 2018.Cette période a été marquée par des défis pour les résidents des deux côtés de la...

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