Le Conseil des ministres, réuni mardi au palais présidentiel de Baabda, sous la présidence du chef de l'Etat Michel Aoun, a approuvé le transfert d'un crédit des réserves du budget de l'Etat, à celui du ministère de l'Intérieur, afin de financer les prochaines législatives, fixées au 15 mai. Aucune avance n'a cependant été signalée sur le dossier de l'électricité, dans un pays plongé dans le noir au quotidien pendant de longues heures en raison des coupures de courant.
A l'issue de la réunion, le ministre de l'Information p.i., Abbas Halabi, a affirmé que le gouvernement a approuvé le transfert d'un crédit des réserves du budget de l'Etat, dont le montant s'élève à 40 milliards de livres, à celui du ministère de l'Intérieur, afin de couvrir les frais des élections. Un projet de loi visant à ouvrir un crédit supplémentaire dans le budget, d'une valeur de 320 milliards de livres, et qui vise également à couvrir les frais des élections, sera transféré au Parlement "dans les deux prochains jours", selon la chaîne locale LBC.
Cette approbation intervient quelques jours après que le président Michel Aoun ait affirmé redouter une "annulation" des législatives, faute de fonds nécessaires pour l'organisation du scrutin dans un pays en pleine crise, alors que certains observateurs accusent la classe au pouvoir de vouloir repousser l'échéance ou l'annuler, dans la perspective d'une perte de popularité.
Pas d'avancée sur le dossier de l'électricité
Le financement d'Electricité du Liban (EDL), étudié par les ministres, a provoqué, une nouvelle fois, des remous. "Le gouvernement a demandé au ministre de l'Energie de mettre au point un plan pour organiser le secteur de l'électricité et d'étudier la possibilité de revoir les tarifs de l'électricité parallèlement à une augmentation des heures d'approvisionnement en courant et un plan visant à installer des compteurs", a noté M. Halabi.
"Le ministre de l'Energie a expliqué les points les plus importants du plan de l'électricité pour améliorer la production, ainsi que les entraves", a-t-il poursuivi, notant que "l'étude de ce plan se poursuivra lors de la prochaine séance". Il a indiqué, dans ce cadre, avoir exigé du ministre de l'Energie de "ne revoir les tarifs qu'après avoir augmenté les heures d'approvisionnement en courant".
Le projet de budget 2022, prévoyant une avance du Trésor à Électricité du Liban, a suscité des divergences entre certains ministres et a été adopté jeudi dernier par le gouvernement. Il y a deux jours, des responsables du Hezbollah ont dénoncé une adoption "anticonstitutionnelle" du projet.
M. Halabi a enfin affirmé que les nominations administratives réclamées par M. Aoun, et qui avaient provoqué l’irritation du tandem chiite Hezbollah-Amal lors du précédent Conseil des ministres, n'ont pas été évoquées.
Au début de la séance, le président Aoun a exprimé la nécessité de "créer un mégacentre pour que les citoyens puissent exercer leur droit de vote sans être obligés de se rendre dans leurs villages éloignés de leur lieu de résidence", a rapporté le compte Twitter de la présidence.
De son côté, le Premier ministre, Nagib Mikati, a déclaré que "le pays fait face à plusieurs défis, le rôle du gouvernement est d'atteindre les objectifs de sauvetage pour lesquels il a été formé, et cette tâche fondamentale reste plus importante que le débat inutile. Le peuple libanais attend avec impatience que le gouvernement réalise ce qu'il veut en termes de réformes et de services, et refuse tout désaccord qui pourrait survenir".
Il a également appelé à "la coordination et au véritable partenariat à tous les niveaux, conformément à la Constitution". "Le budget pour l'année 2022, qui a été renvoyé au Parlement, a été étudié durant huit séances en détails et c'est le mieux que l'on puisse faire à l'heure actuelle", a dit le Premier ministre, qui a demandé au ministre de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, de réaliser une étude de la demande de M. Aoun sur un mégacentre électoral. Il a noté que cette proposition sera étudiée lors de la prochaine réunion du Conseil.
Parallèlement à la réunion gouvernementale, des membres du Comité exécutif de la Ligue des professeurs cadres de l'Université libanaise ont organisé un sit-in près du palais présidentiel.
Quelques heures avant le début du Conseil des ministres, M. Mikati avait assuré que "l'obstacle financier n'existe plus" pour ce qui est de l'organisation du scrutin législatif. Il avait promis qu'une décision sera prise pendant la séance d'aujourd'hui en ce qui concerne les dépenses nécessaires à la bonne tenue des élections, qu'il chiffre à 15 millions de dollars. "Un tiers de ce montant est déjà réuni", a-t-il affirmé.
Le Premier ministre a présidé une réunion au grand Sérail de Beyrouth avant celle du Conseil des ministres, en présence des ministres de l'Intérieur, des Affaires étrangères et des Finances, portant sur la tenue des législatives et s'est par la suite entretenu avec le président libanais à Baabda avant le début du Conseil.
commentaires (4)
Quel soulagement d'avoir le financement des voix pour les grands hommes politiques du Liban! Aucun propos diffamatoire, il s'agit uniquement des affiches, des tracts, des équipes de campagne, etc...
Georges Olivier
23 h 10, le 15 février 2022