Collection Emergency Room baptisée « Interlude ». Photo DR
Du 28 au 30 janvier avait lieu, à Dubaï, la Semaine de la mode masculine arabe organisée par l’Arab Fashion Council fondé par Jacob Abrian. Quatre jeunes marques libanaises, ce qui représente un bon tiers des participants, présentaient leurs collections à cette occasion : Emergency Room sous la direction artistique d’Éric Ritter, Ahmed Amer, marque éponyme de son fondateur, Ta Gueule, de Toni Sawaya, et Maison du Mec dont le directeur créatif est Joseph Jachachian.
Collection Ta Gueule dévoilée à Dubaï. Photo DR
Emergency Room : des pièces uniques en hommage à Tripoli
La collection Emergency Room présentée à Dubaï est baptisée Interlude. Comme son nom l’indique, elle invite à une pause légère, un divertissement dans un processus plus dense. Il s’agit d’une capsule de pièces uniques fabriquées à partir de matériaux recyclés. De ce fait, elles ne peuvent être reproduites, ce qui les rend uniques. « Lors de la réalisation de ces créations, nous avons souhaité de tout cœur revenir aux origines de la marque. C’est pourquoi très instinctivement, nous avons écumé les souks de Tripoli à la recherche de matériaux d’occasion et vintage que nous pourrions utiliser pour confectionner des vêtements. Le résultat est une collection de pièces uniques et audacieuses, avec des imprimées puissants. Les pièces sont taillées dans des rideaux, des draps, des serviettes et d’autres tissus. En stylisant les looks du défilé, nous avons souhaité souligner l’audace et la beauté de ces matières récupérées en les mixant, en assemblant des imprimés forts souvent détonants et en ponctuant les looks d’une nouvelle ligne d’accessoires : des chapeaux et des casquettes à pointes originales en polaire, denim et autres matériaux recyclés ; des sacs à main, pochettes, sacs à bandoulière et sacs banane, produits en collaboration avec White Mustang, une marque en plein essor basée à Beyrouth. Cette collection et cette exposition sont notre première approche d’un modèle “voir maintenant, acheter maintenant”, une direction qui correspond à notre philosophie et s’aligne beaucoup mieux sur nos processus de conception et de production, ancré dans l’immédiat, loin des calendriers de la mode », explique Éric Ritter dont la scénographie est basée sur une vidéo des souks de Tripoli et le travail des ateliers.
Ahmed Amer collection automne-hiver 2022-2023 intitulée « Est-ce que je flotte ou bien... ». Photo DR
Ahmed Amer, en apesanteur
Avec une collection automne-hiver 2022-2023 intitulée Est-ce que je flotte ou bien..., Ahmed Amer pose l’ambiance. « Suis-je trop naïf pour toujours rêver grand ? Ai-je trop combattu ? Ou n’était-ce pas suffisant ? Pourquoi suis-je déçu de moi-même ? Pourquoi ai-je l’impression que mon monde s’effondre autour de moi ? De la navigation en douceur dans les ruisseaux paradisiaques aux promenades écrasantes sur les routes rocheuses, mon chemin est passé de lignes fines à des formes exagérées, mais d’une manière ou d’une autre, je continue à avancer. Est-ce de l’espoir? Ou suis-je juste en train de flotter sans but dans l’espace, coincé dans une boucle ? Chaque espace que je me suis créé pendant toutes ces années était-il un état transitoire? » songe le jeune créateur. « Pour la première fois, je lance une collection personnelle à l’étranger, et non à Beyrouth. Beyrouth n’est plus là où elle se trouvait. Beyrouth est partout. Des morceaux de mon cœur sont éparpillés partout, ma propre diaspora personnelle. Il n’y a plus de frontières, seulement de l’amour », confie ce créateur onirique entre tous, dont le style s’exprime en illustrations brodées et manifestes politiques.
Maison du Mec, collection automne-hiver 2022-2023. Photo DR
Ta Gueule, ou comment illustrer la diversité
« Je suis vaste, je contiens des multitudes », affirme Toni Sawaya en amont de sa nouvelle collection. Dès le départ, il veut créer « un streetwear qui reflète le monde dans lequel nous vivons, ainsi que la nature humaine en constante évolution ». À travers la ligne Ta Gueule, montrée à la Semaine de la mode masculine de Dubaï, il réitère son appel constant à chacun de penser à l’autre. « Notre existence est multiple. Nous ne sommes pas réduits au masque que nous mettons, nous sommes remplis de raz-de-marée et de pensées contradictoires, nous sommes vastes, nous contenons la multitude », indique son manifeste qui invite à laisser s’épanouir « le moi plus profond ». En somme, à travers les vêtements qu’il crée sous le label Ta Gueule , il offre « une représentation sans fioritures de ce que nous sommes vraiment ». Ta Gueule utilise des motifs d’imagerie thermique, « pour explorer l’être en trois dimensions ».
Maison du Mec, collection automne-hiver 2022-2023. Photo DR
Maison du Mec, « l’excellence minimaliste »
Joseph Jachachian voulait offrir aux hommes de la région un vestiaire à la croisée de la sobriété corporate et des démesures de la mode, à travers des lignes à la fois minimales et audacieuses. Aboutissement de cette quête sans concession sur l’excellence de la confection, Maison du Mec voit le jour en 2018. La collection automne-hiver 2022-2023 du label, présentée à Dubaï, veut apporter « de vraies réponses à de vraies personnes, et mettre la magie et la fantaisie au plus près du quotidien ». « Le bon moment et le bon endroit pour rêver n’existent que dans l’esprit des conformistes », affirme le directeur artistique, convaincu qu’il n’y a pas d’âge pour le caprice et revendiquant pour l’homme, à travers son label, le droit de se mettre en scène tout au long de la vie et pas seulement quand l’occasion se présente : « Qu’il s’agisse de se présenter à un appel Zoom à 8 heures du matin en rentrant d’une fête ou d’assister au mariage d’un meilleur ami, “Le Mec” est habillé pour impressionner », souligne Maison du Mec.
