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Politique - Décryptage

Les trois priorités électorales du Hezbollah

En dépit d’un calme apparent, les cadres du Hezbollah se préparent activement pour les prochaines législatives prévues en mai prochain. Ce sujet occupe désormais une grande partie des réunions, au niveau de la direction centrale, mais aussi chez les cadres régionaux. Des rapports réguliers sur la situation du terrain, dans toutes les circonscriptions, sont rédigés et les chiffres sont scrutés attentivement par les responsables de ce qu’on appelle « la machine électorale ». Le Hezbollah ne s’intéresse en effet pas seulement aux tendances des électeurs chiites, il étudie aussi minutieusement les rapports concernant les électeurs de toutes les communautés libanaises.

D’ailleurs, un responsable de la machine électorale du parti précise avec une pointe d’humour que le Hezbollah est sans doute la seule formation libanaise à avoir mis en marche à pleins tubes ses moteurs électoraux et à travailler aussi sérieusement sur les bases populaires. Selon lui, les autres parties concernées par les élections attendent encore une confirmation claire de la tenue des élections à la date prévue pour lancer à fond leurs machines électorales.

Plus même, selon ce même responsable, le Hezbollah est sans doute l’une des rares formations (pour ne pas dire la seule) à vouloir que le scrutin électoral se tienne à la date prévue et cela pour deux raisons principales : d’abord pour en finir avec cette pression internationale qui considère cette échéance comme une étape décisive dans la vie du pays et ensuite parce que le Hezbollah est confiant dans sa popularité au sein de l’environnement chiite. En dépit de toutes les campagnes menées contre lui localement, régionalement et internationalement, et des tentatives de lui faire assumer la responsabilité de la terrible crise que traverse actuellement le Liban, tout en cherchant à l’impliquer, sans preuves concluantes, dans la tragédie du port et dans d’autres événements choquants et en poussant contre lui « les groupes du changement », le Hezbollah estime qu’il continue de bénéficier d’un vaste appui populaire qui lui permet de continuer à briguer, avec Amal, les 27 sièges chiites du Parlement.

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Ce même responsable du Hezbollah reconnaît que la popularité du mouvement Amal a peut-être quelque peu baissé, car ce mouvement est influent au sein de l’État libanais et impliqué dans la politique interne du pays depuis l’accord de Taëf et même auparavant, en tant que milice ayant participé à la guerre civile. Mais cela ne signifie pas qu’il n’a plus d’adhérents. Le responsable du Hezbollah précise à cet égard que l’alliance avec le mouvement Amal dans le cadre des prochaines élections est une constante non négociable, quelle que soit l’humeur des électeurs chiites. Pour le Hezbollah, l’entente interchiite est considérée comme une première ligne de défense qu’il est impossible de remettre en cause. Toutefois, pour le prochain scrutin, il a été convenu de laisser au mouvement Amal la direction de la campagne électorale dans deux circonscriptions du Liban Sud (Tyr-Zahrani d’une part et Nabatiyé-Bint-Beil-Marjeyoun-Hasbaya de l’autre), et non dans la circonscription de Saïda-Jezzine, en raison de l’importance du vote chrétien et sunnite dans cette circonscription. En contrepartie, le Hezbollah se charge de mener la bataille dans les trois circonscriptions de la Békaa (Zahlé, Békaa-Ouest-Rachaya et Baalbeck-Hermel). De même, le Hezbollah se réserve le droit de distribuer son éventuel surplus de voix préférentielles selon son propre plan électoral. En effet, si la première priorité du Hezbollah est de préserver à n’importe quel prix son alliance avec le Mouvement Amal, sans chercher à nouer des ententes tactiques avec des groupes ou des candidats dits du changement, son deuxième souci est de permettre au CPL de conserver un important bloc parlementaire. Selon les études faites au sein de la formation, celle-ci pourrait ainsi donner au CPL, dans plusieurs circonscriptions, un paquet de voix important qui lui permettrait de compenser la perte de certains sièges. C’est le cas notamment à Baalbeck-Hermel où il y a deux sièges chrétiens, un maronite et l’autre grec-catholique et à Beyrouth II où le Hezbollah a un paquet de voix non négligeable, puisque lors des élections de 2018, son candidat Amine Cherri avait obtenu le plus grand nombre de suffrages de toutes les circonscriptions. D’ailleurs, dans cette circonscription, le Hezbollah est en train de pousser l’ancien député Najah Wakim à se présenter (pour le siège actuellement occupé par le député Nazih Najm, membre du bloc du Futur) afin d’avoir au sein du Parlement une voix de poids.

Enfin, le troisième souci du Hezbollah, toujours selon le même cadre, c’est d’essayer d’augmenter de deux ou trois sièges la part de ses alliés sunnites, qu’il s’agisse du groupe de la Rencontre consultative (Fayçal Karamé, Abdel Rahim Mrad et Jihad el-Samad entre autres) ou de nouvelles personnalités qui préfèrent rester indépendantes, mais qui, au moins, ne seront pas hostiles au Hezbollah.

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Selon le responsable du Hezb, pour le scrutin de mai 2022, l’approche de la formation sera donc nouvelle. Alors qu’en 2018, le parti était soucieux de donner à ses candidats un nombre élevé de voix, cette fois, il préfère distribuer ses voix préférentielles sur le plus grand nombre possible de ses alliés. Tout en étant conscient du fait que l’obtention de la majorité parlementaire en 2018 ne lui a pas servi à grand-chose, puisque dans la plupart des votes parlementaires, celle-ci n’a pas participé en tant que groupe cohérent, alors que les dissensions internes entre ses différentes composantes ont paralysé son action, le Hezbollah veut quand même essayer de l’obtenir pour empêcher le camp adverse, et surtout ce qu’il considère comme ses appuis étrangers, d’utiliser cette majorité contre lui. Le responsable du Hezbollah déclare que son parti n’a aucune inquiétude sur l’efficacité des décisions qui pourraient être prises si le camp adverse obtient la majorité parlementaire et forme un gouvernement qui ressemble à cette majorité, mais il préfère essayer de ne pas en arriver là. Pour lui, ce qui compte à ce stade, c’est que le scrutin de mai 2022 lui donnera de toute façon une nouvelle légitimité populaire que même ses adversaires les plus acharnés ne pourront pas ignorer.

En dépit d’un calme apparent, les cadres du Hezbollah se préparent activement pour les prochaines législatives prévues en mai prochain. Ce sujet occupe désormais une grande partie des réunions, au niveau de la direction centrale, mais aussi chez les cadres régionaux. Des rapports réguliers sur la situation du terrain, dans toutes les circonscriptions, sont rédigés et les chiffres sont...
commentaires (12)

C'est un point de vue qui se tient sauf que le Hezbollah n'est pas le seul a avoir déjà fais agir sa machine électorale. Quoi qu'il en soit, le pays est devant une croisée des chemins. Il faut a tout prix que les souverainistes prennent le dessus pour sortir le pays de la mouise dans laquelle ce parti et ses amis nous ont mis. Il peut le nier autant qu'il le veut, ce parti a couvert la corruption, l'a encouragé et y a nagé depuis sa création. Il vole l’état et les deniers du peuple sans vergogne. Le Hezbollah y est trempé jusqu'au cou a tel point qu'il essaye tout et n'importe quoi pour finir du juge Bitar et faire oublier le scandale de son immixtion dans l'explosion du port. Il mettra toute sorte de pression pour y arriver. Quand au CPL qui prétend défendre les droits des "Chrétiens", un tel article démontre en fait qu'il ne les représentent plus du tout puisque ses députés seront élus par les ... chiites. Dans un pays normal cela n'est pas important mais lorsque l’idéologie du parti qui les soutient est la république islamique, de facto, ils poussent tous les autres a être communautaristes. Le Hezbollah est mal a l'aise car il sait que si le prochain Président a des couilles il est mal barré parce que ce sera sa fin elle ne sera pas glorieuse. Il a tout a perdre.

Pierre Hadjigeorgiou

12 h 13, le 07 février 2022

Tous les commentaires

Commentaires (12)

  • C'est un point de vue qui se tient sauf que le Hezbollah n'est pas le seul a avoir déjà fais agir sa machine électorale. Quoi qu'il en soit, le pays est devant une croisée des chemins. Il faut a tout prix que les souverainistes prennent le dessus pour sortir le pays de la mouise dans laquelle ce parti et ses amis nous ont mis. Il peut le nier autant qu'il le veut, ce parti a couvert la corruption, l'a encouragé et y a nagé depuis sa création. Il vole l’état et les deniers du peuple sans vergogne. Le Hezbollah y est trempé jusqu'au cou a tel point qu'il essaye tout et n'importe quoi pour finir du juge Bitar et faire oublier le scandale de son immixtion dans l'explosion du port. Il mettra toute sorte de pression pour y arriver. Quand au CPL qui prétend défendre les droits des "Chrétiens", un tel article démontre en fait qu'il ne les représentent plus du tout puisque ses députés seront élus par les ... chiites. Dans un pays normal cela n'est pas important mais lorsque l’idéologie du parti qui les soutient est la république islamique, de facto, ils poussent tous les autres a être communautaristes. Le Hezbollah est mal a l'aise car il sait que si le prochain Président a des couilles il est mal barré parce que ce sera sa fin elle ne sera pas glorieuse. Il a tout a perdre.

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 13, le 07 février 2022

  • "Avec une pointe d'humour'??? Non mais.....Les meurtres de nos dirigeants souverainistes (que vous soyez avec ou contre eux politiquement) ce sont fait avec une pointe d'humour aussi? Es ce une mauvaise blague sournoise? C'est aussi avec humour qu'ils ont pris notre pays en otage et l'ont propulse vers le moyen age pour les interets d'un pays qui a detruit toutes les nations dans lesquelles il a plante des milices (et avec nos relations avec d'autres pays)? Le port, les douanes, les armes, les assassinats politiques, et beaucoup plus. Alors la, ni l'humour ni le journalisme objectif figurent parmi vos points forts madame!

    Cadmos

    19 h 11, le 06 février 2022

  • "… Pour le Hezbollah, l’entente interchiite est considérée comme une première ligne de défense qu’il est impossible de remettre en cause …" - Question: est-ce que ‘interchiite’ se limite à Hezbollah-Amal? Je ne sais pas si Lokman Slim et beaucoup d’autres, auraient apprécié ce terme de ‘interchiite’…

    Gros Gnon

    14 h 23, le 06 février 2022

  • Scarlet l'agente de Presse de l'axe du mal! Je passe et repasse, finalement je trepasse sur les articles de la propagande Aouno-Iranienne! Non Merci Madame!

    Marwan Takchi

    00 h 11, le 06 février 2022

  • En lisant l’article le Hezbollah a gagné pas besoin d’élection ???

    Eleni Caridopoulou

    18 h 06, le 05 février 2022

  • Je préfère et de loin vos articles sur le mazout iranien,et comment avec ce mazout le Liban a pu forcer le blocus international,en livre libanaise kamena!

    Nassar Jamal

    15 h 04, le 05 février 2022

  • Le Hezbollah base sa stratégie, ses tactiques et ses objectifs sur l'unité de "sa communauté" chiite, qui est devenue à elle toute seule aussi nombreuse que l'ensemble des Chrétiens Libannais au Liban (mais nettement inférieurs à eux si l'on tient compte de la diaspora). L'électorat Chrétiens sont absolument divisés, y compris au sein même de "leurs communautés".

    Nicolas ZAHAR

    12 h 48, le 05 février 2022

  • quel légitimité aura le CPL si la plupart de ses députés seront élus avec ;es voix du Hezbollah ?

    Tabet Ibrahim

    12 h 02, le 05 février 2022

  • Lire un article de Scarlett c’est comme regarder Al-Manar mais en français…

    Gros Gnon

    11 h 56, le 05 février 2022

  • scarlett H serait elle devenue porte voix du hezb apres avoir laisse tomber son idole "papa de tous " ? + Hezb est sans doute la seule formation +libanaise+?? à avoir mis en marche à pleins tubes ses moteurs électoraux = +Hezb déclare que son parti n’a aucune inquiétude sur l’efficacité des décisions qui pourraient être prises si le camp adverse obtient la majorité parlementaire et forme un gouvernement qui ressemble à cette majorité = 2 constatations aussi naivement relatees?par elle qui n'aime jamais tirer des conclusions-a dieu ne plaise- conclusions pourtant claires qui veulent confirmer s'il en est encore besoin de l'arrogance du khamenai le libanais et de sa porte voix qui nous declare sans honte: ALLEZ VOUS FAIRE FRIRE UN OEUF-si on peut se le payer- JE SUIS LA, J'Y RESTE MALGRE VOUS TOUS ! IL EST LA ,IL Y RESTE MALGRE VOUS TOUS!

    Gaby SIOUFI

    10 h 44, le 05 février 2022

  • Une petite question à l’OLJ: est ce par conviction, par obligation ou par fantasme inavoué que vous réservez dans votre journal un carré publicitaire au Hezbollah, sans doute gratuitement pour le journal, j’en suis moins sûr que ce le soit pour l’auteure de ce cadre publicitaire. Et par définition, les publicités sont mensongères, donc ces articles sont une succession de contre vérités avérées pour ne pas dire des totales inepties. Bien entendu, je serai censuré parce que j’exprime mon point de vue de personne libre d’esprit et de choix

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 13, le 05 février 2022

  • Madame porte parole du Hezb a parlé…. Merci pour l’info mais non merci…. Ce genre d’article ne mérite sûrement pas le qualificatif d’éclairage.

    Bachir Karim

    00 h 18, le 05 février 2022

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