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Économie - Rapport

Au Liban, la crise ampute les perspectives d’études des jeunes, constate l’Unicef

Selon des chiffres rapportés, ce sont 60 % des personnes âgées entre 15 et 24 ans qui se retrouvent au chômage.

Au Liban, la crise ampute les perspectives d’études des jeunes, constate l’Unicef

Ettie Higgins, représentante par intérim de l’Unicef au Liban, pendant la conférence de presse tenue hier à Beyrouth. Fouad Choufani/Unicef Liban

En plus de rendre la vie dure aux Libanais, la crise compromet également les perspectives de redressement du pays à long terme en appauvrissant le panel de compétences de sa main-d’œuvre locale.

C’est ce que craint en tout cas le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) qui a publié hier, lors d’une conférence à Beyrouth, un rapport alarmant mettant en exergue le fait que nombre de jeunes Libanais, Syriens et Palestiniens sont contraints de quitter les bancs des écoles ou des universités pour occuper des emplois peu qualifiés afin de subvenir aux besoins de leurs familles.

Intitulé « Searching for Hope » (À la recherche de l’espoir), le rapport affirme que cette tendance touche 3 jeunes sur 10 âgés de 15 à 24 ans, tandis que 4 sur 10 d’entre eux ont réduit leurs dépenses d’éducation pour pouvoir acheter des produits de première nécessité, dont de la nourriture et des médicaments. Ces résultats en particulier ont été obtenus via des entretiens réalisés en septembre 2021 auprès d’un échantillon de 900 jeunes correspondant aux critères susmentionnés (YFRA, pour Youth-Focused Rapid Assessment).

Selon les données du Système mondial d’information et d’alerte rapide (Giews pour Global Information and Early Warning System) de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce sont 60 % des jeunes de 15 à 24 ans qui sont au chômage. Une part qui devrait continuer à augmenter selon ce rapport, alors que cette population compte pour près d’un million de personnes, sur les 5,5 millions d’habitants au Liban.

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« Dans un contexte de pauvreté croissante et d’inflation galopante, de plus en plus de jeunes n’ont plus les moyens de poursuivre leurs études et sont contraints d’abandonner l’apprentissage pour chercher un emploi. Mais ils se retrouvent souvent mal armés pour concourir à des emplois déjà de plus en plus rares, faute de compétences, d’expériences du marché du travail et de réseaux professionnels. En conséquence, les jeunes se livrent à une concurrence de plus en plus féroce pour obtenir des emplois peu rémunérés dans le secteur informel », analysent les auteurs du rapport.

Un jeune sur 4 souffre de troubles psychiatriques
En plus, le sondage YFRA indique notamment que près de 3 jeunes sur 10 pensent que leur vie va empirer au cours de l’année prochaine contre 4 jeunes sur 10 qui s’attendent à ce qu’elle s’améliore, un signe interprété par l’Unicef comme un motif d’espoir pour l’avenir du pays.

Mais pour l’heure, l’organisation doit se contenter d’évaluer les dégâts et d’expliciter ses craintes en soulignant que « l’abandon de l’éducation et de l’apprentissage peut affecter gravement l’éducation des jeunes tout au long de leur vie et leurs perspectives d’emploi à long terme ». L’organisation ajoute qu’« à moins que les tendances actuelles ne soient inversées et que des mécanismes appropriés soient mis en place, la situation actuelle aura de graves conséquences pour la croissance future et la cohésion sociale du pays ».

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Ettie Higgins, la représentante par intérim de l’Unicef au Liban, a plaidé au cours de la conférence pour qu’un « soutien » soit apporté de « toute urgence » à ces jeunes, que ce soit au niveau de l’éducation, des besoins vitaux ou aussi sur le plan psychologique, compte tenu de l’impact dévastateur de la crise. Une autre enquête citée dans le rapport, le sondage Changing Childhood Project mené par l’Unicef et l’entreprise Gallup, a en effet démontré que 86 % des jeunes au Liban déclarent se sentir souvent inquiets ou anxieux. Ils seraient même 1 sur 4 à souffrir de troubles psychiatriques, une population qui en grande majorité (94 %) ne cherche pas à se faire soigner faute de moyens.

Les autres résultats du sondage Changing Childhood Project, révélés dans le rapport, montrent que de nombreux jeunes pensent que leur seule chance d’avoir une vie meilleure se trouve au-delà des frontières du Liban. En effet, une enquête menée en 2020 a montré que 58 % d’entre eux n’étaient pas optimistes quant à la possibilité de trouver un emploi et 41 % pensaient que leur seule chance était de chercher des opportunités à l’étranger, augmentant la probabilité d’une importante fuite des cerveaux, poursuivent les auteurs du rapport.

« La situation socio-économique de plus en plus désespérée au Liban a conduit à une augmentation des mécanismes d’adaptation pervers », rapporte encore l’Unicef, citant le travail des enfants, la malnutrition et la réduction des dépenses de santé. L’organisation déplore en outre que 13 % des familles ont été contraintes de faire travailler leurs enfants mineurs, une proportion qui pourrait augmenter avec l’aggravation de la crise.

En plus de rendre la vie dure aux Libanais, la crise compromet également les perspectives de redressement du pays à long terme en appauvrissant le panel de compétences de sa main-d’œuvre locale.C’est ce que craint en tout cas le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) qui a publié hier, lors d’une conférence à Beyrouth, un rapport alarmant mettant en exergue le fait que...

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