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Culture - Trois questions

Dix-sept œuvres prouvent la qualité du travail de restauration au Liban

C’est une exposition dont le titre « Lift » évoque presque un nom de code. Celui d’une opération de sauvetage réussie. Et dont les « rescapés », présentés sous les voûtes en pierre de taille de la crypte de l’église Saint-Joseph de l’USJ, portent les noms/signatures d’Amine el-Bacha, de Paul Guiragossian, Bibi Zogbi, Hussein Madi, Edgar Mazigi ou encore Nizar Daher, entre autres...

Dix-sept œuvres prouvent la qualité du travail de restauration au Liban

Sous les voûtes en pierre de taille de la crypte de l’église Saint-Joseph de l’USJ, les toiles portent les signatures d’Amine el-Bacha, de Jamil Molaeb ou Chaouki Chamoun, entre autres. Photo DR

L’éclairage n’est pas adapté. La scénographie n’est pas non plus vraiment élaborée. Et pourtant, les 17 œuvres qui sont rassemblées sous l’intitulé « Lift » , dans la crypte de l’église Saint-Joseph, rue Monnot, méritent le déplacement ! Pour ce qu’elles dégagent de positif en ces temps sinistres. Présentées au public jusqu’au samedi 22 janvier, les 17 peintures, signées Amine el-Bacha, Paul Guiragossian, Hussein Madi, Jamil Molaeb, Bibi Zogbi, Edgar Mazigi ou encore Nizar Daher, avaient été lourdement endommagées lors des explosions du 4 août 2020. En témoignent les photos qui accompagnent sur les cimaises chacune d’entre elles. Elles déploient aujourd’hui leur beauté retrouvée après avoir été parfaitement restaurées par le Beirut Museum of Art (BeMA) dans le cadre de l’initiative d’aide internationale « Li Beyrouth » allouée par l’Unesco aux institutions culturelles de la ville. C’est l’histoire de leur renaissance et de leur victoire sur le mal – une histoire d’entraide et de solidarité aussi – que la chargée de communication du BeMA livre en réponse aux questions de L’Orient-Le Jour.

Pourquoi le BeMA, musée en devenir, qui n’a pas encore d’existence physique, puisqu’il n’est censé ouvrir ses portes au cœur de Beyrouth qu’en 2026, a-t-il bénéficié de l’aide de Li Beirut ?

Le BeMA en tant que futur musée libanais dédié à l’art moderne et contemporain de la région a reçu en prêt la substantielle collection d’art moderne et contemporain du ministère libanais de la Culture. À ce titre, et dans la perspective de son ouverture prévue en 2026, il avait déjà lancé en 2017 son propre atelier de restauration et de conservation des œuvres d’art.

À la suite des explosions du 4 août 2020 à Beyrouth, l’équipe de restauration du BeMA, dirigée par la Libano-Allemande Kristen Khalifé, s’est précipitée au chevet des institutions locales pour les aider à dépoussiérer leurs pièces et à sauver les trésors culturels nationaux.

Et c’est dans cette optique, mais aussi et surtout pour restaurer les peintures endommagées appartenant au ministère de la Culture, que le gouvernement islandais lui a alloué la subvention promise en 2020 dans le cadre de l’initiative de l’Unesco, Li Beirut.


Une vue de l'exposition Lift des œuvres restaurées par l'atelier du BeMa. (DR)

Avez-vous uniquement bénéficié d’un apport de fonds ou avez-vous également obtenu un soutien au niveau des compétences et des expertises ?

Nous avons reçu une enveloppe pour la restauration de 17 œuvres d’art au total. Et nous avons également bénéficié de l’expertise de trois spécialistes allemands en conservation et restauration d’art, issus de l’Université des sciences appliquées de Berne, qui nous ont prêté main-forte. Leur intervention a été essentielle dans le cas de certaines pièces particulièrement délicates et qui nécessitaient des techniques non invasives. Mais je peux affirmer que l’Unesco a beaucoup apprécié la haute expertise avec laquelle nous avons conduit ce projet, et c’est pour cela qu’ils ont voulu que nous fassions cette exposition. Pour montrer au public la qualité du travail de restauration que l’on peut avoir au niveau local. Une qualité que BeMA compte d’ailleurs consolider en lançant dans le futur, en collaboration avec l’Université Saint-Joseph, un cursus d’études spécialisées en restauration d’art qui n’existe pas encore au Liban.

Selon quels critères avez-vous sélectionné les 17 œuvres que vous avez restaurées ? Appartiennent-elles toutes au ministère de la Culture et, par extension, au futur musée BeMA ?

Nous avons d’abord réparé les sept tableaux de la collection BeMA/ministère de la Culture qui étaient accrochés au Grand Sérail à Beyrouth et qui ont été altérés par la double explosion au port de Beyrouth. Et comme il nous restait un budget pour 10 autres pièces, nous nous sommes tournés vers des galeristes et collectionneurs très touchés pour les faire bénéficier des moyens mis à notre disposition.

Nous avons ainsi inclus dans cette opération huit œuvres, sept toiles et une sculpture peinte des artistes Edgar Mazigi et Rafic Majzoub qui étaient exposées à la galerie Art on 56th à Gemmayzé, ainsi que deux huiles d’artistes modernes de renom (Bibi Zogbi et Paul Guiragossian) appartenant à une collection privée et dont les dégradations étaient particulièrement importantes. Nous aurions aimé en faire plus, mais nous avons dû nous arrêter là faute de budget…

* « Lift » à la crypte de l’église Saint-Joseph, rue Monnot, jusqu’au samedi 22 janvier., de 11h à 17h. Entrée libre. Distanciation requise et port d’un masque sanitaire exigé.


« Li Beirut » : petit rappel

Li Beyrouth est une initiative internationale lancée depuis Beyrouth par la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay le 27 août 2020, au lendemain des explosions au port, pour soutenir la réhabilitation des écoles et des établissements d’enseignement, des bâtiments du patrimoine historique, des musées, des galeries et de l’industrie créative… Bref, de tous les acteurs de la scène artistique et culturelle beyrouthine qui ont subi des dommages importants dans les explosions meurtrières.

L’éclairage n’est pas adapté. La scénographie n’est pas non plus vraiment élaborée. Et pourtant, les 17 œuvres qui sont rassemblées sous l’intitulé « Lift » , dans la crypte de l’église Saint-Joseph, rue Monnot, méritent le déplacement ! Pour ce qu’elles dégagent de positif en ces temps sinistres. Présentées au public jusqu’au samedi 22 janvier, les 17 peintures,...
commentaires (1)

L'apport et la contribution de l'Islande à ce projet n'ont pas été assez soulignés. Merci à l'Islande pour sa générosité ! Sans cette aide, ce projet n'aurait probablement pas pu voir le jour. L'Islande à été le premier pays, après la double explosion du 4 août, à envoyer des fonds au Liban visant strictement le domaine culturel. La culture d'un pays étant son âme ! Carla Jabre Consule générale honoraire d'Islande au Liban .

Carla Jabre

13 h 18, le 22 janvier 2022

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Commentaires (1)

  • L'apport et la contribution de l'Islande à ce projet n'ont pas été assez soulignés. Merci à l'Islande pour sa générosité ! Sans cette aide, ce projet n'aurait probablement pas pu voir le jour. L'Islande à été le premier pays, après la double explosion du 4 août, à envoyer des fonds au Liban visant strictement le domaine culturel. La culture d'un pays étant son âme ! Carla Jabre Consule générale honoraire d'Islande au Liban .

    Carla Jabre

    13 h 18, le 22 janvier 2022

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