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Moyen-Orient - Focus

Les Émirats arabes unis, oasis de paix rattrapée par la guerre au Yémen

Les Émirats arabes unis, oasis de paix rattrapée par la guerre au Yémen

Des combattants yéménites de la Brigade des géants, entraînés par les Émirats arabes unis. Saleh al-Obeidi/AFP

La récente attaque meurtrière des rebelles houthis à Abou Dhabi ouvre une nouvelle page dans la guerre du Yémen, frappant en plein cœur les Émirats arabes unis, richissime pays du Golfe qui tient à sa réputation d’oasis de paix au Moyen-Orient.

Lundi, une explosion de camions-citernes transportant du carburant a tué trois personnes et blessé six autres dans la capitale des Émirats, une attaque meurtrière inédite des rebelles yéménites sur leur sol.

Ces insurgés proches de l’Iran menaçaient depuis longtemps de s’en prendre aux Émirats arabes unis, pays membre de la coalition militaire sous commandement saoudien qui intervient depuis 2015 au Yémen pour appuyer les forces progouvernementales contre les houthis.

Avec ces menaces mises à exécution, les Émirats arabes unis ont fait les gros titres et pas, comme c’est habituellement le cas, pour leur plus haute tour du monde, leurs grands hôtels clinquants, leurs compétitions sportives internationales ou encore leurs ambitions technologiques et spatiales.

Petit État d’environ 10 millions d’habitants, dont quelque 90 % sont des expatriés de près de 200 nationalités différentes, les Émirats se sont imposés comme un hub financier, un carrefour du transport aérien et un acteur diplomatique majeur.

Dans un Moyen-Orient secoué par les conflits et la pauvreté, Abou Dhabi et Dubaï (les deux principaux émirats du pays) aiment à se présenter comme un exceptionnel temple de l’opulence et de la frivolité.

Pour la spécialiste des pays du Golfe Eman Alhussein, l’attaque d’Abou Dhabi n’aura pas « un impact significatif sur la réputation des Émirats » qui « se sont construit une image et une marque de fabrique suffisamment fortes pour résister aux récents attentats ». Mais si ce type d’attaques venait à se multiplier, « la réputation d’oasis de sécurité au Moyen-Orient » que le pays s’est forgé pourrait se « ternir », souligne toutefois Dania Thafer, directrice du centre de réflexion Gulf International Forum. « Les houthis semblent savoir que la réputation des Émirats est au cœur de leurs objectifs stratégiques », constate-t-elle, estimant que les rebelles espèrent ainsi « frapper à moindre frais, mais avec un retour sur investissement élevé ».

Escalade frontale

L’attaque d’Abou Dhabi représente une « escalade frontale » entre les rebelles et les Émirats, explique Mohammad al-Bacha, chercheur sur la péninsule Arabique au centre de réflexion Navanti Group.

Les rebelles frappent régulièrement à coups de drones et de missiles l’Arabie saoudite, mais ils ne s’en étaient pas pris aux Émirats depuis qu’ils ont revendiqué en 2018 une attaque qui n’a jamais été confirmée par Abou Dhabi.

En 2019, les Émirats annoncent néanmoins un redéploiement de leurs forces au Yémen et se font discrets, tout en conservant une forte influence notamment dans le Sud. Les rebelles houthis contrôlent, eux, le Nord en grande partie.

Mais récemment, sur le front de la bataille lancée il y a bientôt un an par les houthis pour le contrôle de la région stratégique de Ma’rib, dernier bastion loyaliste dans le Nord, une force formée par les Émirats a permis à la mi-janvier aux troupes progouvernementales d’arracher aux rebelles la province voisine de Chabwa dans le Sud.

Les houthis tiennent Abou Dhabi pour responsable de leurs récents revers militaires, « les Émirats ayant joué un rôle-clé dans l’établissement, la formation et l’armement des forces » de la Brigade des géants, souligne Mohammad al-Bacha.

Les rebelles yéménites font déjà face à la Brigade des géants dans la province pétrolifère de Ma’rib, où les rebelles n’avancent plus depuis plusieurs mois.

Dans ce contexte, les houthis ont saisi début janvier en mer Rouge un bateau battant pavillon des Émirats.

L’attaque d’Abou Dhabi « n’est pas une surprise », estime Peter Salisbury, de l’ONG Crisis group, soulignant que les houthis avaient averti « depuis au moins deux semaines » qu’ils allaient frapper. « Les houthis considèrent que les Émirats sont derrière la poussée militaire contre leurs forces à Chabwa et dans le sud de Ma’rib », dit ce spécialiste du Yémen.

Mais pour l’instant, c’est dans la cadre de la coalition que la riposte militaire est intervenue avec des raids sur Sanaa ayant fait 14 morts après l’attaque des houthis sur Abou Dhabi.

Les Émirats ont, eux, appelé à une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU et une « condamnation ferme et sans équivoque de ces attentats terroristes ».

Source : AFP

La récente attaque meurtrière des rebelles houthis à Abou Dhabi ouvre une nouvelle page dans la guerre du Yémen, frappant en plein cœur les Émirats arabes unis, richissime pays du Golfe qui tient à sa réputation d’oasis de paix au Moyen-Orient.Lundi, une explosion de camions-citernes transportant du carburant a tué trois personnes et blessé six autres dans la capitale des Émirats,...

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