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Économie - Monnaie

Le taux dollar/livre glisse sous le seuil de 24 000 LL dans l’opacité la plus complète

Le taux dollar/livre glisse sous le seuil de 24 000 LL dans l’opacité la plus complète

Des Libanais faisant la queue devant un bureau de change à Jounieh samedi. Photo P.H.B.

C’est un recul de quasiment 10 000 livres par rapport à son record au cours de la semaine dernière que le taux de change a enregistré hier en passant brièvement sous la barre des 24 000 livres, dans un Liban en crise depuis plus de deux ans.

Selon les différentes plateformes et sites qui suivent l’évolution du cours – sauf Sayrafa, tenue par la Banque du Liban dont le taux affiche toujours un niveau moins élevé que celui du marché –, il fallait un peu plus de 23 500 livres pour acheter un dollar auprès d’un agent de change légal ou illégal hier en cours de journée, avant que le taux ne se stabilise finalement entre 24 000 et 25 000 livres, bien loin du seuil de 33 000 livres franchi mardi. Cette fluctuation a enfin poussé de nombreux Libanais à échanger leurs dollars dans les bureaux de change durant le week-end écoulé, dont certains étaient à court de liquidités en livres en milieu de journée.

Réagissant à cette baisse amorcée vendredi, le président du syndicat des importateurs de produits alimentaires, Hani Bohsali, a affirmé avant-hier que les prix des denrées alimentaires « baisseront d’ici à jeudi si le taux de change livre/dollar se stabilise ou s’il continue de baisser ». Vendredi, le ministre de l’Économie et du Commerce, Amine Salam, avait annoncé avoir « demandé aux syndicats des importateurs et des supermarchés de baisser les prix des denrées alimentaires », avant de souligner ne pas avoir les prérogatives nécessaires pour « jeter en prison les commerçants avides ».

Décalage de la réunion avec le FMI

Ni lui ni aucun autre responsable n’ont en revanche fourni de données objectives claires permettant d’expliquer cette trajectoire, qui coupe au passage l’herbe sous le pied des distributeurs de carburant qui se plaignaient des baisses de prix de l’essence, du mazout et du gaz décidées vendredi par le ministère de l’Énergie et de l’Eau. La baisse du taux survient à un moment où plusieurs signes annonçant une reprise des réunions du Conseil des ministres, qui est paralysé depuis octobre dernier par les tensions politiques.

Une réunion entre le Fonds monétaire international et les négociateurs désignés par l’exécutif est également programmée ce mois-ci. Selon une source bien au fait du dossier, la date initialement avancée par les autorités – qui avaient évoqué le 15 puis le 17 janvier – aurait été décalée à une échéance ultérieure prévue avant la fin du mois et qui pourrait finalement avoir lieu en visioconférence.Dans le débat public, peu de voix accordent du crédit à toute explication liant l’appréciation de la livre face au dollar à l’annonce de la reprise des réunions du Conseil des ministres. Des sources bancaires contactées l’ont attribuée à une injection importante de dollars sur le marché par la Banque du Liban, qui a récemment levé les limites de dollars que les banques peuvent lui acheter au taux de Sayrafa (24 400 livres pour un dollar selon la dernière mise à jour samedi soir) pour honorer les demandes de clients souhaitant bénéficier de la circulaire n° 161 publiée courant décembre et qui doit s’appliquer jusqu’à fin janvier.

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Le dispositif permet aux clients, victimes des restrictions mises en place par les banques depuis le début de la crise, de convertir et retirer en dollars une partie de leurs fonds en livres, au taux de Sayrafa de la veille. Les fonds proviendraient des réserves de devises de la BDL, et plus précisément de l’enveloppe de plus de 1 milliard de dollars reçus via les droits de tirage spéciaux du FMI accordés au courant de l’été. L’hypothèse de l’injection est en partie corroborée par les récents volumes de transactions enregistrées par Sayrafa. Oscillant entre 14 et 25 millions de dollars par jour depuis le début de l’année, ce volume a dépassé la barre des 41 millions vendredi.

Selon une source proche des agents de change, certains acteurs étaient au courant de la manœuvre du gouverneur et auraient massivement acheté des livres alors que le taux avoisinait les 33 000 livres pour un dollar, pour racheter des dollars aujourd’hui, en réalisant une marge « démentielle » en quelques jours. Elle rapporte avoir eu connaissance d’au moins deux transactions de ce type portant sur des montants d’un demi-million chacun. De fait, si une personne avait vendu 500 000 dollars quand le taux était à 33 000 livres pour un dollar, il aurait alors pu avec les 16,5 milliards de livres obtenues racheter plus de 650 000 dollars au taux d’hier (soit un bénéfice net situé entre 150 000 et 200 000 dollars). Une opération dont ont potentiellement pu profiter toutes les filières qui travaillent essentiellement avec des espèces, dont les distributeurs de carburant, les propriétaires de générateurs ainsi que plusieurs catégories de commerces, pour n’évoquer que les activités légales ou autorisées.

C’est un recul de quasiment 10 000 livres par rapport à son record au cours de la semaine dernière que le taux de change a enregistré hier en passant brièvement sous la barre des 24 000 livres, dans un Liban en crise depuis plus de deux ans.Selon les différentes plateformes et sites qui suivent l’évolution du cours – sauf Sayrafa, tenue par la Banque du Liban dont le taux...
commentaires (3)

Délit d’initié pour les proches du gouverneur de la BdL, c’est une certitude. Ensuite, notre cher gouverneur passe à la télé avec ses airs de sainte nitouche pour nous assurer qu’il est l’honnêteté incarnée et que sa fortune disproportionnée provient du fruit de son labeur. Soit mais il aurait du gérer aussi les finances publiques comme il a du fructifier sa propre fortune. C’est sans doute ce qu’il a fait mais dans les deux cas de façon malhonnête. Permettons à la vraie justice européenne de le prouver

Lecteur excédé par la censure

10 h 37, le 17 janvier 2022

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Commentaires (3)

  • Délit d’initié pour les proches du gouverneur de la BdL, c’est une certitude. Ensuite, notre cher gouverneur passe à la télé avec ses airs de sainte nitouche pour nous assurer qu’il est l’honnêteté incarnée et que sa fortune disproportionnée provient du fruit de son labeur. Soit mais il aurait du gérer aussi les finances publiques comme il a du fructifier sa propre fortune. C’est sans doute ce qu’il a fait mais dans les deux cas de façon malhonnête. Permettons à la vraie justice européenne de le prouver

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 37, le 17 janvier 2022

  • Ça sent le deli d’initiés

    PPZZ58

    08 h 35, le 17 janvier 2022

  • ...et ils bloquent notre argent ou nous interdisent des opérations de change...et eux font des millions encore sur notre dos bossu!!

    Marie Claude

    07 h 35, le 17 janvier 2022

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