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Économie - Réformes

Discussions Liban / FMI : Saadé Chami s’attend toujours à des résultats dès janvier

La délégation du FMI se réunira avec les autorités libanaises le 15 janvier pour examiner les progrès réalisés par le gouvernement.

Discussions Liban / FMI : Saadé Chami s’attend toujours à des résultats dès janvier

Le Premier ministre libanais Nagib Mikati recevant le 7 décembre 2021, au Grand Sérail, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) dont faisait partie le nouveau chef de mission, Ernesto Ramirez-Rigo (centre-gauche). Photo Dalati et Nohra

Réactivées cet automne dans la foulée de la formation du gouvernement de Nagib Mikati le 10 septembre dernier, les discussions entre le Liban et le Fonds monétaire international (FMI) devant, à terme, déboucher sur l’octroi d’une aide pour financer le redressement du pays, en crise depuis plus de deux ans, pourraient fournir leurs premiers résultats « concrets » dès « janvier 2022 ».

C’est ce qu’a déclaré le vice-président du Conseil des ministres, Saadé Chami, dans un entretien accordé à l’AFP et publié hier. Des propos alignés avec de précédentes déclarations dans ce sens effectuées juste avant Noël. Le haut responsable n’a pas écarté le risque d’éventuels retards liés à l’évolution de l’épidémie de Covid-19 – une réserve qui interpelle, vu que rien n’interdit que les échanges entre le FMI et l’équipe désignée pour dialoguer avec lui se fassent en visioconférence.

Deux choses semblent certaines à ce stade : la première réunion officielle entre les deux parties est programmée pour le 15 janvier, comme l’a souligné mardi dernier Nagib Mikati, et le FMI semble décidé à suivre l’affaire, comme en témoigne le déplacement hier du directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au sein du Fonds, le Libanais Jihad Azour, officiellement pour parler du plan de redressement économique du pays (aucune déclaration n’a été faite à l’issue de la réunion).

Nouveau chef de mission

Selon le Premier ministre, la délégation du FMI se réunira avec le côté libanais le 15 janvier pour examiner les progrès réalisés par le gouvernement et pourra ensuite revenir début février pour finaliser un accord si tout se passe bien. Saadé Chami a, lui, précisé à l’AFP qu’un « plan de sauvetage économique » sera préparé avec le FMI et envoyé au conseil de l’institution pour approbation. Il faudra cependant démontrer « que le gouvernement est vraiment engagé dans les réformes », a encore relevé le vice-Premier ministre, notant qu’un éventuel programme devra être approuvé par le gouvernement, qui ne se réunit plus depuis octobre sur fond de nouvelles tensions politiques internes. Le vice-premier ministre a de plus affirmé lors de son entretien « ne pas savoir » si la finalisation d’un audit des comptes de la Banque du Liban sera un préalable nécessaire à un tel accord, une opération que les autorités ont échoué, ne serait-ce qu’à lancer correctement depuis 2020. Le volet juricomptable – opération confiée au cabinet Alvarez & Marsal visant à remonter à l’origine des transactions éventuellement douteuses passant par la banque centrale – a été littéralement saboté jusqu’ici. Mais selon nos informations, le FMI et les soutiens du pays du Cèdre attendraient surtout le résultat du volet pris en charge par le cabinet Oliver Wyman, qui va consister à vérifier si les pratiques comptables de la BDL sont conformes aux pratiques des banques centrales dans le monde ou si elles sont répréhensibles. Dans le viseur notamment, l’existence de certaines pratiques inédites, comme l’intégration d’actifs constitués de « revenus de seigneuriage sur la stabilité financière » qui sont apparus dans le rapport d’audit pour l’exercice 2018 commandé par la BDL aux cabinets Ernst & Young et Deloitte, et qui a fuité en 2020 dans les médias. Le secteur bancaire libanais, considéré comme un pilier de l’économie pendant des années, est lui aussi en difficulté. Depuis l’automne 2019, les enseignes du pays ont en effet restreint unilatéralement l’accès de leurs clients à leurs dépôts en devises, en plein contexte de crise de liquidités et de début de l’effondrement de la livre (la parité officielle de 1 507,5 livres n’est plus utilisée que pour certaines transactions, tandis que le taux flottait encore hier au-dessus de 27 000 livres sur le marché des changes). Le Parlement a laissé les banques faire, et il a fallu attendre décembre dernier pour qu’une proposition mal ficelée et accordant une amnistie aux banques soit sur le point d’être étudiée par l’Assemblée – avant d’être finalement rejetée par les commissions mixtes. La BDL s’est, elle, contentée de mettre en place des circulaires autorisant les déposants à retirer une partie de leurs fonds bloqués soit en dollars à raison de très petits montants, soit en livres à un taux supérieur à la parité, mais toujours inférieur à celui du marché. Entre-temps, de nombreux déposants se sont pourvus en justice devant des juridictions françaises ou étrangères pour contester les restrictions avec plus ou moins de succès

Enjeux des discussions

Pour en revenir au dialogue Liban/FMI, seules des discussions techniques ont eu lieu jusqu’à présent. Du côté du Fonds, un remplacement de chef de mission a récemment eu lieu. Ernesto Ramirez-Rigo, qui a déjà officié en Argentine ou encore au Pakistan, doit prendre ses fonctions dès 2022 en remplacement de Martin Cerisola, appelé à d’autres fonctions au sein de l’organisation. Les deux hommes, accompagnés par le vice-directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale, Athanasios Thanos Arvanitis, ont effectué une prise de contact officielle à Beyrouth courant décembre. Côté libanais, la délégation devant mener les discussions avec le FMI a été formée fin septembre dernier et comprend, outre le vice-Premier ministre : le ministre des Finances et ancien cadre de la BDL, Youssef Khalil, le ministre de l’Économie et du Commerce, Amine Salam, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, ainsi que deux conseillers du président de la République Michel Aoun, Charbel Cordahi et Rafic Haddad.

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Où en sont les discussions entre le Liban et le FMI ?

Le Liban, qui traverse une des pires crises du monde depuis 1850 selon la Banque mondiale, a fait défaut sur sa dette en devises en mars 2020, avant de solliciter officiellement le FMI dans l’optique de décrocher une assistance financière. La première tentative de faire aboutir ces discussions a échoué en juillet 2020 suite à un désaccord sur l’approche pour comptabiliser et répartir les pertes financières du pays (État, banques et BDL) entre l’exécutif et le cabinet Lazard, mandaté par ce dernier, d’un côté, la BDL, l’Association des banques du Liban et certains députés, de l’autre. Saadé Chami a de plus répété à l’AFP que les pertes s’élevaient à « environ 69 milliards de dollars » comme il l’avait fait courant décembre, mois au cours duquel le FMI avait assuré via son porte-parole Gerry Rice que le pays du Cèdre lui avait bien transmis cette estimation. Or, le vice-Premier ministre n’a pas précisé comment ce montant avait été calculé – alors qu’il est similaire à celui qui figurait dans le plan approuvé par l’exécutif de Hassane Diab pour aborder le FMI en mai 2020. La version finale de ce plan tablait sur des pertes cumulées de 241 000 milliards de livres, soit près de 69 milliards de dollars en tenant compte d’un taux de 3 500 livres pour un dollar.

Autre tenant du dossier qui revient depuis deux semaines environ dans le débat public : le fait qu’une des pistes visant à limiter les engagements des banques en dollars consisterait à lirifier, à un taux supérieur à la parité officielle mais inférieur à celui du marché, une partie des dépôts en dollars convertis à partir de montants en livres après le début de la crise au second semestre 2019. La piste a été jugée sérieuse par plusieurs sources bancaires que nous avons contactées ces dernières semaines, même si aucune proposition définitive en ce sens n’a encore été rendue publique.

P.H.B. avec AFP

Réactivées cet automne dans la foulée de la formation du gouvernement de Nagib Mikati le 10 septembre dernier, les discussions entre le Liban et le Fonds monétaire international (FMI) devant, à terme, déboucher sur l’octroi d’une aide pour financer le redressement du pays, en crise depuis plus de deux ans, pourraient fournir leurs premiers résultats « concrets » dès...

commentaires (2)

IL DOIT ATTENDRE TROP DE JANVIER LE MONSIEUR S,IL CROIT QUE LE FMI EST UNE SOCIETE DE BIENFAISANCE. IL Y A DES CONDITIONS DRASTIQUES FINANCIERES, ECONOMIQUES, SOCIALES ET SURTOUT SECURITAIRES ET POLITIQUES POUR QUE CETTE INSTITUTION RISQUE DES AVANCES OU DES AIDES. EN FAIT DES DETTES. DE MEME TOUS LES AUTRES QUI VEULENT AIDER OU INVESTIR DANS LE PAYS. REVEILLEZ-VOUS ET NE REVEZ PAS. TANT QU,IL Y A DES MERCENAIRES IRANO-SYRIENS SUR LE SOL DU LIBAN LE PAYS NE SERA SECOURU PAR PERSONNE.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 44, le 30 décembre 2021

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Commentaires (2)

  • IL DOIT ATTENDRE TROP DE JANVIER LE MONSIEUR S,IL CROIT QUE LE FMI EST UNE SOCIETE DE BIENFAISANCE. IL Y A DES CONDITIONS DRASTIQUES FINANCIERES, ECONOMIQUES, SOCIALES ET SURTOUT SECURITAIRES ET POLITIQUES POUR QUE CETTE INSTITUTION RISQUE DES AVANCES OU DES AIDES. EN FAIT DES DETTES. DE MEME TOUS LES AUTRES QUI VEULENT AIDER OU INVESTIR DANS LE PAYS. REVEILLEZ-VOUS ET NE REVEZ PAS. TANT QU,IL Y A DES MERCENAIRES IRANO-SYRIENS SUR LE SOL DU LIBAN LE PAYS NE SERA SECOURU PAR PERSONNE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 44, le 30 décembre 2021

  • En janvier le Hezbollah n'existera plus, les Libanais seront tous égaux devant la loi et l'impôt et ainsi leur labeur permettra de rembourser le prêt du FMI! C'est ce que je comprends de Saade Chami

    M.E

    00 h 20, le 30 décembre 2021

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