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Politique - Décryptage

Saad Hariri en pleine remise en question... en vue des législatives

Depuis quelques semaines, le pèlerinage des responsables ou députés du courant du Futur aux Émirats arabes unis se poursuit, dans une tentative de connaître les intentions réelles de leur chef Saad Hariri. Après Bahia et Ahmad Hariri, ce fut le tour de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora et maintenant de la députée Roula Tabch. Jusqu’à présent, les visiteurs reviennent, selon plusieurs sources, des Émirats avec la même impression qui se traduit ainsi : jusqu’à nouvel ordre, Saad Hariri n’a pas l’intention de se présenter aux prochaines législatives, ni même de permettre à son courant de le faire. Cela ne signifie pas que les membres de la formation ne pourront pas se présenter aux élections ou y participer de quelque manière que ce soit, mais simplement qu’ils devront le faire en dehors du label du Futur.

L'éditorial de Issa Goraïeb

L’enfer du double jeu

Autrement dit, Saad Hariri ne dépensera pas un sou pour les prochaines élections. Cette impression a été confirmée par une rencontre virtuelle organisée entre le chef du Futur et certains cadres et députés de la formation. Pourtant, en dépit de cette impression, certaines figures du courant du Futur continuent de croire que Saad Hariri pourrait changer d’avis, si les circonstances actuelles changent de manière à faciliter une participation de poids aux élections.

Depuis 2005...

Selon un de ses proches, en contact permanent avec lui mais qui a préféré garder l’anonymat, Saad Hariri lui aurait confié avoir refait une lecture des événements depuis l’assassinat de son père, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, en 2005. Il avait commencé par participer à l’accord quadripartite conclu cette année-là avec Amal, le Hezbollah et le Parti socialiste progressiste, pour permettre au mouvement du 14 Mars de remporter la majorité parlementaire en mai 2005. Ensuite, le Hezbollah a été ouvertement pointé du doigt dans l’assassinat de son père. Saad Hariri s’est alors engagé dans un bras de fer avec la formation chiite, qui s’est traduit par les événements du 7 mai 2008 (quand le Hezbollah a envahi plusieurs quartiers de Beyrouth et de la Montagne), alors que ses alliés – surtout régionaux et internationaux – l’avaient laissé seul dans l’arène. Il a ensuite conclu une trêve avec le parti de Hassan Nasrallah, à la demande du roi Abdallah d’Arabie, en septembre 2009, lorsqu’il est devenu président du Conseil pour la première fois. Mais le gouvernement de Saad Hariri a été renversé en 2011 (après la démission des ministres du Hezbollah et du Courant patriotique libre), alors qu’il se trouvait à Washington en audience avec le président Barack Obama, sans que personne ne lève un doigt pour l’aider. Il avait alors dû céder la place à Nagib Mikati. Plus tard, en 2016, il a conclu de nouveau un accord avec le candidat à la présidentielle Michel Aoun, et indirectement avec le Hezbollah, pour le faire élire à la magistrature suprême. Un an plus tard, en novembre 2017, il a été contraint à présenter la démission de son gouvernement à partir de Riyad. Depuis, ses relations avec l’Arabie saoudite n’ont cessé de se dégrader au motif qu’il lui est demandé d’entrer en conflit avec le Hezbollah. Mais lorsqu’il l’avait fait, il s’était retrouvé seul dans son combat, alors qu’il n’avait cessé d’afficher son souci de revenir dans les bonnes grâces des Saoudiens. Selon le même proche, Saad Hariri aurait ainsi abouti à la conclusion suivante : dans des circonstances aussi complexes et fluctuantes, il vaudrait peut-être mieux rester à l’écart et attendre les grandes ententes régionales et internationales – si elles ont lieu – pour revenir sur la scène politique libanaise.

Des indices

Il est clair donc que Saad Hariri serait actuellement en mode réflexion, mais la tendance est de ne pas se présenter aux prochaines élections. Pourtant, à Beyrouth, certains membres du courant du Futur continuent de croire qu’il pourrait changer d’avis à la dernière minute s’il reçoit des signes positifs de la part des Saoudiens. Les partisans de cette thèse révèlent ainsi que le président français Emmanuel Macron aurait réussi à convaincre le prince héritier du trône saoudien Mohammad ben Selmane de ne plus tourner le dos au Liban, lors de leur sommet à Djeddah le 4 décembre, en lui expliquant que plus les Arabes se retirent du Liban, plus ils laissent le champ libre aux Iraniens. Toujours selon les partisans de cette thèse, ce serait la raison pour laquelle Macron et MBS auraient décidé de créer un fonds d’aide aux Libanais, qui ne passe pas par les institutions de l’État, selon les propres termes du président du Conseil Nagib Mikati. Dans cette logique, les Saoudiens pourraient décider d’appuyer de nouveau Saad Hariri pour les élections afin d’éviter un affaiblissement de la rue sunnite partagée désormais entre plusieurs acteurs.

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Entre-temps, le député sunnite Fouad Makhzoumi fait une sérieuse percée, en se rapprochant notamment de Dar el-Fatwa et des cheikhs de mosquée, tandis que Baha’ Hariri, frère de Saad, est en train de gagner du terrain dans la Békaa. Mais il y a aussi d’autres acteurs, comme les Ahbache, à Beyrouth en particulier et même à Saïda et dans le Nord. Il y a aussi les Mourabitoun qui profitent de l’affaiblissement du courant du Futur pour refaire surface sur la scène sunnite, ainsi que les mouvements plus islamistes comme la Jamaa islamiya. Même Chaker Berjaoui (chef du Courant arabe prosyrien) qui avait été chassé de Tarik Jdidé en 2012 par les hommes de Saad Hariri, Ahmad Hachimiyé en tête, y est revenu et cherche à remonter sa popularité dans ce secteur. De leur côté, les sunnites de l’Iqlim al-Kharroub sont un peu perdus et se demandent vers qui se tourner. L’affaiblissement du courant du Futur ou son retrait des élections pose en effet un problème à ses alliés potentiels, notamment le PSP de Walid Joumblatt et les Forces libanaises de Samir Geagea. À Zahlé et à l’Iqlim al-Kharroub par exemple et surtout dans la seconde circonscription de Beyrouth, les voix sunnites sont déterminantes et les différents protagonistes doivent nouer des alliances utiles pour que les listes qu’ils comptent former obtiennent le plus grand nombre possible de sièges.

Les spéculations vont donc encore bon train sur la participation ou non de Saad Hariri aux élections, mais toujours selon le même proche, la fermeture d’Oger Liban, puis celle du palais de Koraytem et récemment celle du bâtiment de la Future TV et depuis quelques mois de ce qu’on a appelé « la Maison du Centre » sont des indices qui ne trompent pas.

Depuis quelques semaines, le pèlerinage des responsables ou députés du courant du Futur aux Émirats arabes unis se poursuit, dans une tentative de connaître les intentions réelles de leur chef Saad Hariri. Après Bahia et Ahmad Hariri, ce fut le tour de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora et maintenant de la députée Roula Tabch. Jusqu’à présent, les visiteurs reviennent, selon...

commentaires (9)

Hariri a refusé de satisfaire ceux sui voulaient un bain de sang au Liban et les Chrétiens Libanais sont les plus grands responsables de la force du Hezbollah et de s’être désisté dans le défi de défendre le Liban dans un contexte régional qui ne permettait pas aux sunnites de le faire. Tout simplement nous aurions été assimilés aux autres conflits régionaux Sunnites Chiites tels que Yémen Irak Syrie. n’es ce pas Sa Béatitude qui avait défendu Bachar en France ? Alors fichez la paix à Cheikh Saad et aux sunnites et assumez comme des responsables afin d’arrêter cet avilissement dans lequel vous a plongé le CPL .

PROFIL BAS

15 h 28, le 01 janvier 2022

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Hariri a refusé de satisfaire ceux sui voulaient un bain de sang au Liban et les Chrétiens Libanais sont les plus grands responsables de la force du Hezbollah et de s’être désisté dans le défi de défendre le Liban dans un contexte régional qui ne permettait pas aux sunnites de le faire. Tout simplement nous aurions été assimilés aux autres conflits régionaux Sunnites Chiites tels que Yémen Irak Syrie. n’es ce pas Sa Béatitude qui avait défendu Bachar en France ? Alors fichez la paix à Cheikh Saad et aux sunnites et assumez comme des responsables afin d’arrêter cet avilissement dans lequel vous a plongé le CPL .

    PROFIL BAS

    15 h 28, le 01 janvier 2022

  • En oubliant les commanditaires & les assassins de Sont Père Une faiblesses impardonnables / Pour les amis et admirateurs de Vôtre Père

    Marie-Joe MATTALIA

    22 h 00, le 29 décembre 2021

  • Tiens tiens, pour la première fois un décryptage de Mme Haddad qui ne mentionne pas ni n’encense le CPL et le Hezbollah! On s’attaque alors au sunnisme haririen du Futur qui, en effet serait en pleine perte de vitesse…Le petit fiston n’a ni la prestance ni la personnalité ni le charisme ni le courage ni cette intelligence pratique de feu le paternel, et ça, tout le monde l’avait noté de longue date…Avec ses compromis bidon et lâches avec qui l’on sait sans rien recevoir en contrepartie soit-disant pour préserver la paix civile l’ont finalement amené là où il serait maintenant: abandonné de presque tout le monde et boude comme un petit enfant aux EAU où il serait même, selon certains, au bord de la faillite…. En fait, quand on y pense, ce n’est pas pour rien que le tandem chiite ne voulait que lui au départ: ils avaient complètement muselé la voix sunnite, ouvert la voie à la résurgence des extrémismes sunnites qu’ils prétendaient combattre par la suite… Donc, dans l’absolu, il n’est pas mauvais qu’il demeure dans l’ombre et joue à l’opposant réformateur, mais serait-il accepté par la société civile? En tous cas, au point où se trouve le pays, avec ou sans lui dans ce jeu sordide, c’est du kif kif…

    Saliba Nouhad

    17 h 20, le 29 décembre 2021

  • OUF , UNE BONNE NOUVELLE . IL SE PEUT QUE CET INUTILE , FILS A MAMAN , UN DE CES KOULONS DÉMISSIONNAIRES NE SE PRÉSENTE PAS AUX ÉLECTIONS : ENFIN UN ÉCLAIRCIE A L’HORIZON …

    aliosha

    12 h 22, le 29 décembre 2021

  • Saad Hariri a effectivement prouvé qu’il est novice et naïf en politique s’étant fait berner plus d’une fois par le Hezbollah ou le CPL ou Michel Aoun. N’empêche que le courant du Futur demeure le seul courant politique multi confessionnel au Liban mais malheureusement ses députés se sont comportés comme les autres, à savoir :opportunistes, incompétents et corrompus

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 05, le 29 décembre 2021

  • Pas de plan, pas de vision juste un fils a papa. Espérons que les autres le suivront.

    Saleh Tassabehji / AQI

    09 h 40, le 29 décembre 2021

  • Si Saad Hariri ne compte pas se présenter aux élections il doit laisser ses partisans s'organiser, quitte à le faire sous une autre bannière que celle du Courant du Futur.

    Youssef Najjar

    09 h 20, le 29 décembre 2021

  • conseillers pour conseillers, il est evident que ceux entourant mr. Hariri n'ont pas brille dans leur boulot.

    Gaby SIOUFI

    08 h 40, le 29 décembre 2021

  • "" et les perdants sont....."" comme aurait dit george cordahy - LES FL... qui risquent n'avoir plus le soutien de sunnites, nulle part au Liban ou presque pas.

    Gaby SIOUFI

    08 h 34, le 29 décembre 2021

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