Les députés aounistes ont appelé, une nouvelle fois, mardi le gouvernement à congédier "immédiatement" le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, alors que le Premier ministre, Nagib Mikati, avait écarté cette possibilité en faisant valoir qu'"on ne change pas d'officiers pendant une guerre".
Dans un communiqué publié à l'issue de leur réunion hebdomadaire, les parlementaires du Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun) ont estimé que "personne ne part au combat avec des officiers qui ne sont pas préparés et qui sont accusés de traîtrise". "On ne peut gagner la guerre lorsqu'il y a, à la tête de l'armée, la personne qui a provoqué l'effondrement", selon ces députés qui ont déploré le fait que l'audit juricomptable de la banque centrale se fait toujours attendre.
Lors d'une conférence de presse mardi matin, M. Mikati avait apporté son soutien à M. Salamé, qui fait l'objet de plusieurs enquêtes et qui est perçu par de nombreux observateurs comme l'un des responsables de la crise économique et financière dans le pays. "On ne change pas d'officiers pendant une guerre", avait affirmé le Premier ministre.
Le groupe parlementaire aouniste a encore salué les propos de M. Aoun, qui avait appelé lundi les différentes parties libanaises à un "dialogue" autour d'une "décentralisation administrative et financière élargie, une stratégie nationale de défense et un plan de relance financière et économique". Il a estimé qu'il "n'y a aucune justification au blocage gouvernemental", et affirmé que le chef du gouvernement "est tenu, au vu de ses responsabilités, à appeler son cabinet à se réunir", à défaut de quoi "il aurait renoncé délibérément à une prérogative accordée par la Constitution".
Le CPL a soutenu, par ailleurs, que le fait que le Conseil constitutionnel n'a pas pris de décision au sujet du recours sur l'invalidation de la loi électorale constitue un "échec et une paralysie de la plus haute cour constitutionnelle". Il a critiqué, une nouvelle fois, ce qu'il estime être le non-respect du quorum réglementaire par le chef du Parlement, Nabih Berry.
Le Conseil constitutionnel avait échoué mardi dernier, faute de majorité, à prendre une décision concernant le recours en invalidation présenté par le CPL contre les amendements adoptés par la Chambre. Le Parlement avait préconisé l'organisation des législatives le 27 mars 2022, ainsi que le vote des émigrés aux 128 députés de la diaspora, ce qui a été rejeté par la formation aouniste. Le chef du CPL, Gebran Bassil, avait accusé le tandem chiite Amal-Hezbollah d'être derrière ce verdict.
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