Jeudi matin chaotique devant les banques et les points de vente de téléphonie mobile à travers le Liban en crise. Des foules de personnes se sont rassemblées devant des branches des opérateurs mobile Alfa et Touch à Tripoli et dans le Akkar, au Liban-nord, pour acheter des cartes de recharges prépayées, alors que les rumeurs enflent sur une augmentation de leurs prix sur fond de grave crise économique dans le pays. Des files se sont également formées devant plusieurs banques dans le Nord, le Sud et la Békaa, alors que les clients tentent de retirer leurs salaires en dollars, en vertu de la dernière circulaire de la Banque centrale qui prévoit un tel mécanisme qui reste toutefois entouré de flou. Des rassemblements qui ont parfois tourné à la bagarre.
Selon notre correspondant dans le Nord, Michel Hallak, les points de vente Alfa et Touch ont été pris d'assaut par les clients, alors que les cartes de recharge étaient introuvables depuis plusieurs jours en raison d'une grève des employés de ces deux sociétés. Les cartes sur le marché noir étaient parfois vendues au double du prix officiel, notamment à 80.000 LL. Au moins une bagarre a éclaté devant une branche d'Alfa, selon des images envoyées par notre correspondant.
Plus d’une semaine après avoir entamé leur grève, les employés d'Alfa et Touch ont finalement levé leur mouvement mardi tard dans la soirée, annonçant que leurs revendications avaient été satisfaites. Le mouvement de grève avait démarré le 13 décembre, avec l’objectif affiché de faire pression pour renégocier les modalités de leurs contrats d’assurance-santé, prévus dans le cadre de leur contrat collectif de travail. Entre temps, la possibilité d’une majoration prochaine des tarifs des télécoms est de plus en plus évoquée dans le débat public.
En outre, des files d'attente se sont formées devant plusieurs banques dans le Nord, le Sud et la Békaa, selon nos correspondants Sarah Abdallah, Michel Hallak et Mountasser Abdallah, malgré les mesures sanitaires imposées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.
Les clients sont venus retirer leurs salaires en dollars, en espérant bénéficier du dernier mécanisme mis en place par la Banque centrale, dans un contexte de crise. Des scènes chaotiques et de bagarres ont été partagées dans des vidéos et des photos relayées sur les réseaux sociaux. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), des centaines d'employés de banques à Tripoli ont bloqué les entrées de leurs établissements, réclamant d'être payés en dollar en vertu de la dernière décision de la Banque du Liban.
Apocalyptic scenes at Lebanese banks, as people are attempting to withdraw part of their deposits in USD.pic.twitter.com/IFnAbn5Sy9
— Lebanese News and Updates (@LebUpdate) December 23, 2021
Dénonçant dans la soirée "l'humiliation" subie notamment par les militaires souhaitant retirer leurs salaires en dollars, le directeur général de l'entreprise publique de télécommunications Ogero, Imad Kreidieh, a de son côté menacé le secteur bancaire d'une suspension "immédiate" des services de télécoms pour les banques qui refuseraient aux employés de son entreprise de bénéficier de la circulaire 161.
La circulaire 161 prolongée jusqu'au 31 janvier 2022
La semaine dernière, la BDL a annoncé son intention de fournir des liquidités en dollars aux banques. Une décision prise dans le sillage du relèvement du taux de retrait des dollars bancaires, ou lollars, les devises soumises aux restrictions bancaires illégalement mises en place depuis 2019, qui avait été suivie par une nouvelle phase d’inflation du taux dollar/livre sur le marché des changes. Deux jours après son annonce, la BDL publiait une circulaire (n° 161) détaillant certains contours du nouveau dispositif qui doit expirer à la fin de l’année, avec donc une durée de vie de deux semaines ou 11 jours ouvrés maximum. Les dollars donnés par la BDL serviront à honorer des demandes de retraits que les clients feront à partir de leurs comptes en livres et au taux affiché la veille par la plateforme Sayrafa (22 200 livres mardi soir), qui est largement supérieur à la parité officielle de 1 507,5 livres ou du taux de 8 000 livres en vigueur pour les retraits en livres via la circulaire n° 151, mais inférieur à celui du marché noir (environ 27.300 LL jeudi matin).
Mais jeudi, la BDL a publié une nouvelle circulaire dans laquelle elle annonce le prolongement de la n° 161 jusqu'au 31 janvier 2022, une date "susceptible d'être renouvelée". Il n'est pas clair à ce stade si ce prolongement mettra un terme au mouvement de panique enregistré en journée devant les banques.
commentaires (5)
Quel génie notre gouverneur de la BdL, plus il sort des circulaires, plus il fout le bordel dans les agences bancaires. C’est devenu un véritable cauchemar que de devoir passer à son agence bancaire retirer des espèces au compte gouttes car personne n’accepte les paiements par carte bancaire hormis quelques supermarchés. Monsieur Salameh, vous avez menti lors de vos diverses déclarations durant toutes ces années à propos de la véritable santé de la livre, vous êtes accusé d’avoir détourné des centaines de millions de dollars des comptes de la BdL à votre profit personnel et celui de vos proches, vous avez 3 enquêtes européennes a votre encontre, vous avez été verbalisé par les Douanes Françaises pour une tentative d’introductions des espèces en France sans déclaration, vous nous avez fait séquestrer notre épargne qui est le fruit de du travail de toute notre vie alors que vous avez mis votre fortune démesurée à l’abri en Europe, vous nous avez fait subir les pires humiliations aux guichets bancaires, vous nous avez appauvri en nous empêchant de retirer notre propre argent. Monsieur Salameh je vous maudis vous et vos proches et votre descendance jusqu’à la quarantième génération. OLJ de grâce ne censurez pas sinon vous seriez complice des méfaits de Monsieur Salameh
Lecteur excédé par la censure
22 h 07, le 23 décembre 2021