En visite officielle de trois jours au Liban, le secrétaire général des Nations unies António Guterres exhorte, dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour, les dirigeants libanais à travailler ensemble pour résoudre les crises actuelles dans le pays et garantir que « les élections se tiennent dans la période constitutionnelle ». Enquête sur la double explosion au port, Hezbollah, négociations avec le FMI, le secrétaire général fait le point sur tous ces dossiers chauds.
Vous venez ici porteur d'un message de solidarité vis-à-vis du peuple libanais. Mais comment traduire ces paroles en actes pour aider le Liban à sortir de la crise actuelle ?
L'Organisation des Nations unies est complètement engagée avec toutes ses agences dans l'appui au peuple libanais et aux réfugiés que les Libanais ont généreusement accueillis. Les Nations unies sont également engagées dans un dialogue avec les autorités libanaises pour garantir que les élections se tiennent dans la période constitutionnelle. À ce propos, j'ai reçu des garanties formelles que ce serait le cas de la part du président de la République Michel Aoun, du Premier ministre Nagib Mikati et du président du Parlement Nabih Berry.
Dans le même temps, nous pensons qu’il faut rétablir la confiance entre le peuple et les institutions. C’est pour cela que nous appelons à une investigation indépendante et transparente sur la double explosion au port de Beyrouth, et à une coopération avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM). Il faut que les conditions politiques soient créées pour que le Liban puisse entamer formellement une négociation avec le FMI, qui, à mon avis, est une condition indispensable pour garantir qu'un certain nombre de réformes essentielles soient mises en œuvre des points de vue de la gouvernance économique, du combat contre la corruption, de la transparence et de la protection sociale. Je ne suis pas ici pour donner des leçons, mais pour exprimer les convictions de quelqu'un qui aime le Liban, qui a vu la générosité libanaise vis-à-vis des réfugiés, quand j'étais haut-commissaire pour les Réfugiés, d'une façon absolument admirable et qui veut que le Liban puisse surmonter cette crise.
La résolution 1559 de l’ONU (2004) soulève la question de l’arsenal et du statut du Hezbollah en prônant « le désarmement et la dissolution de toutes les milices ». Dix-sept ans plus tard, la situation s’est empirée. N’est-elle pas devenue intenable pour la communauté internationale? Comment sortir le Liban de l’emprise du contrôle armé du Hezbollah ?
Je dis toujours qu'il faut renforcer les institutions de l'État. Et l'aspect le plus important dans lequel nous sommes très engagés avec la Finul (Force internationale des Nations unies au Liban), c'est exactement l'appui à l'armée libanaise. Je crois qu’il ne faut pas être naïf, le Hezbollah existe, et c'est une force importante du point de vue militaire. La seule façon de garantir que l'État libanais soit un État entièrement souverain passe par le renforcement des institutions nationales, et la communauté internationale doit tout faire pour renforcer l'armée libanaise et renforcer le système de sécurité du pays.
Le patriarche maronite Béchara Raï, que vous avez rencontré lundi matin, a évoqué l'idée d'une conférence internationale pour sortir le pays de l’impasse. Que pensez-vous de cette proposition ?
Nous serons toujours disponibles pour participer ou organiser une conférence internationale qui soit faite avec l'accord de toutes les entités responsables au Liban et la communauté internationale. Mais il faut que les conditions politiques soient créées pour que cette conférence ne soit pas inutile. Nous avons malheureusement l'expérience de beaucoup de conférences qui ne mènent à rien parce qu'elles ne sont pas bien préparées et que le contexte nécessaire n'est pas créé.
Les négociations sur le nucléaire iranien s’enlisent. L’Iran a l’habitude d’utiliser le Liban pour exprimer son mécontentement. Si ces pourparlers restent bloqués, pensez-vous que l’on va vers une escalade armée au Liban-Sud entre le Hezbollah et Israël ?
Je ne crois pas. Je crois que les négociations pour le JCPOA (Plan d’action global commun - PAGC)) sont d'une énorme importance. Et je crois que l'Iran a bien conscience que ce n'est pas la pression politique qui peut garantir le succès des négociations. Je crois que ce sont deux choses complètement différentes et j'espère que les négociations sur le nucléaire puissent aboutir à un succès comme facteur stabilisateur très important pour éviter le risque d'une confrontation qui serait extrêmement grave.
commentaires (6)
Ces piqûres d’anesthésie ne font plus aucun effet sur ces morts qui sont le Liban et ses citoyens. Arrêtez donc de nous prendre pour des cruches, nos mafieux s’en chargent largement. Vous voulez sauver ce pays ou pas? Si oui il serait temps de prendre des initiatives concrètes à l’encontre de ces milices illégales et armées qui contrôlent notre pays et des pilleurs invétérés qui l’ont anéanti en les traduisant en justice et de trouver les solutions adéquates pour que les citoyens honnêtes prennent le relais. Sinon, partez Monsieur nous vous avons assez vu tous, et ça n’est pas la peine d’envoyer d’autres émissaires si c’est pour nous raconter les bobards usuels qui nous donnent la nausée.
Sissi zayyat
15 h 43, le 22 décembre 2021