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Politique - Enquête sur l'explosion au port de Beyrouth

Mikati : Le gouvernement "pas concerné" par un deal autour du juge Bitar et la loi électorale

Le Premier ministre ne convoquera pas son cabinet sans "entente", afin d'éviter d'éventuelles démissions.

Mikati : Le gouvernement

Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, le 20 décembre 2021 au Grand sérail. Photo Dalati et Nohra

Alors que la presse faisait état lundi d'un deal qui prévoirait l'acceptation d'un recours présenté devant le Conseil constitutionnel par le Courant patriotique libre (CPL) pour invalider les amendements apportés à la loi électorale, contre une mise à l'écart du juge Tarek Bitar, chargé de l'enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, le chef du gouvernement libanais, Nagib Mikati, a affirmé que son cabinet "n'est pas concerné" par un tel marchandage. Il n'a toutefois pas démenti ce deal qui aurait pour but de mettre un terme à la profonde crise politique qui paralyse son équipe depuis plus de deux mois en raison de divisions autour de l'enquête sur le drame du 4 août 2020. Dans ce contexte, Nagib Mikati a affirmé une nouvelle fois qu'il ne convoquera pas de Conseil des ministres "sans entente" entre ses membres, afin d'éviter d'éventuelles démissions de ministres.

Les ministres du tandem chiite Amal-Hezbollah boycottent depuis le 12 octobre le gouvernement Mikati accusant le juge Tarek Bitar de politiser l'enquête, alors que des responsables de tous bords, certains notamment proches des deux formations, sont poursuivis dans cette enquête. Amal plaide pour le dessaisissement du juge du volet politique de l'enquête, alors que le Hezbollah exige qu'il soit carrément mis à l'écart de toute l'enquête.

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Depuis plusieurs semaines, des informations de presse font état d'un compromis qui serait en gestation dans les coulisses, afin de redynamiser le gouvernement. L'entente en question serait axée sur le fait que le Conseil constitutionnel (CC) accepte le recours en invalidation des amendements récemment apportés à la loi électorale, présenté par le CPL de Gebran Bassil. Ainsi les Libanais de l'étranger pourraient voter pour six députés qui formeraient une circonscription dédiée à la diaspora, comme le souhaite M. Bassil, au lieu de participer à l'élection des 128 députés que compte le Parlement. En contrepartie, le camp de la présidence, qui s'opposait -jusque-là- à toute atteinte au juge Bitar, accepterait finalement que le magistrat soit mis à l'écart. De son côté, le cabinet se réunirait et nommerait un nouveau président du Conseil supérieur de la magistrature, plus haute instance juridique du pays. Une décision qui pourrait paver la voie à un limogeage de Tarek Bitar. Sauf que des sources au courant des positions de Michel Aoun citées par la chaîne locale MTV, ont déclaré que le président ne serait disposé à aucun package-deal aux dépens de Tarek Bitar. Une position que le président a longtemps exprimée, en brandissant le respect du principe de séparation des pouvoirs prévu dans le préambule de la Constitution. 

Selon notre chroniqueur politique, Mounir Rabih, le package-deal prévoirait des changements au niveau du pouvoir judiciaire, touchant notamment au président du Conseil supérieur de la magistrature, Souheil Abboud, et au procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, ainsi que la nomination d'un successeur au procureur financier Ali Ibrahim, proche du président de la Chambre. Il stipulerait aussi la nomination d'un nouveau procureur général du Mont-Liban, pour remplacer la juge Ghada Aoun, considérée proche du président Aoun et du CPL. Dans le camp du président du Parlement, Nabih Berry, on confie "ne pas être au courant" d'une éventuelle nomination d'un nouveau procureur financier. Mais on fait état d'un "début positif" d'une série de contacts en quête d'une sortie de crise. Une source proche du Hezbollah, qui mène une médiation entre ses alliés Amal et le CPL, affirme que des contacts tous azimuts seront menés dans la nuit de lundi à mardi afin de parvenir à un accord qui mettrait fin à la paralysie ministérielle. "Les contacts (en cours) sont sérieux. Mais il n'y a rien de concret encore", déclare cette source.

"Nous n'intervenons pas dans le travail du pouvoir judiciaire"

A sa sortie d'un entretien lundi après-midi avec le président du Parlement, à Aïn el-Tiné, Nagib Mikati a affirmé aux journalistes qui l'interrogeaient que son gouvernement "n'est pas concerné par ce deal". Une phrase lâchée à la hâte, et sur un ton remonté, alors qu'il quittait les lieux. Des rumeurs ont même circulé en fin de journée sur une démission imminente du gouvernement Mikati, mais ces informations ont été démenties.

Notre correspondante Hoda Chédid explique que la rencontre avec M. Mikati ne figurait pas à l'ordre du jour de Nabih Berry pour la journée de lundi, mais a été fixée dans la foulée des informations de presse sur un compromis en gestation en coulisses. La colère de M. Mikati aurait trahi son mécontentement, alors que ses demandes n'auraient en effet pas été prises en considération dans le cadre des tractations en cours. "Je ne sais pas si M. Mikati a obtenu ou pas ce qu'il voulait", affirme un proche du chef du Législatif, contacté par L'OLJ.

Lors d'une discussion avec les journalistes au Grand Sérail, le Premier ministre avait affirmé plus tôt qu'il était en faveur de "la mise en place d'une Haute cour chargée de juger les présidents et les ministres". "La position du gouvernement est claire. Nous n'intervenons pas dans le (travail du) pouvoir judiciaire, mais celui-ci doit respecter les cadres constitutionnels", a-t-il indiqué. "Tout comme un militaire doit être jugé devant le Tribunal militaire, un ministre doit être jugé devant une Cour spéciale", a-t-il estimé.

Dans ce contexte, Nagib Mikati a également souligné qu'il "préfère l'attente à la confrontation". Selon lui, "convoquer une réunion du Conseil des ministres sans entente entre les ministres n'est pas souhaitable (...) Je n'irai pas vers un scénario qui nous mettra face à des démissions du gouvernement". Une nouvelle réponse à l'appel lancé la semaine dernière par le chef de l'Etat, Michel Aoun, pour une relance du Conseil des ministres, même s'il devait être boycotté par les ministres du duo chiite. 

Selon une source informée citée par Mounir Rabih, Nagib Mikati tentait de faire pression pour que son équipe puisse se réunir durant la visite du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, qui se trouve à Beyrouth jusqu'à mercredi. Une façon pour le Premier ministre de donner à la communauté internationale un signe de la détermination de son gouvernement à répondre à ses demandes, notamment en matière de réformes. 

En soirée, le bureau de presse du Premier ministre a publié un communiqué affirmant que lors de son entretien avec M. Berry, le chef du gouvernement a "réitéré sa position de principe selon laquelle il refuse de s'ingérer dans l'action du pouvoir judiciaire ou de considérer le Conseil des ministres comme un champ de compromis axés sur une ingérence, directe ou indirecte, dans la justice". Le Premier ministre a également répété la nécessité que les solutions à la polémique articulée autour de la Haute cour chargée de juger les présidents et les ministres, soient "conformes à la Constitution uniquement", et a souligné qu'il refuse les "tentatives de contourner le travail des institutions", selon le texte. Le communiqué précise enfin que M. Mikati a notifié le président de la République et le chef du Législatif de cette position qui "ne prête pas à équivoque". "Le PM poursuivra sa mission et continuera de déployer des efforts pour relancer les séances du Conseil des ministres. Et toute position qu'il pourrait prendre à l'avenir sera uniquement liée à ses convictions nationales et personnelles", conclut le communiqué, en allusion à la question d'une démission.

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Une source proche du président Aoun, citée par notre correspondante Hoda Chédid, a pour sa part démenti les spéculations portant sur un package-deal. "Pas de compromis, ni de troc sur l'enquête du port. Et pas de troc entre l'Exécutif et le pouvoir judiciaire", affirme-t-elle. "Les affaires judiciaires sont du ressort du pouvoir judiciaire, et celles de l'exécutif sont du ressort de l'exécutif. Il n'y a pas de troc avec le Conseil constitutionnel (...). La décision que prendra le CC demain clarifiera les choses", conclut la source.

Le Conseil constitutionnel doit rendre mardi (dernier délai, NDLR) sa décision relative au recours en invalidation des amendements apportés à la loi électorale le 19 octobre dernier. Le texte en cause avait été contesté par M. Aoun, et par la formation qu'il a fondée, le CPL, à l’origine du recours. Le parti aouniste a contesté la constitutionnalité de la majorité obtenue par l’amendement en deuxième lecture concernant la circonscription consacrée aux expatriés. Le chef du Parlement, Nabih Berry, souhaitait que les expatriés votent pour les 128 candidats des quinze circonscriptions sur le territoire libanais, alors que le CPL prône le vote dans le cadre d’une circonscription réservée exclusivement à la diaspora et comprenant six sièges. La formation aouniste plaide également pour des élections en mai 2022 et non le 27 mars, comme le souhaite le Parlement. Si ce recours est validé par le CC, les législatives risquent d'être reportées, selon certains observateurs. Le Conseil s'est réuni lundi, sans pouvoir toutefois achever l'examen du recours en question.

Alors que la presse faisait état lundi d'un deal qui prévoirait l'acceptation d'un recours présenté devant le Conseil constitutionnel par le Courant patriotique libre (CPL) pour invalider les amendements apportés à la loi électorale, contre une mise à l'écart du juge Tarek Bitar, chargé de l'enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, le chef du gouvernement...
commentaires (16)

Le Liban en proie de fauves sans coeurs

Wlek Sanferlou

14 h 22, le 21 décembre 2021

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Commentaires (16)

  • Le Liban en proie de fauves sans coeurs

    Wlek Sanferlou

    14 h 22, le 21 décembre 2021

  • TOUS LES CLOWNS ENCORE SUR LA SCENE. FAUT LES DEGAGER D,URGENCE.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    14 h 18, le 21 décembre 2021

  • Que le gouvernement reste en place ou qu’il démissionne cela ne représente aucune différence pour les citoyens puisque de toute façon toutes les décisions qu’il prend vont dans le sens des fossoyeurs pour ne pas les froisser. Mikati se vante de ne pas vouloir forcer les ministres à se réunir pour éviter des démissions et que le gouvernement tombe? Où est le problème, puisque de toute façon ce dernier est inefficace et est empêché de prendre des décisions pour redresser le pays? Ils se paient tous notre tête et se croient plus intelligent que les singes qu’ils incarnent. Il est où ce gouvernement qu’ils ont mis plus d’an à mettre sur pied avec des vendus sachant qu’ils ne les laisseraient pas agir en ayant le tier destiné à le paralyser pour bloquer et qu’ils se sont acharnés à le former à leur image sachant qu’il ne sera pas libre de travailler et de prendre des décisions sans l’aval des vendus de tout bord. Ils sont tous coupables de la mort de notre pays et nous le sommes tout autant en les laissant au pouvoir alors que leur but est de nous anéantir. Conclusion, ce pays s’en sortira mieux sans gouvernement ni président ni parlement, puisque toutes ces fonctions sont occupées par des vendus pour assurer la disparition de notre nation et pour ne jamais être jugés cachés derrière leur immunité.

    Sissi zayyat

    12 h 22, le 21 décembre 2021

  • Franchement on ne regarde et on n'insinue que Aoun et le CPL depuis octobre 2019 . Sont ils dangereux ? En quoi ? tant qu'on répète qu'ils ne représentent plus personne et qu'ils perdent en vitesse de crédibilité. Par ailleurs , Les expatriés ne votent au Liban que dans leur circonscription d'origine et non à l'échelle du pays . Yareit . Une loi électorale digne devrait l'ètre et ainsi une affluence serait perçue pour aller voter et les meilleurs gagneront ,

    Lecteurs OLJ 2 / BLF

    09 h 18, le 21 décembre 2021

  • Aoun et son beau-fils nous ont appris qu’ils sont prets a tous les retournements de veste pour garder le pouvoir. Rien ne nous surprend plus de leur part. Meme les pires felonies. Pour la defense des droits des chretiens priere de regarder ailleurs !

    Goraieb Nada

    08 h 40, le 21 décembre 2021

  • "Mikati : Le gouvernement "pas concerné" par un deal autour du juge Bitar et la loi électorale". Bien évidemment! Le gouvernement n'est en rien concerné par l'enquête sur le crime du 4 août. Mais, puisqu'il le reconnaît, pourquoi refuse -t-il de convoquer une réunion du gouvernement, alors que c'est le prétexte des ministres chiites pour faire la grève et plonger un peu plus le pays dans la m....?

    Yves Prevost

    07 h 32, le 21 décembre 2021

  • Jusqu'à quand la patience et la nonchalance du PM iraient ? Rien ne presse Mr MIKATI, il faut laisser le temps au temps. Que le peuple crève et qu'il disparaisse, ce qu'il faut , c'est surtout ne pas bousculer nos deux Dieux chiites, et les laisser revenir aux réunions quand leur humeur se décante. Décidément, il n'y en a pas un qui peut se vanter de dire qu'il est moins ridicule qu'un autre. Ils sont tous aussi puants et aussi abrutis les uns que les autres.

    Citoyen

    00 h 28, le 21 décembre 2021

  • On est dans quel souk?

    Staub Grace

    22 h 47, le 20 décembre 2021

  • Tout ce bazar, travail des palestiniens, deal Bitar-élections avant et pendant la visite de Guterres m'inspirent soudain un gros doute quand à la "bienveillance" de cette visite....

    Christine KHALIL

    21 h 25, le 20 décembre 2021

  • MIKATI NOUS DÉCLARE QU'IL N'EST PAS CONCERNÉ PAR LES AFFAIRES DU LIBAN ET TOUT CE QUI SE PASSE DANS SON "GOUVERNEMENT". ON LE SAVAIT DÉJÀ, IL EST LE PREMIER MINISTRE POUR SES AFFAIRES SEULEMENT ET LE RESTE NE L'INTÉRESSE PAS. IL LE LAISSE POUR HASSAN NASRALLAH. PAR CONTRE CE DERNIER EST BIEN INTÉRESSÉ PAR TOUT CE SE PASSE AU LIBAN ET S'EN OCCUPE À LA FAÇON CHIAA CHIAA.

    Gebran Eid

    20 h 41, le 20 décembre 2021

  • Les chrétiens auront ainsi reçu deux coups: l'un du tandem chiite au sujet de l'enquête sur le désastre qui a rasé les quartiers beyrouthins à majorité chrétienne, et l'autre du tandem Aoun/Bassil pour priver la diaspora de voter à l'échelle du Liban. Merci Général !

    Youssef Najjar

    19 h 26, le 20 décembre 2021

  • LE THEATRE DES MAFIEUX.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    18 h 32, le 20 décembre 2021

  • Ca c'est l'hypocrisie en plein...Je ne vois pas, je n'entends pas, je ne dis rien...Les caricatures des 3 singes.... Au final, ils viendront tous se réunir au sein du gouvernement sur la base d'un deal diabolique et aux dépends de la justice ....mais Mikati n'aura rien su évidemment. Ca lui passe au dessus. Bizarre...Dans tous les pays qui se respectent, l'éxécutif...C'est là où tout se passe, tout se décide, tout est discuté...Sauf au liban....Au sein du gouvernement " circulez...y a rien à voir"... Allez voir ailleurs...c'est là bas où tout est décidé..TFEH

    LE FRANCOPHONE

    18 h 09, le 20 décembre 2021

  • Mais enfin qui l'a nommé ce juge que tout le monde, enfin presque, honnit ?

    TrucMuche

    18 h 04, le 20 décembre 2021

  • Et ces messieurs décident à la dernière minute comme ils le veulent de ce qui les arrange le mieux et pendant ce temps le peuple meurt de faim et la livre ne va bientôt ne plus valoir vraiment rien de rien ! Merci bande d'escrocs !

    TrucMuche

    18 h 02, le 20 décembre 2021

  • Vous pouvez tous démissionner vous ne faites que voler le peuple et détruire le pays. OUST DEHORS

    Georges Zehil Daniele

    17 h 53, le 20 décembre 2021

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