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Économie - Focus

À l’approche des fêtes, le Liban peine à attirer les touristes

Si le ministre du Tourisme, Walid Nassar, s’est récemment montré optimiste pour la saison, les professionnels du secteur ne le sont pas du tout.

À l’approche des fêtes, le Liban peine à attirer les touristes

Les cèdres du Liban sous la neige. Photo d’archives Marc Fayad.

À l’approche de ce qui est censé être une période chargée pour leur secteur, le Liban est en pénurie de touristes, ont déclaré à L’Orient Today des représentants d’hôtels, de bars et de restaurants. Le pays, dont une grande part de l’économie repose traditionnellement sur le tourisme, a du mal à attirer des visiteurs internationaux, y compris ses propres expatriés, dans un contexte d’instabilité économique et politique continue.

La semaine dernière, lors d’une interview avec al-Hurra TV, le ministre du Tourisme, Walid Nassar, a pourtant projeté des perspectives plutôt optimistes pour cette saison d’hiver, affirmant que les revenus des « packages promotionnels d’hiver » récemment lancés au Liban, parrainés par son ministère et offerts par 38 agences de voyages, atteindront environ 60 millions de dollars. Une agence de voyages a précisé à L’Orient Today que les coûts des forfaits varient entre 300 et 900 dollars par personne.

Cet argent est plus que nécessaire aux secteurs du tourisme et de l’hôtellerie, compte tenu du nombre élevé de fermetures de bars, de restaurants et d’hôtels. Alors qu’ils sont aux prises avec l’effondrement économique, ceux qui restent ouverts ont été contraints d’augmenter leurs prix, devenant inaccessibles à de plus en plus de gens, dans un contexte d’inflation croissante au Liban.

Malgré l’optimisme du ministre pour le mois à venir, le tourisme au Liban n’a déjà pas atteint ses niveaux habituels pendant la saison estivale, normalement une haute saison pour les visiteurs, même après l’assouplissement des restrictions de voyage dans le monde en raison de la pandémie de Covid-19. Selon les chiffres publiés par l’Aéroport international de Beyrouth (AIB), le nombre de passagers arrivant en mai et juin 2021 (387 879) était bien inférieur au nombre d’arrivées au cours de la même période en 2019 (773 432), avant que la pandémie et la crise économique ne sévissent.

Pessimisme ambiant

Les représentants de l’industrie touristique, eux, ne partagent pas l’optimisme du ministre. En 2018, avant la crise, la contribution économique du secteur du tourisme était estimée à 10,4 milliards de dollars, soit 19,1 % du PIB, le deuxième ratio le plus élevé du Moyen-Orient. Le chef de la Fédération des syndicats du tourisme et du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, a déclaré à L’Orient Today que bien que cette année ait connu une amélioration par rapport aux bas niveaux de 2020, le tourisme est aujourd’hui presque inexistant. Selon lui, la majeure partie de l’activité touristique au Liban est interne, les Libanais dépensant de l’argent pour du tourisme local.

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« Les réservations dans les résidences secondaires en montagne à Faraya (Kesrouan) et dans d’autres régions enneigées sont complètes, mais ce sont seulement des Libanais qui planifient leurs vacances. De plus, cela ne concerne pas toutes les régions du Liban », explique-t-il, ajoutant savoir que la plupart des salles n’ont pas prévu de grands événements pour Noël et le réveillon du Nouvel An. Quand bien même ils le feraient, « aucun artiste n’accepterait le tarif proposé au Liban. À la place, beaucoup d’entre eux, qui ont déjà émigré, préfèrent donner leurs concerts du Nouvel An à l’étranger », souligne-t-il.

Au cours de l’été, alors que le Liban souffrait de graves coupures d’électricité, les hôtels ont eu du mal à obtenir suffisamment de carburant pour garder leurs lumières et leurs climatiseurs allumés. « Une chose positive (aujourd’hui), c’est la disponibilité du carburant. Cela nous rassure par rapport aux pannes d’électricité et permet également à nos clients de se déplacer à l’intérieur du Liban sans avoir à se soucier de l’essence », a expliqué à L’Orient Today Charif Samaha, propriétaire de l’hôtel Mayflower à Hamra. Pour son entreprise, poursuit-il, 2020 avait été la pire année à tous points de vue, la crise économique et le Covid-19 plombant le seuil de rentabilité de l’hôtel. « Le Covid-19 fait désormais partie de la norme et n’est plus un souci majeur, explique l’hôtelier. Le problème du tourisme au Liban aujourd’hui, c’est simplement qu’il n’y a pas de touristes. »

Les affrontements du 14 octobre dernier dans le quartier de Tayouné, qui avaient fait des morts et des blessés, ont poussé certains pays à mettre en garde leurs citoyens contre les voyages au Liban. Plus tard, il y a eu le retrait des représentants des monarchies du Golfe au Liban après la diffusion des commentaires du ministre de l’Information Georges Cordahi, désormais démissionnaire, sur la guerre au Yémen. Ces États ont enjoint à leurs ressortissants de ne pas se rendre dans ce pays déjà en difficulté. « Le pays souffre d’instabilité à tous égards, comme les tensions politiques qui se produisent tout le temps et provoquent parfois des affrontements armés, les pays arabes qui interdisent à leurs citoyens de se rendre au Liban et tous les pays qui conseillent à leurs citoyens d’éviter le Liban », ajoute M. Samaha.

Ce dernier explique que les réservations dans son hôtel pendant cette période de pointe sont bien inférieures à celles des années avant 2019. « Avant 2011, nous affichions complet d’octobre à février. Cela a diminué au fil des ans, mais nous étions toujours complets en décembre », dit-il. « Maintenant, beaucoup d’Irakiens viennent au Liban, ce qui est un nouveau phénomène et une grande aide », poursuit-il.

Ce n’est pas tout. D’autres propriétaires d’hôtels soulignent les problèmes liés aux services de base que le pays ne fournit pas. Nazih Dirani, copropriétaire de Hamra Urban Gardens, un hôtel qui comprend également le restaurant Em Nazih et Pool d’État, un bar sur le toit avec piscine, a qualifié à L’Orient Today de « catastrophe » la défaillance des services de télécommunication dans le quartier de Beyrouth où se situe son entreprise, affectant son activité. « Quand les touristes détectent un signal de réseau faible, ils deviennent paranoïaques. C’est de l’acquis dans leur pays et c’est leur seul moyen de communication avec leurs amis et leurs parents », décrit-il. « En plus, ma machine à cartes de crédit ne fonctionne pas depuis deux semaines à cause de ce mauvais signal, ce qui décourage également le nombre de clients qui choisiraient de venir », ajoute-t-il.

En plus d’un service mobile médiocre, Nazih Dirani affirme que le manque d’éclairage dans le quartier de Hamra fait fuir les clients potentiels. « C’est très malheureux. Il fut un temps où Hamra était le centre de la vie nocturne de tout le Liban », dit-il. « Aujourd’hui, tout est fermé et la rue n’est même plus éclairée. » Les clients prennent facilement peur en ce moment, selon lui. « Nous avions prévu un événement vendredi dernier à Em Nazih lorsqu’une petite manifestation s’est déclenchée près de la banque centrale. Résultat ? Toutes les réservations ont été annulées », déplore-t-il.


La région de Bisri. Photo A.M.

Le Covid-19 pose toujours problème

Près de deux ans après l’émergence de l’épidémie de Covid-19, le virus pose toujours un problème pour l’industrie du tourisme. En décembre 2020, les syndicats des bars, restaurants et hôtels ont réussi à faire pression sur les autorités pour qu’elles ouvrent le pays malgré l’augmentation du nombre de cas de Covid-19, arguant qu’une vie nocturne animée rapporterait de l’argent bien nécessaire. Les restrictions laxistes ont été suivies d’un énorme pic de cas et de décès de Covid-19 et finalement d’un confinement long et douloureux qui a nui au secteur de l’hôtellerie.

La semaine dernière, le ministère de la Santé a annoncé de nouvelles mesures pour tenter de contenir le nombre croissant de cas de Covid-19 et la propagation potentielle du nouveau variant Omicron. Les mesures comprennent des restrictions sur le nombre d’invités que les bars et les restaurants sont autorisés à recevoir et des couvre-feux nocturnes pour les personnes qui n’ont pas reçu au moins une dose de vaccin. Elles interdisent également aux établissements l’entrée aux personnes non vaccinées ou qui ne peuvent pas fournir un test PCR effectué 48 heures avant l’entrée.

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« Je trouve ces mesures amusantes. Ils pensent vraiment que les forces de sécurité ont suffisamment de temps et de ressources humaines pour superviser tout cela, surtout avec tous les agents de sécurité qui fuient le pays ? » s’exclame Nazih Dirani, évoquant les informations selon lesquelles des agents de sécurité auraient quitté leurs postes alors qu’ils luttaient pour joindre les deux bouts avec des salaires se dépréciant rapidement.

Le gérant de Luna’s Kitchen partage cet avis, affirmant qu’il ne croyait pas que les mesures contre le Covid-19 puissent être mises en œuvre. « Que sommes-nous censés faire ? Enquêter sur chaque personne pour savoir si elle est vaccinée ou a subi un test PCR ? » confie-t-il à L’Orient Today. « Nous voulons éviter une autre crise sanitaire après l’année dernière et, si je suis d’accord sur le principe, l’approche la plus réaliste consiste simplement à limiter la capacité à 50 % », ajoute-t-il.

Interrogé sur la propagation du Covid-19 après l’ouverture du pays pour les fêtes de fin d’année en 2020, Pierre Achkar affirme, lui, que l’augmentation des cas ne provient pas de rassemblements dans des lieux publics, mais de « fêtes à la maison ». « La plupart des cas signalés proviennent de ces fêtes à la maison, où il y a une concentration de gens dans un très petit endroit, déclare-t-il. Je pense que l’ouverture des lieux publics, des bars et des restaurants pendant cette saison est sûre et peut être plus facilement surveillée. »

Enfin, Sami Chenaihi, propriétaire du bar Vagabond à Badaro a déclaré à L’Orient Today que sa famille ne viendra pas célébrer les fêtes de fin d’année au Liban en raison de la crise sanitaire, qui provoque également des pénuries de matériel médical dans les hôpitaux. « Un membre de ma famille est malade. Ils ne peuvent tout simplement pas risquer leur santé et venir ici pour célébrer sachant que les hôpitaux du pays manquent de matériel », souligne-t-il.

(Cet article a été originellement publié en anglais sur le site de « L’Orient Today » le 11 décembre).

À l’approche de ce qui est censé être une période chargée pour leur secteur, le Liban est en pénurie de touristes, ont déclaré à L’Orient Today des représentants d’hôtels, de bars et de restaurants. Le pays, dont une grande part de l’économie repose traditionnellement sur le tourisme, a du mal à attirer des visiteurs internationaux, y compris ses propres expatriés, dans un...

commentaires (9)

il n y aura pas des touristes tant cette bande de mafieux dirige le Liban , Adieux mon Liban que je t aime tant. un ministre sans ministere , un premier ministre sans pouvoir ni responsable on decide à sa place : pauvre Liban , que dieu aide les libanais

barada youssef

15 h 11, le 14 décembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • il n y aura pas des touristes tant cette bande de mafieux dirige le Liban , Adieux mon Liban que je t aime tant. un ministre sans ministere , un premier ministre sans pouvoir ni responsable on decide à sa place : pauvre Liban , que dieu aide les libanais

    barada youssef

    15 h 11, le 14 décembre 2021

  • C'est triste pour le dire mais je pense que la faiblesse du LL (lire libanaise) ca va attirer des touristes simplement car ils recoivent plus de lires libanaises pour leurs dollars.

    Stes David

    14 h 20, le 14 décembre 2021

  • serieusement, non VRAIMENT, pour quelle raison le libanais voudrait passer des vacances au Liban- a part embrasser pap et maman ? mais a quel prix? au prix des dechets qui envahissent toutes les rues & le moustiques qui envahissent les maison ? au prix d'une ville noire faute de courant electrique ? au prix de menus dangereux a avaler car conservation douteuse ? au prix de boissons, sinon frelatees tres souvent d'origines inconnues servies dans les bars ? au prix de devoir justement temoigner de l'enfer, rapporter avec eux un gout de culpabilisation de devoir laisser derriere eux leurs bien aimes ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 22, le 14 décembre 2021

  • OLJ, ENCORE LES PLUS MAIGRES ARTICLES ET NOUVELLES SUR LA SCENE MONDIALE QUI ABONDE EN MEGA INTERESSANTES NOUVELLES. DE GRACE FAITES QUELQUE CHOSE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 12, le 14 décembre 2021

  • en raison de la situation actuelle, insécurité, instabilité de la monnaie locale et vu les tarifs prohibitifs pratiqués par nos "professionnels de tourisme, le touriste n'a aucune envie de passer des fêtes au Liban, à titre indicatif , sur internet l'on voit les tarifs à foison..... Portugal en Decembre286 séjours à partir de180€ Espagne en Decembre239 séjours à partir de213€ Iles Canaries en Decembre640 séjours à partir de185€ Iles Baleares en Decembre6 séjours à partir de282€ Madere en Decembre191 séjours à partir de385€ Tunisie en Decembre463 séjours à partir de237€ , si l'on compare avec un studio à Faraya qui revient à 150 dollars la nuitée...le choix est vite fait, d'autant qu'il faut montrer pate blanche pour accéder à ces logements de rêve ... 2 heures d'électricité par jour, une eau saumâtre qui coule des robinets et pour tout confort un lit superposé disposant de matelas épais comme une feuille de brique....

    C…

    07 h 54, le 14 décembre 2021

  • Vous oubliez une autre grande plaie qui décourage la diaspora de venir au Liban qui l’aéroport de Beyrouth qui est une catastrophe à tous les points de vue

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 38, le 14 décembre 2021

  • LE MINISTRE, C'EST LUI QUI A RAISON. ON A LE HEZBOLLAH ET SES 100 000 MILICES ARMÉES ET ENTRAINÉES QUI VONT NOUS ACCUEILLIR À L'AÉROPORT ET S'EN OCCUPER SÉRIEUSEMENT DE NOTRE SÉCURITÉ. C'EST VRAIMENT TRÈS ATTIRANT COMME ATOUT.

    Gebran Eid

    05 h 31, le 14 décembre 2021

  • Les services encore... Oubliez donc ces activités du "Cartel"! D’après les idéologues économistes "progressistes" du Hezbollah formés dans les années 70 dans les pays de l'Est, le Liban va se transformer prochainement en une "Economie Productive" avec des usines métallurgiques, des exploitations agricoles style Kolkhoze et des raffineries de pétrole et de gaz géantes qui vont absorber la surnatalité massive qu'ils encouragent...

    Mago1

    01 h 17, le 14 décembre 2021

  • Avec des soirées explosives à l'O2 et des journées avec le dernier COVID Au-micro, au lieu de nos traditionnels animateurs, le ministre de la ballade n'a plus qu'à offrir des plages au plastiques tout récent et de l'air pur aux arômes mazoutés des générateurs... Wou ntor ya kdish ta yinbout caphta-hone...

    Wlek Sanferlou

    00 h 51, le 14 décembre 2021

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