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Nos Lecteurs ont la Parole

Le cercle des « dépôts disparus » !

Revisitant l’histoire du monde, je n’ai pas réussi à trouver un antécédent au destin de l’épargne du simple citoyen libanais confiée aux banques libanaises.

Ayant eu confiance en la politique monétaire de la BDL (Banque du Liban), les Libanais ont confié leur épargne aux partenaires financiers de cette dernière qui furent pour la plupart des banques libanaises. À partir de là, les rôles furent parfaitement répartis : les banques offraient ces dépôts, en contrepartie de taux d’intérêt astronomiques, à l’abattoir de la BDL. La BDL s’en servait à cœur joie, principalement pour maintenir le taux de change de la livre libanaise et pour fournir les fonds nécessaires au fonctionnement du secteur public. Corruption, gaspillage, délits d’initiés, malversations, mauvaise gestion… ces fonds ont été à leur tour aspirés, pendant 30 ans, par l’aménagement politique au pouvoir sous la protection d’un réseau judiciaire à sa merci. Les dépôts, dilapidés, ont été réduits à de simples écritures comptables, d’où la crise financière et bancaire actuelle.

Le médiatique, parfois même flatteur de cet aménagement, a laissé longtemps l’opinion publique dans l’ignorance des rouages cette machination. Quant au religieux, il protégeait tout ce beau monde grâce aux « lignes rouges » imposées par le ciel ! Chacun y trouvant son intérêt, comme à l’École des fans, tout ce monde a gagné… à part le simple citoyen.

Entre le monéto-financier, le politique, le médiatique et le religieux se dessine clairement la quadrature du « cercle des dépôts disparus ».

Le tout sous les yeux bienveillants d’une communauté internationale, en surabondance d’analystes économiques, d’ambassadeurs, d’émissaires, de chercheurs, d’instituts, de banques mondiales et non mondiales, de logarithmes de renseignement archisophistiqués produisant des prévisions stratégiques et économiques concernant la moindre ruelle des 195 pays qui forment l’ONU, et pour les 50 ans à venir. Mais c’était comme si rien ne se passait sous le soleil du Liban !

Grâce à un flux permanent de nouveaux capitaux trompés par l’éldorado de nos taux d’intérêt, ce montage fonctionnait à merveille et continuait à camoufler le trou noir qui se creusait dans les caisses des banques. Mais peut-être pas dans celles des banquiers ; ou celles des membres de leurs conseils d’administration ; ou celles de leurs directeurs du premier et second rang, arrosées par les profits générés de la différence entre les intérêts encaissés de l’État libanais et ceux payés aux déposants.

En 2016, avec une pénurie de nouveaux capitaux, cette machine s’est grippée. Alors BDL, banques, politiques… sentant la chaleur, ont joué leur dernière carte : la fameuse « ingénierie » financière couplée à des taux d’intérêt encore plus renversants pour leurrer l’épargne en devises étrangères de la sixième génération des Libanais (et non-Libanais), marchands de boutons depuis plus de 100 ans, dans la banlieue la plus lointaine de Montevideo !

Avec leurs hordes d’experts, diplômés des plus éminentes universités du monde, il serait aberrant de présumer que les directions de la plupart des banques libanaises n’ont pas induit leurs clients en erreur et furent complètement surprises, stupéfaites et même ahuries par la crise actuelle.

Au matin du 18 octobre 2019, derrière le rideau de fumée des pneus qui brûlaient, commençait alors le génocide des droits des déposants en devises étrangères, perpétré à travers une série de circulaires de la BDL et autres artifices des banques commerciales. Les tentatives de capitalisation, les opérations de change à 1 500 LL, à 3 900 LL, et même à 12 000 LL, et les chèques libellés en dollars – et non en lollars, car cette appellation porte préjudice aux droits des déposants – et sacrifiés par ces derniers sous la contrainte de la crise économique au cinquième de leur valeur ont presque achevé le travail ! Avec comme conséquence l’effondrement de la valeur du taux de change de notre monnaie nationale, noyée par la machine à billets de la BDL.

Afin de rembourser les éventuels derniers irréductibles déposants, le « cercle » essayera, un jour ou l’autre, de vendre les avoirs de l’État libanais, qui appartiennent déjà au peuple. Si ce jour-là devait arriver, ces gens seraient remboursés de leur propre argent. Chapeau, le crime serait alors parfait !


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