Le chef druze libanais Walid Joumblatt a regretté samedi que certains ministres conditionnent l'organisation d'une réunion du gouvernement à une décision au sujet de l'enquête sur les explosions au port de Beyrouth. Pour lui, cette situation "bloque le redressement de l’État", en plein effondrement et alors que le cabinet de Nagib Mikati ne s'est pas réuni depuis deux mois.
Lors d'un événement organisé avec "l'union des femmes" du Parti socialiste progressiste, M. Joumblatt a appelé les dirigeants à "cesser de fuir la loi", déplorant qu'après des dizaines d'assassinats et tentatives d'assassinats, notamment au début des années 2000, "aucun mandat d'arrêt n'a été lancé". "Après la tentative d'assassinat collectif de Beyrouth et son port, qui a fait des centaines de martyrs, nous sommes toujours au seuil de l'enquête et personne ne veut que celle-ci se poursuive", a-t-il regretté. "Cette situation bloque aujourd'hui le redressement de l’État" vu que certains responsables "ont lié l'enquête au Conseil des ministres", a-t-il fait valoir, soulignant que "plus le gouvernement tarde à se réunir, plus la crise s'aggrave et plus les réformes exigées tardent à être instaurées, notamment la mise en place d'un programme commun avec les instances internationales pour tenter de freiner l'effondrement du pays". M. Joumblatt a aussi déploré le fait que le gouvernement ne se soit pas réuni suite à la démission de l'ancien ministre de l'Information Georges Cordahi, après que des déclarations de ce dernier ont tendu les relations entre le Liban et les pays du Golfe. "Il semble interdit que le gouvernement se réunisse tant que l'enquête n'est pas à l'ordre du jour", a noté le chef druze.
L'équipe ministérielle de Nagib Mikati, mise en place le 10 septembre dernier, ne s'est pas réunie depuis deux mois, en raison de conflits politiques internes au sujet de l'enquête dans l'affaire du port de Beyrouth. Le tandem chiite Amal-Hezbollah boycotte en effet le gouvernement jusqu'à ce que le juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction, soit dessaisi. Les chiites, ainsi que d'autres responsables politiques poursuivis, notamment l'ancien Premier ministre Hassane Diab et l'ex-ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, réclament que la Haute Cour chargée de juger les présidents et les ministres soit mise en place et estiment que le magistrat est incompétent à ce niveau.
Augmentation de l'inflation
S'exprimant au sujet de la décision prise par la Banque du Liban (BDL) de hausser le taux du "dollar libanais" de 3.900 LL à 8.000 LL, le leader druze a estimé que "les tentatives effectuées par la banque centrale en l'absence de programme clair élaboré avec les compagnies internationales ne mèneront malheureusement qu'à un effondrement supplémentaire de la livre libanaise et une augmentation de l'inflation". "L'augmentation de l'inflation signifie davantage de malheurs et une augmentation des prix et du monopole dans certaines banques et chez certains changeurs", a-t-il ajouté.
La BDL avait modifié jeudi les modalités de retrait de "dollars bancaires", encore appelés "dollars libanais" ou "lollars" (à savoir ceux déposés sur des comptes soumis à des restrictions bancaires depuis le début de la crise au second semestre 2019). La nouvelle circulaire permet désormais de les retirer au taux de 8.000 livres pour un dollar, au lieu de 3.900 livres jusqu'à présent, avec un plafond de 3.000 dollars par mois. Le taux officiel du dollar demeure toutefois fixé à 1.507,5 LL, tandis qu'il s'échange à plus de 25.000 LL sur le marché parallèle. Après l'annonce de la Banque du Liban, la livre a connu un nouveau record de dépréciation vendredi et atteint un pic de de 26.000 LL pour un dollar.
Le fait d’avoir accepté qu’un gouvernent soit formé sur mesure n’augurait rien de bon. Tout le monde le savait et ils ont tous gardé le silence et ont laissé faire. Que croyaient ils en fait, que les milices vendus avec leurs alliés pourris allaient laisser le pays s’en sortir après tout le mal qu’ils s’étaient donnés pour le mettre à genoux afin de le dominer sinon l’achever? Ils viennent après coup constater les dégâts et nous bassiner avec leurs discours qui ne mangent pas de pain et lorsqu’il s’agit de prendre position pour stopper net ces usurpateurs, ils se divisent et s’éparpillent laissant ces vendus devenir de plus en plus fort puisqu’aucun front uni et fort n’a encore vu le jour pour se mettre en travers de leurs projets afin de les isoler et les anéantir.
15 h 24, le 13 décembre 2021