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Lifestyle - Danse

La Journée du tango, à célébrer joue contre joue, de préférence masqué

Comme la passion, le tango est un oiseau rebelle que même le Covid-19 ne peut calmer et qui continue avec ses gestes lents à enivrer ses aficionados.

La Journée du tango, à célébrer joue contre joue, de préférence masqué

Mona Maris et Carlos Gardel dans le film « Cuesta Abajo » (1934). Photo Meridiano Tango/Creative Commons

Demain, aux États-Unis comme partout ailleurs dans le monde, sera célébrée la Journée du tango qui fut lancée par le compositeur, producteur et découvreur de talents argentin Ben Molar. Pour ce faire, il a eu recours en 1965 au secrétaire à la culture de la municipalité de la ville de Buenos Aires avant d’obtenir l’approbation des plus de vingt organisations artistiques de l’époque. Le 19 décembre 1977, le Parlement argentin adoptait un décret instituant la Journée nationale du tango le 11 décembre. Cette date a été choisie pour célébrer le double anniversaire de deux grands de la discipline, Julio de Caro, un ami personnel de Molar, et Carlos Gardel, tous deux nés un 11 décembre. Violoniste et chef d’orchestre argentin, Julio de Caro (1899-1980) était également compositeur de musique de tango et fondateur de l’école La Musique qui forma de grands noms, dont Astor Piazzolla. Également très célèbre, le chanteur et compositeur Carlos Gardel (1890-1935), surnommé la « Voix » du tango, était considéré comme la figure la plus importante de ce genre musical de la première moitié du XX siècle. Son œuvre et sa voix ont été classées Mémoire du monde de l’Unesco depuis 2003. Trois ans plus tard, le tango était à son tour inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. Une consécration récente qui va de pair avec un retour à cette danse envoûtante où les partenaires sont physiquement très proches, animés par la fièvre du « joue contre joue ». Depuis qu’ils ont eu la possibilité de se faire vacciner, les passionnés de ces corps-à-corps ont repris le chemin des milongas. Certains avec leur masque et d’autres, plus intrépides, à visage découvert.


Le tango, entre passion, sensualité et poésie. Photo Bigstock

Le monde entre dans la danse

Les milongas, c’est à la fois un style et ces lieux où l’on s’adonne jusqu’à plus soif au tango argentin. Toutes les villes du monde ont les leurs, souvent localisées dans une région habitée par des personnes d’origine sud-américaine. Du côté des faubourgs populaires Rio de la Plata de Buenos Aires ou de Montevideo, son alter ego en Uruguay, berceaux de cette danse, on n’a presque jamais cessé de répondre à l’appel du bandonéon. Quitte à enfreindre, en pleine pandémie, les règles de distanciation et de confinement. C’est le tango, c’est un langage, un legs et un véritable mode de vie ancrés dans la culture argentine. Tout en sensualité, cette danse est née au début du XIXe siècle dans les quartiers les plus pauvres de Buenos Aires. Elle a d’abord rallié des personnes de diverses origines, africaine, antillaise et indigène, avant de conquérir plus tard des immigrants européens. Toutes ces cultures ont fusionné dans une danse mêlant à la fois fougue, sensualité et poésie. Le tango a connu son heure de gloire durant les années folles, entraînant dans son sillage le monde entier. Légèrement oublié entre 1950 et 1980, il connaît un succès international depuis. Un reportage effectué à ce sujet à Buenos Aires par le quotidien britannique The Guardian reflète l’attachement viscéral des Argentins, en toutes circonstances, à cette danse devenue nationale qu’ils ont dans le sang. « L’enlacement est thérapeutique pour nous. C’est un baume qui maintient le désir de vivre » ; « Pour beaucoup de gens, en particulier ceux qui partent à la retraite, le tango est devenu un hobby et un mode de vie », pouvait-on lire parmi les témoignages rapportés. Même les grands écrivains, de Julio Cortázar à Jorge Luis Borges en passant par Roberto Arit et Leopoldo Marechal, y ont succombé. Vers la fin de sa vie, Cortázar avait même confié : « En réfléchissant un peu, je comprends que, au fond, j’ai toujours écrit pour le tango. »

Une mythologie fascinante

Jorge Luis Borges n’a pas tari sur toute la symbolique du tango, comme l’avait révélé le journaliste Nardo Zalco, auteur et historien, un spécialiste du genre, lui aussi bien évidemment un natif du pays. « Borges assura un jour qu’“au ciel nous attend, nous les Argentins, l’idée platonicienne du tango” », avait dit Zalco. Il avait, en 1955, ajouté à la version première de son livre Evaristo Carriego un chapitre dédié à l’histoire du tango, plus littéraire qu’historique. Fasciné par cette danse mythique, il avait également rédigé un poème intitulé Tango. Dans son récit L’Homme au coin du mur rose, il avait exprimé le sentiment que « le tango faisait ce qu’il voulait de nous »… Il signera aussi plusieurs paroles de chansons-tangos, notamment pour Astor Piazzolla.


Le tango, entre passion, sensualité et poésie. Photo Bigstock

Une « MisaTango » à Beyrouth

Aujourd’hui, et grâce au vaccin qui le permet, outre la Journée du tango, les nombreuses communautés de tangeros se retrouvent aux quatre coins du monde, les festivals refont leur apparition en invitant les habitués à s’y joindre.

Beyrouth s’y met également avec une performance intitulée MisaTango que présenteront les chœurs de l’USJ le 22 décembre à 21 heures à l’église des pères jésuites. Cette œuvre chorale créée il y a vingt ans par le compositeur argentin Martín Palmeri est bâtie sur les mêmes mouvements qu’une messe latine classique, à laquelle se mêlent les harmonies et les rythmes syncopés du tango. Le compositeur a ainsi introduit dans la partition l’instrument emblématique du tango, le bandonéon, aux côtés d’un orchestre à cordes et d’un piano. L’orchestre JML, sous la direction de Yasmina Sabbah, avec la soprano Lara Jokhadar, Pasquale Lancuba au bandonéon, Vincenzo de Filippo au piano et Mario Rahi au violon, interprétera également des airs de l’incontournable Astor Piazzolla.

Demain, aux États-Unis comme partout ailleurs dans le monde, sera célébrée la Journée du tango qui fut lancée par le compositeur, producteur et découvreur de talents argentin Ben Molar. Pour ce faire, il a eu recours en 1965 au secrétaire à la culture de la municipalité de la ville de Buenos Aires avant d’obtenir l’approbation des plus de vingt organisations artistiques de...
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