
Une vue aérienne de la parcelle creusée par l’entrepreneur pour construire une station-service et des dégâts occasionnés à la forêt. Photo Terre-Liban
Le ministre de l’Environnement Nasser Yassine a envoyé une lettre au ministère de l’Intérieur dans laquelle il demande l’arrêt des travaux de construction d’une station-service à l’une des entrées de la forêt de Baabda. Cette information a été partagée par l’ONG Terre Liban, qui milite depuis des décennies pour la protection de cet espace vert, le plus grand qui demeure inviolé dans les alentours du Grand Beyrouth, classé en 2016 comme un « lieu important pour la biodiversité au Liban » par Bird Life International et Critical Ecosystem Partnership Fund (CEPF). « Le ministère de l’Environnement appelle (le ministère de l’Intérieur) à interdire la reprise des travaux pour la création de la station », peut-on lire dans le texte dont l’ONG a publié une copie. Une initiative qui, selon Paul Abi Rached, directeur de Terre Liban, pourrait mettre un terme au litige concernant le devenir de la forêt, connue aussi sous le nom de « forêt des moines », et menacée depuis des années.
« L’avis du ministère de l’Environnement est incontournable dans cette affaire. Sa décision va dans le sens de nos demandes. outre les arguments écologiques et le risque de pollution de la forêt, l’emplacement de la future station-service controversée est extrêmement dangereux, sans compter qu’elle est trop proche d’une autre station dans le secteur, ce qui est contraire à la loi », explique M. Abi Rached à L’Orient-Le Jour. Il ajoute : « Lorsque Nasser Yassine envoie une telle note au ministère de l’Intérieur, cela veut dire qu’il s’adresse par son biais au mohafez qui, lui, octroie les permis pour les stations-service. » Ce lopin de verdure fait l’objet d’une querelle depuis 2017 entre les écologistes de Terre Liban et des habitants mécontents, d’une part, et un entrepreneur qui loue une parcelle de la forêt au couvent des pères antonins, d’autre part. L’entrepreneur, dont le projet est de construire une station-service à l’une des entrées de la forêt, a déjà arraché de nombreux arbres et creusé une partie du terrain, situé au niveau d’un virage dangereux. Il avait été forcé d’arrêter les travaux en mai dernier, après une intervention de la municipalité de Baabda, hostile au projet et qui n’avait pas donné son accord pour la construction de la station. « Nous demandons au ministre de l’Environnement de transformer cet espace vert, un des derniers à subsister au milieu du paysage bétonné du Grand Beyrouth, en réserve naturelle », poursuit M. Abi Rached, qui appelle à clore le dossier et à garantir la préservation de la forêt des moines. Dans un rapport publié en mai dernier, Georges Tohmé, président du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) et grand expert en biodiversité, rappelle que la forêt de Baabda abrite 425 espèces de plantes et 201 espèces d’animaux, dont 7 espèces d’oiseaux menacés d’extinction et 5 espèces de plantes qui n’existent qu’au Liban. La forêt des moines abrite également de nombreux pins d’Alep (Pinus halepensis), une variété de pins en voie de disparition dans le pays.
Le ministre de l’Environnement Nasser Yassine a envoyé une lettre au ministère de l’Intérieur dans laquelle il demande l’arrêt des travaux de construction d’une station-service à l’une des entrées de la forêt de Baabda. Cette information a été partagée par l’ONG Terre Liban, qui milite depuis des décennies pour la protection de cet espace vert, le plus grand qui demeure...
commentaires (7)
Qui habite à Baabda ?
Eleni Caridopoulou
17 h 59, le 06 décembre 2021