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Économie - Contrôle des capitaux

Salamé a demandé une « couverture politique » en 2019

Salamé a demandé une « couverture politique » en 2019

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, est pointé du doigt pour sa responsabilité dans la crise économique et financière que le pays subit depuis plus de deux ans. Photo d'archives AFP

Décidément très présent dans les médias depuis une grosse semaine, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a affirmé dans un entretien accordé à la reporter de la chaîne OTV Joëlle Bou Younès – mais publié sur la page personnelle de cette dernière – qu’il avait sollicité en 2019 « par écrit » une « couverture politique » auprès des trois présidents (de la République Michel Aoun, du Conseil des ministres de l’époque Saad Hariri et du Parlement Nabih Berry).

Le gouverneur, qui est pointé du doigt par certains pour sa responsabilité dans la crise économique et financière que le pays subit depuis plus de deux ans et qui fait aussi l’objet d’enquêtes judiciaires au Liban et dans plusieurs pays européens pour des infractions financières présumées impliquant également des membres de son entourage, a précisé qu’aucun des trois responsables n’avait répondu à sa requête. Il a ajouté que « plusieurs prises de position opposées » à l’instauration d’une loi réglementant les restrictions bancaires pour limiter la fuite des capitaux au début de la crise s’étaient manifestées au sein du Parlement.

Riad Salamé a souligné que les députés n’ont d’ailleurs toujours pas adopté de loi réglementant les restrictions imposées unilatéralement par les banques depuis la fin de l’été 2019, des mesures éparses grossièrement harmonisées par l’Association des banques (ABL) en novembre de la même année. Il a ajouté que le fait que des déposants aient pu exfiltrer leur argent du pays pendant que d’autres se voyaient refuser cette option était répréhensible sur le plan éthique, sans toutefois être « illégal ». Il a enfin qualifié de « mythe » les opinions indiquant que le gouverneur de la banque centrale était en mesure de « savoir à partir de quels comptes » des fonds avaient été transférés hors du pays.

C’est l’une des rares fois que le gouverneur affirme aussi explicitement avoir demandé une couverture aux responsables politiques du pays dès 2019, pour instaurer un contrôle des capitaux. Jusqu’ici, il avait soit affirmé que de telles restrictions ne seraient pas mises en place (conférence de presse à la BDL le 11 novembre 2019), soit déclaré avoir proposé aux responsables politiques d’instaurer un contrôle des capitaux au début de la crise mais que ces derniers avaient refusé cette option (entretien sur France 24 le 9 janvier 2021). Pour rappel, le code de la monnaie et du crédit ouvre, selon plusieurs juristes, la possibilité pour la banque centrale de restreindre la circulation des capitaux pour protéger la monnaie nationale et le système financier. Une prérogative pouvant être exercée de manière exceptionnelle et limitée dans le temps, le temps justement que le Parlement adopte une loi.

Ce nouvel entretien du gouverneur a été diffusé mercredi alors que les commissions parlementaires mixtes se sont réunies au Parlement pour débattre de la version finale d’un projet de loi instaurant un contrôle des capitaux. Le texte final doit en principe réunir plusieurs propositions préparées par des députés de la commission des Finances et du Budget et de celle de l’Administration et de la Justice, élaborées il y a plusieurs mois mais sur lesquelles le suivi a été intermittent. La réunion de mercredi s’est d’ailleurs terminée par un report de séance sans résultats annoncés, dans une ambiance tendue selon une source informée.

Selon le vice-président du Parlement Élie Ferzli, les commissions ont donné une semaine au groupe chargé des discussions techniques avec le Fonds monétaire international pour rapporter les éventuelles recommandations de l’instance concernant les dispositions qu’une telle loi devrait contenir. La Banque mondiale pourrait également apporter ses observations, selon Élie Ferzli.

Il reste que certains experts jugent l’adoption d’une loi sur le contrôle des capitaux contre-productive à ce stade, vu que la finalité du texte était d’éviter que des déposants – y compris parmi les banquiers et ceux de la classe politique – sortent massivement leurs devises du pays, ce qui s’est finalement produit selon plusieurs sources bien informées, dont l’ex-directeur général des Finances, Alain Bifani.

Lancés en mai, les contacts avec le FMI en sont encore au stade des discussions « techniques », où la question de l’approche pour estimer et répartir les pertes financières du pays sera décisive. C’est ce point sur lequel la partie libanaise était en désaccord interne au printemps 2020 – divisée entre le camp du gouvernement de Hassane Diab d’un côté et l’ABL, la BDL et certains députés de l’autre -, qui avait d’ailleurs fait échouer la première session de discussions en juillet de la même année.


Décidément très présent dans les médias depuis une grosse semaine, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a affirmé dans un entretien accordé à la reporter de la chaîne OTV Joëlle Bou Younès – mais publié sur la page personnelle de cette dernière – qu’il avait sollicité en 2019 « par écrit » une « couverture politique » auprès des trois présidents (de...

commentaires (5)

Tous les dirigeants politiques (présidents, ministres, députés, chefs de parti, chef de milice….) quel que soient leur bord politique doivent être jugés pour corruption, vol et destruction de l’Etat Libanais. Dans le box des accusés doivent aussi être jugés les hauts fonctionnaires à leur tête le gouverneur de la BdL ainsi que tous les actionnaires et les dirigeants des banques commerciales. Si tout ce beau monde rendait l’argent détourné et volé, on résoudrait 90% du problème

Lecteur excédé par la censure

10 h 25, le 02 décembre 2021

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Commentaires (5)

  • Tous les dirigeants politiques (présidents, ministres, députés, chefs de parti, chef de milice….) quel que soient leur bord politique doivent être jugés pour corruption, vol et destruction de l’Etat Libanais. Dans le box des accusés doivent aussi être jugés les hauts fonctionnaires à leur tête le gouverneur de la BdL ainsi que tous les actionnaires et les dirigeants des banques commerciales. Si tout ce beau monde rendait l’argent détourné et volé, on résoudrait 90% du problème

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 25, le 02 décembre 2021

  • en somme, en conclusion, synthese defi itive : les banquiers ont prouve etre beaucoup plus nocifs, beaucoup plus mafieux, beaucoup plus délétère · dangereux · désastreux · destructeurs · dissolvants · dommageables · exterminateurs,que le plus pire parmi les KELLON.

    Gaby SIOUFI

    10 h 00, le 02 décembre 2021

  • Le deposant honnete ordinaire, qui a laisse ses economies dans son pays, ne pouvait pas savoir qu’elles etaient en danger depuis des annees. Les « responsables », qui nous abreuvaient de declarations quotidiennes rassurantes (mais qui entretemps nous volaient) ainsi que les banquiers, savaient tres bien que la dette de l’Etat ne pouvait plus etre remboursee et que l’on allait vers l’enfer. Tous ces acteurs Salame, les banquiers, Aoun , Berri, les ministres des finances et autres, les presidents du conseil , sont tous penalement responsables et doivent etre juge’s. Traiter ces gens de voleurs ne devrait en aucun cas etre censure’ par votre journal !!!

    Goraieb Nada

    08 h 01, le 02 décembre 2021

  • Alors si j ai bien compris il est légal de permettre à certains d exfiltrer leurs avoirs financiers et d autres non Il faudra que l on explique cela aux déposants Je ne peux croire que tous les banquiers ne savaient pas qu ils participaient activement à la construction de la pyramide de Charles ponzi

    fadi labaki

    20 h 13, le 01 décembre 2021

  • Couverture ou non , le pays est en faillite et personne de cette caste politique actuelle ne pourra le sauver , et les responsables du haut de la pyramide jusqu’ au dernier planton dans les banques en sont responsables

    Antoine Sabbagha

    19 h 29, le 01 décembre 2021

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