
Le patriarche maronite, Béchara Raï. Photo d'archives NNA
Le patriarche maronite, Béchara Raï, a fustigé, de nouveau, dimanche soir le rôle du Hezbollah dans la crise gouvernementale, estimant que le recours à "l'intimidation, au moyen des armes ou de l'influence, ne permet pas de construire une nation". Lors d'un entretien au cours d'une émission de la chaîne LBCI, le chef de l'Eglise maronite a également déploré que le Liban se dirige vers un "changement radical", notamment de régime et d'identité, marqué par le non-respect de la Constitution.
Le dignitaire religieux s'est également dit "opposé à une démission du gouvernement", accusant des "saboteurs" de bloquer les réunions du Conseil des ministres, ce qui constitue selon lui un "crime envers le pays et les citoyens". "Nous sommes devenus la risée de tous les pays du monde", a-t-il lancé. Le gouvernement de Nagib Mikati, formé le 10 septembre dernier, ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre, les ministres chiites réclamant le déboulonnement du juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction sur les explosions meurtrières au port de Beyrouth le 4 août 2020. A ce propos, le cardinal Raï a appelé au respect du principe de séparation des pouvoirs, estimant que les prérogatives judiciaires sont "aux mains des juges et non du gouvernement et du Parlement".
Pas d'intervention dans l'affaire de Tayouné
"Ce n'est pas en ayant recours à l'intimidation, en interne et à l'extérieur du pays, au moyen d'armes et d'une influence, que l'on peut construire une nation", a déclaré Mgr Raï, dans une allusion claire au Hezbollah, seul parti encore armé au Liban. Il a encore indiqué ne pas avoir accueilli à Bkerké de responsables "qui provoquent le blocage gouvernemental". "Le Hezbollah n'a pas demandé de rendez-vous" pour une visite officielle au siège du patriarcat, a-t-il précisé.
Revenant sur la tournée qu'il avait effectuée fin octobre auprès des trois pôles du pouvoir pour tenter de trouver une solution à la crise politique, le patriarche a réfuté avoir parrainé une initiative visant à ce que les responsables politiques soient jugés devant la Haute Cour pour les présidents et ministres, comme le réclament le tandem chiite et les responsables poursuivis, tout en laissant M. Bitar en charge du reste de l'enquête. "Nous avons simplement évoqué une étude faite à ce sujet devant les trois présidents", a-t-il souligné, se défendant d'avoir proposé un "troc contre le sang des victimes" du 4 août, comme il en avait été accusé. "Je suis en faveur d'enquêtes menées jusqu'au bout et soutiens le juge d'instruction" Tarek Bitar, a-t-il déclaré.
Changement radical
Le dignitaire maronite a démenti, en outre, "toute implication de l'Eglise dans les événements de Tayouné", qui avaient opposé des manifestants chiites réclamant la récusation de M. Bitar à des tireurs chrétiens, probablement proches des Forces libanaises de Samir Geagea, faisant sept morts. "Nous ne sommes jamais intervenus pour la libération des détenus dans cette affaire" a-t-il déclaré. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait accusé implicitement vendredi le patriarche d'exercer des "pressions" sur la justice dans cette affaire, mettant en garde contre la "sédition" si ces pressions se poursuivaient.
En ce qui concerne la crise socio-économique, Mgr Raï a déploré que "gens excellents" soient forcés à émigrer, "de manière volontaire", afin de "faire plier le peuple libanais et de l'obliger à accepter n'importe quoi". "Nous faisons face à un affamement de la population dans le but de la contrôler", a-t-il accusé. Et de regretter qu'il n'y a plus au Liban "de libertés publiques et privées, de vivre-ensemble, d'égalité ni du respect des lois et de la Constitution". "Cela signifie que le pays change petit à petit, qu'il devient isolé alors qu'il était ouvert à tous à l'exception d'Israël", a-t-il estimé. "Nous faisons face à un changement radical de ce qu'est le Liban, de son régime, de son identité, de son rôle et de son message", a-t-il dit, précisant "ne pas savoir dans l'intérêt de qui" a lieu ce bouleversement.
Le patriarche maronite, Béchara Raï, a fustigé, de nouveau, dimanche soir le rôle du Hezbollah dans la crise gouvernementale, estimant que le recours à "l'intimidation, au moyen des armes ou de l'influence, ne permet pas de construire une nation". Lors d'un entretien au cours d'une émission de la chaîne LBCI, le chef de l'Eglise maronite a également déploré que le Liban se dirige vers...
commentaires (9)
Monseigneur, Vous représentez le LIBAN et les Libanais mieux que quiconque, car vous symbolisez l'âme de notre Nation bien davantage que d'autres, particulièrement nos politiques faussement théocratiques, vraiment matérialistes, sectaires, miliciens. mafieux... Vous êtes, le vicaire du Christ de notre petit Liban biblique, et aujourd'hui votre peuple vit le martyre avant sa résurrection, si celui-ci finit de se convertir. Vous n'êtes pas seulement l'évêque catholique des Maronites, vous êtes le plus grand de tous les catholiques (Maronites, Grec-catholiques, Arméniens catholiques, Syriaques catholiques, chaldéens catholiques, latins,...) du Liban, le principal représentant des Chrétiens Libannais, l'apôtre de tous les Libannais. Les Libanais ont d'abord besoin de la vraie foi, de la charité de leur vicaire, de l'espérance. Ils ont besoin de vérités, de la VÉRITÉ avec FORCE et JUSTICE, toujours dans la temperence et la prudence qui sont les 4 vertus cardinales de l'Eglise universelle.
Zahar Nicolas
15 h 43, le 30 novembre 2021