Le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) a appelé samedi le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé à démissionner ou bien le gouvernement à le limoger, estimant qu'il "ne peut restaurer la confiance dans la monnaie nationale alors qu'on ne peut pas avoir confiance dans sa personne, son comportement ou son éthique de travail", au moment où la livre libanaise a connu cette semaine une dépréciation record.
A l'issue de sa réunion hebdomadaire, le bureau politique du CPL a estimé dans un communiqué que "l'effondrement financier qui a lieu est le résultat naturel des politiques financières suivies par le gouverneur de la banque centrale tout au long des trois dernières décennies, au cours desquelles il a commis de majeures violations au Code de la monnaie et des crédit, sous couverture politique connue". Il a également accusé M. Salamé de "continuer d'entraver de manière intentionnelle l'audit juricomptable" de la BDL.
Arrivé à la tête de la Banque du Liban en 1993, après vingt ans en tant que banquier d’affaires chez Merrill Lynch à Beyrouth et Paris, Riad Salamé est visé par des enquêtes en Suisse, au Royaume-Uni et en France. Le CPL ainsi que le chef de l’État Michel Aoun, l'accusent d'être responsable de la crise économique et financière actuelle et réclament son départ. Mais le gouverneur de la banque centrale bénéficie du soutien de plusieurs poids lourds de la politique libanaise, notamment le président du Parlement Nabih Berry, et l'ex-Premier ministre et leader sunnite Saad Hariri, rivaux des aounistes.
Démission ou dessaisissement
"Le gouverneur, cerné par sept procès à l’étranger en plus de ceux dans le pays, doit démissionner, sinon le gouvernement doit prendre l’initiative de le dessaisir en raison de ses nombreuses violations du Code de la monnaie, qui ont été prouvées, notamment pour ne pas avoir pu maintenir la stabilité de la monnaie nationale", ont par ailleurs accusé les aounistes dans leur communiqué. M. Salamé affirmait dans le passé que la livre libanaise se "portait bien", alors qu'elle a fini par perdre plus de 90% de sa valeur au cours des deux dernières années. Jeudi, la livre libanaise a battu un nouveau record de dépréciation, dépassant les 25.000 LL contre un dollar. Le CPL a dans ce contexte noté que "le gouverneur de la banque centrale ne peut pas restaurer la confiance dans la monnaie nationale alors qu'on ne peut pas avoir confiance dans sa personne, son comportement ou son éthique de travail".
Commentant vendredi cette dépréciation de la livre, la BDL avait blâmé une nouvelle fois les applications et sites web relayant les taux de change sur le marché parallèle, réclamant "aux sociétés internationales de supprimer ces applications de leurs réseaux", telles "Google, Facebook et autres qui seront tenues pour responsables des dégâts que ces applications ont provoqué au Liban".
Le parti aouniste a par ailleurs appelé à "libérer le gouvernement des considérations qui bloquent son travail", espérant que l'équipe ministérielle de Nagib Mikati se réunira "conformément à la Constitution". Les aounistes ont en effet estimé que les crises que traverse le pays, notamment au niveau de l'approvisionnement en médicaments suite à la levée partielle des subventions, "nécessitent que le gouvernement se réunisse et assume ses responsabilités, sinon le CPL appellera le Parlement à l'interroger sur les raisons pour lesquelles il ne se réunit pas".
Le cabinet de Nagib Mikati ne s'est pas réuni depuis le 12 octobre, en raison de profondes divergences autour de l'enquête sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth et du sort du juge d'instruction Tarek Bitar, dont les ministres chiites réclament le dessaisissement.
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15 h 45, le 01 décembre 2021