Rechercher
Rechercher

Culture - Cinéma

Gaza continue de tourner, de vivre et d’exister !

Les rencontres cinématographiques Palestine, filmer c’est exister (PFC’E) soufflent leur 10e bougie à Genève. La coordinatrice, Céline Brun Nassereddine, évoque la passion de l’association qui a mis sur la plateforme culturelle un pays que certains tentent d’effacer de la mappemonde.

Gaza continue de tourner, de vivre et d’exister !

L’affiche des 10es rencontres cinématographiques Palestine, filmer c’est exister. Photo DR

En 2012, les rencontres cinématographiques Palestine, filmer c’est exister (PFC’E) sont nées de la volonté associative de bénévoles et de professionnels du cinéma d’offrir une visibilité à un grand nombre de cinéastes de la Palestine. Depuis, les rencontres ont grandi. Cette année, pour marquer leur 10e anniversaire, elles présentent à Genève (Spoutnik et Cinémas du Grütli) une programmation riche et en deux temps. Du 26 au 28 novembre, sous l’intitulé « Palestine : confinement depuis 73 ans », ou comment le peuple palestinien fait-il pour résister depuis si longtemps, l’on peut voir des films dont les réalisateurs mettent la résistance à l’enfermement au cœur de leur travail. Du 30 novembre au 2 décembre, PFC’E braque la caméra sur Gaza et sur les liens entre générations dans la société palestinienne.

Céline Brun Nassereddine, coordinatrice des rencontres, en détaille la mission.

Depuis la première année de ces rencontres cinématographiques, combien d’invités palestiniens ont-ils pu être présents à Genève ? Et quelle importance accordez-vous à cette présence et à leur rencontre avec le public ?

L’idée d’organiser des projections a été lancée en 2012 par le Collectif Urgence Palestine-Genève qui, auparavant en 2002, avait créé des missions en Palestine pour répondre à l’appel de la société civile palestinienne afin de témoigner en Europe de l’occupation et de la colonisation. C’est en 2012 que le CUP-Genève met sur pied un programme afin de donner la voix à ces cinéastes de Gaza, de Cisjordanie, vivant en Israël et en terre d’exil, et décide de lancer sur un week-end des projections de films palestiniens. L’expérience, réussie, a été reprise en 2013 avant que le PFC’E ne devienne en 2014 une association et ne donne une plus grande dimension à l’événement. Il ne s’agit donc pas de festival, mais simplement de rencontres. Et là j’insiste sur le mot rencontres. Car il n’y a pas de prix, ni de compétition entre les cinéastes et tous les films ont la même importance dans la construction du « fil rouge » choisi. Par exemple, le fil conducteur de 2019 était uniquement le travail des cinéastes femmes palestiniennes. En 2018, c’était autour de la Naqba… Et ainsi de suite. En plein confinement en avril 2020, nous faisions le constat que les privations temporaires de libertés en Suisse avaient affecté chacun(e) de nous. En pensant à l’enfermement –

et non pas à un simple confinement – de la Palestine depuis des décennies, nous nous sommes demandé si les atteintes à nos libertés coutumières permettraient de prendre conscience de celles subies par la population palestinienne depuis 1948. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous accordons une grande importance à la présence des cinéastes pour leur témoignage durant ces rencontres et que nous n’avons pas fait de programme en ligne l’année dernière, car la présence effective des cinéastes est le cœur central de ces rencontres. Depuis 2012, nous avons réussi à ramener plus d’une quarantaine de réalisateurs et réalisatrices, en n’oubliant pas qu’Israël a interdit les sorties de certains d’entre eux de Gaza à deux reprises. Pour Israël, il y a une volonté bien évidente que ces cinéastes ne projettent pas leurs films en Europe.

Le programme ne se limite pas à un cinéma palestinien militant. Y a-t-il un autre genre d’œuvres qui seront présentées ?

Ces rencontres, qui s’articulent autour de projections, de discussions et de tables rondes, permettent au public suisse de voir le regard spécifique des cinéastes, de découvrir aussi leurs combats et l’humour du peuple palestinien. Car qui peut mieux que le Palestinien lui-même pour témoigner de son quotidien ? Les médias européens ne parlent de la Palestine et de son peuple que lorsqu’il y a des bombardements ou des violences. Le PFC’E avait commencé par choisir des films plutôt militants et des grands noms du cinéma palestinien, mais au fil du temps nous nous sommes rendu compte que le 7e art palestinien était très riche et abondait en talents. Cette année, nous avons invité sept réalisateurs palestiniens, six hommes et une femme : Mahdi Fleifel, Kamal Aljafari, Tamara Abou Laban, Nidal Badarny, Omar Sharghawi, Mohammad Jabaly et Ameen Nayfeh. La plupart d’entre eux ont présenté leurs films à Venise, à la Berlinale ou à Cannes. On n’est plus du tout dans le pur cinéma militant mais également dans le cinéma d’auteur. Du cinéma engagé mais étudié et élaboré, pas au premier degré. Le réalisateur Mahdi Fleifel par exemple a suivi pendant douze ans ses amis qui ne pouvaient sortir du camp de Aïn el-Héloué.

Quelle est la collaboration de la Suisse avec le cinéma palestinien ?

Ces rencontres sont totalement soutenues par la ville de Genève, sensible aux droits de l’homme et au problème palestinien. L’État fédéral nous soutient quand même dans les problèmes administratifs (obtention de passeports, de permis de sorties…). Par ailleurs les artistes palestiniens bénéficient d’un fonds octroyé par la Suisse pour venir en Suisse.

À noter que le PFC’E reprogramme cette année un hommage à Francis Reusser (prévu l’an dernier), un cinéaste suisse qui a disparu en 2020. Nous projetons deux de ses films tournés en Palestine, Biladi, une révolution (1970) et La terre promise (2014). À noter que son Biladi, une révolution est un documentaire exceptionnel pour la mémoire de la résistance palestinienne et un des premiers à être tourné dans les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie en 1970.

En 2012, les rencontres cinématographiques Palestine, filmer c’est exister (PFC’E) sont nées de la volonté associative de bénévoles et de professionnels du cinéma d’offrir une visibilité à un grand nombre de cinéastes de la Palestine. Depuis, les rencontres ont grandi. Cette année, pour marquer leur 10e anniversaire, elles présentent à Genève (Spoutnik et Cinémas du Grütli)...

commentaires (1)

Who cares? N ont ils pas assez. Ruine notre pays?

Robert Moumdjian

09 h 08, le 27 novembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Who cares? N ont ils pas assez. Ruine notre pays?

    Robert Moumdjian

    09 h 08, le 27 novembre 2021

Retour en haut