Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé lundi que des images satellite sur l’explosion au port de Beyrouth ont été remises au ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, en visite à Moscou, "afin d’aider l'enquête sur les causes de l'explosion" meurtrière qui s'est produite le 4 août 2020. M. Lavrov a en outre fait part d’un certain optimisme concernant l’amélioration de la situation générale au Liban.
Lors d'une conférence de presse commune tenue à l’issue d’un entretien avec son homologue libanais, M. Lavrov a toutefois déploré le fait que le Liban soit "un terrain de guerre pour des tierces parties", soulignant que Moscou avait "des raisons de croire que le Premier ministre, Nagib Mikati, pourra stabiliser la situation dans le pays et le sauver d'une longue et sévère crise".
M. Bou Habib, en Russie depuis samedi, a affirmé pour sa part avoir reçu les images satellite russes, réclamées par le Liban dans le cadre de l'enquête sur le port, assurant qu'il les "remettra au pouvoir judiciaire libanais, en espérant que cela aidera à trouver la vérité". Il a également souligné avoir discuté avec M. Lavrov de "la situation au Liban au vu des défis politiques et économiques et des mesures prises pour y faire face" et l’a invité à se rendre à Beyrouth.
Compagnies russes pour reconstruire le port ?
"Nous avons remis au ministre Bou Habib des images satellite, pour aider l'investigation sur les causes de l'explosion" au port de Beyrouth, a déclaré pour sa part M. Lavrov, avant de formuler l’espoir que la vérité pourra être faite, et de préciser que les images satellite ont été prises au printemps 2020 et après la déflagration. "Les chercheurs de Roscosmos disent que les experts devraient pouvoir comprendre, à partir de la nature des destructions, ce dont il s'agit, ce qui pourrait être lié" à ce drame, a-t-il ajouté. Mercredi, l’agence aérospatiale russe Roscosmos avait confirmé qu'elle enverrait au Liban les images dont elle dispose sur le port avant et après la déflagration, à la suite de propos du président Vladimir Poutine en ce sens.
"Nous avons discuté de la possibilité que des compagnies russes participent à la restauration des infrastructures endommagées suite aux explosions ", a ajouté le chef de la diplomatie russe, en soulignant que toute décision à ce propos serait "exclusivement libanaise". Un projet que souhaite lancer l'entreprise Rosneft pour faire parvenir du carburant au port de Beyrouth a également été évoqué. "Nous avons un intérêt croissant de renforcer notre coopération au niveau des échanges financiers et économiques et des investissements. Nous voulons également renforcer les relations entre nos sociétés", a-t-il dit.
Commentant par ailleurs la crise politique à Beyrouth et les tensions diplomatiques avec les pays arabes du Golfe, déclenchées par des propos anti-saoudiens du ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, le chef de la diplomatie libanaise a estimé que "l'affaire Cordahi n'est pas un problème impossible à résoudre", soulignant l'existence de "beaucoup de questions entre le Liban, l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, qui doivent être résolues par le dialogue".
"Terrain de guerre de tierces parties"
Le gouvernement libanais, formé le 10 septembre, ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre, sur fond de tensions entre les ministres concernant le sort de l'enquête sur la double explosion du port et la crise diplomatique avec les monarchies du Golfe. D'une part, les ministres chiites du mouvement Amal et du Hezbollah demandent que le cabinet tranche concernant une récusation du juge d'instruction Tarek Bitar, qu'ils accusent d'être politisé et, d'autre part, le Hezbollah refuse que le ministre Cordahi démissionne, alors que le chef du gouvernement et nombre de dirigeants souhaitent qu'il rende son tablier.
Le ministre russe a réaffirmé pour sa part "l'engagement de la Russie vis-à-vis de la souveraineté nationale du Liban et son intégrité territoriale". Au sujet de la crise politique dans le pays, il a estimé que "tous les problèmes liés à des agendas internes devraient être réglés en interne", sans intervention extérieure. Il a estimé que "le Liban ne devrait pas être un terrain de guerre entre des tierces parties", déplorant le fait que "ce soit actuellement le cas". "Nous sommes contre le fait que le Liban soit pris en otage de la guerre en Syrie", a-t-il poursuivi, avant de relever "des progrès, notamment au niveau de l'importation d'électricité et de gaz de la Jordanie et Egypte à travers le territoire syrien". Il a également affirmé aider le Liban en ce qui concerne le rapatriement de réfugiés syriens qui avaient fui leur pays en raison de la guerre.
commentaires (12)
Quelle bonne nouvelle. Et ils vont faire quoi avec? Une infusion contre le virus qui gangrène le pays? Ils ne sont pas au bout de leurs manigances pour noyer le poisson et ont recours à tous les subterfuges pour que jamais ils ne soient désignés comme étant les seuls responsables de ce crime contre l’humanité. Je parle aussi bien du président de la république que de tous les fonctionnaires de l’état du plus grand au plus petit. Car s’ils n’ont pas actionné le bouton pour produire la déflagration, ils ont servi de facilitateurs pour qu’elle se produise sans broncher et ça s’appelle un acte criminel prémédité qui mérite la corde. Point de tergiversation les clichés servant de preuve, ils peuvent les mettre là où je pense.
Sissi zayyat
10 h 59, le 23 novembre 2021