Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, dont le cabinet ne s'est pas réuni depuis près d'un mois en raison de crises politiques internes, a entrepris mercredi une série de contacts alors que le pays du Cèdre est également embourbé dans une grave crise diplomatique avec les pays du Golfe. A l'issue d'une réunion avec des diplomates qui étaient postés en Arabie saoudite et au Bahreïn, le chef du gouvernement a appelé à faire primer l'intérêt national du Liban sur les intérêts personnels, dans une critique à peine voilée à son ministre de l'Information, Georges Cordahi, dont des propos sur le rôle de la coalition menée par l'Arabie saoudite au Yémen ont déclenché les tensions diplomatiques. M. Mikati s'est par ailleurs entretenu avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, pour plus d'une demi-heure et a quitté le palais présidentiel sans faire de déclarations.
"Faire primer l'intérêt national"
Lors d'un entretien au Grand sérail avec les ambassadeurs du Liban en Arabie saoudite et au Bahreïn, Fawzi Kabbara et Milad Namour, expulsés dernièrement en raison de la crise diplomatique, M. Mikati a "réitéré l'importance des relations fraternelles entre le Liban et les pays du Golfe". Il a appelé à "faire primer l'intérêt national sur les intérêts personnels et ceux de certains groupes", dans un nouvel appel à Georges Cordahi et aux partis qui le soutiennent, notamment le Hezbollah, à rendre le tablier.
De leur côté, les ambassadeurs Kabbara et Namour ont, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), exprimé "leurs craintes quant à une aggravation des conséquences de cette crise sur les relations entre le Liban et les pays du Golfe ainsi que sur les Libanais résidant dans ces pays". "Tout jour de retard pour trouver une solution à cette crise causera des difficultés supplémentaires dans le rétablissement des relations", ont-ils mis en garde. Les diplomates ont enfin transmis à M. Mikati les "assurances des autorités saoudiennes et bahreïnies concernant leur attachement aux liens fraternels et amicaux avec la population libanaise".
Lundi, le numéro deux de la Ligue arabe, le diplomate égyptien Houssam Zaki, avait effectué une tournée à Beyrouth auprès des dirigeants libanais, plaidant auprès d'eux en faveur d'une démission du ministre Cordahi pour paver la voie à un dialogue avec l'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe. Mais cette tournée n'a jusque-là pas permis de faire bouger le dossier. Nagib Mikati a dans ce contexte reçu mercredi l'ambassadeur d'Egypte au Liban, Yasser Allaoui. Alors que les contacts diplomatiques se multiplient pour tenter de trouver une issue à la crise, le Koweït a décidé de durcir les conditions d'octroi de visas aux Libanais.
Persistance du blocage gouvernemental
Nagib Mikati a par ailleurs discuté dans l'après-midi avec le président Aoun des derniers développements dans le pays, sans toutefois trouver d'accord quant à une future réunion du cabinet. Selon notre correspondante Hoda Chédid, les deux responsables se sont focalisés sur l'activation du travail des commissions ministérielles afin que les programmes et les plans qu'elles préparent, ainsi que le projet de budget, soient prêts quand le gouvernement se réunira à nouveau. Selon l'Ani, le chef du gouvernement se serait contenté de lancer aux journalistes l'attendant à la sortie du palais : "A celui qui dit qu'il n'y a rien de positif, nous répondons : Demain le soleil se lèvera et les gens verront bien".
Le travail du gouvernement de M. Mikati, formé le 10 septembre dernier, est bloqué depuis le 12 octobre en raison de tensions interministérielles concernant le dossier de l'enquête sur les explosions au port de Beyrouth, des ministres du tandem chiite Amal-Hezbollah mais aussi du courant Marada réclamant le dessaisissement du juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction. Les ministres chiites refusent également la démission du ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, dont des déclarations sur le rôle de la coalition saoudienne au Yémen ont déclenché une grave crise diplomatique entre le Liban et les pays du Golfe.
Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Mikati s'était rendu à l'archevêché grec-orthodoxe de Beyrouth, où il s'était entretenu avec le métropolite Elias Audi, qui avait affiché son soutien au juge Bitar. Le président Aoun, avait lui aussi commenté le dossier judiciaire en cours. Sur con compte Twitter personnel, il avait affirmé que "les innocents ne craignent pas la justice", un message sonnant comme une critique implicite aux députés du mouvement Amal du président du Parlement, Nabih Berry, poursuivis par le juge Bitar. La réponse de M. Berry n'avait pas tardé à fuser. Réagissant visiblement au message du président Aoun, le chef du Législatif a écrit : "A condition que la justice ne soit pas celle du pouvoir".
commentaires (8)
Mikati croit que pour ces traitres le mot intérêt de leur pays a un sens? Ils ont bloqué le pays à plusieurs reprises pour imposer leur doctrine, leur président, leurs ministres et maintenant les utilisent à l’envi pour détruire ce qui reste et Mikati vient leur rappeler qu’il faut sauver le pays? Pourquoi continuer à mendier leur patriotisme au lieu de prendre la décision de sauver le pays en jouant son rôle de premier ministre et en dégageant toutes les brebis galeuses sans ménagement? Est il oui ou non le premier ministre? De quoi a t-il peur? Le pire serait que HB se retrouve au pied du mur avec moins de vendus à son compte au gouvernement et que ferait il? Rien sinon commencer à se rendre compte qu’il pousse le bouchon trop loin et qu’il devrait subir les conséquences de ses actes. Tous ceux qui fanfaronnaient en se félicitant de la formation du gouvernement se rendent à l’évidence que, mieux vaut être dans ce pays sans gouvernement avec un vide politique plutôt que de se retrouver avec des malfrats qui prennent en otage tout un pays pour faire passer leur dictature. Le vide sidéral plutôt que le trop plein de traitres et de mafieux qui œuvrent pour l’anéantissement de notre pays.
Sissi zayyat
13 h 37, le 11 novembre 2021