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Politique - Enquête sur l'explosion au port de Beyrouth

Aoun et Berry s'écharpent par communiqués interposés

Le ministre de la Justice critique l'incursion de militants dans le palais de Justice de Beyrouth.

Aoun et Berry s'écharpent par communiqués interposés

Le président Michel Aoun recevant le chef du législatif Nabih Berry en novembre 2017 au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra

Énième épisode dans la politisation de l'enquête sur l'explosion meurtrière au port de Beyrouth : le président de la République, Michel Aoun, et son rival le président du Parlement, Nabih Berry, se sont lancés mercredi des critiques implicites par communiqués interposés. Ce développement intervient alors que l'enquête menée par le juge Tarek Bitar est suspendue en raison d'un nouveau recours déposé contre le magistrat par les avocats de l'ex-ministre Youssef Fenianos, qui, aux côtés de deux députés du mouvement Amal de M. Berry, manœuvrent pour dessaisir le magistrat du dossier et ne pas répondre à ses convocations.

Sur con compte Twitter personnel, le président Aoun a affirmé mercredi que "les innocents ne craignent pas la justice". "Comme l'a dit l'Imam Ali : quiconque se met en position d'accusé ne peut que se blâmer si les autres pensent du mal de lui", a ajouté le président de la République. Le tweet du chef de l'Etat sonnait comme une critique implicite aux députés Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, membres du mouvement Amal poursuivis par le juge Bitar, mais aussi au Hezbollah qui mène la campagne contre le juge Bitar. La réponse de Nabih Berry n'a pas tardé. Réagissant visiblement au message du président Aoun, le chef du Législatif a écrit : "A condition que la justice ne soit pas celle du pouvoir...".

Le bureau de presse de la présidence a réagi, en soirée, à la réponse de M. Berry et à l'introduction du journal télévisé de la chaîne NBN, du mouvement Amal, qui avait estimé que "l'histoire retiendra que la justice s'est divisée entre confessions pendant le mandat de Michel Aoun". "Pourquoi celui qui s'est empressé de répondre au tweet du chef de l'Etat s'est-il senti concerné" par ce message, s'est interrogé Baabda, en allusion à la réaction de Nabih Berry, soulignant que le message posté sur les réseaux sociaux par le président "ne visait personne", ne comportait aucune connotation communautaire et ne mentionnait pas l'enquête sur le 4 août. Le bureau de presse a déploré que la réaction des milieux berryistes vise à "jouer sur la corde confessionnelle à des fins évidentes". 

Et le bureau de presse de la présidence de la Chambre de rétorquer à nouveau, avec ironie, que la réponse de Nabih Berry se voulait une réaction aux "intentions +honnêtes+" de Michel Aoun. 

"Dramatisation de l'enquête"
L'enquête dirigée par Tarek Bitar est temporairement suspendue alors que le magistrat devait interroger hier le député et ancien ministre Ghazi Zeaïter. Le juge Habib Mezher, président de la 12e chambre civile de la cour d’appel de Beyrouth et réputé proche du tandem chiite Hezbollah-Amal, s'était saisi d'un recours présenté contre le juge Bitar par Youssef Fenianos. Le juge Mezher s’est toutefois vu mardi officiellement écarté de ses fonctions de président de la 12e chambre civile de la cour d’appel de Beyrouth, à la suite d'un recours présenté contre lui par plusieurs avocats qui lui reprochaient d'avoir outrepassé ses fonctions.

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Mezher perd un point dans la bataille menée contre Bitar

Mardi matin, une dizaine de militantes de l'association Noun ont symboliquement scellé à la cire rouge la porte du bureau du juge Mezher, au sein du palais de Justice. Une action qui a été condamnée mercredi par le ministre de la Justice, Henri Khoury. Celui-ci a mis en garde contre une "dramatisation de l'enquête" sur l'explosion au port de Beyrouth qui a coûté la vie à plus de 200 personnes le 4 août 2020 à la suite d'un incendie dans un stock de centaines de tonnes de nitrate d'ammonium entreposés sans mesures de sécurité depuis 2014 dans un hangar du port. Le ministre a "regretté la violation du palais de Justice, une violation inédite au Liban", selon lui. Il a plaidé pour que ce lieu "reste un endroit sûr pour les juges, les avocats et les personnes jugées, loin de toutes pressions". Henri Khoury a enfin mis en garde contre "une classification des juges pour tantôt les attaquer et tantôt les défendre".

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a également dénoncé cette incursion dans le Palais de Justice ainsi que, de manière plus large "les campagnes et attaques" contre les juges "qui n'ont comme unique objectif que d'éroder la confiance en la justice et la magistrature". 

Soutien de Mgr Audi au juge Bitar
Pour sa part, le Club des juges libanais, une association de magistrats proches de la société civile, a appelé mercredi les responsables politiques à "ôter leur main de la justice afin que le juge puisse poursuivre son travail". "Le tribunal de l'Histoire sera sans pitié", ont prévenu ces magistrats.

Enfin, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Audi, qui s'est entretenu avec le Premier ministre Nagib Mikati, a plaidé pour une justice "équitable qui respecte des lois unifiées afin de préserver la Constitution". Le dignitaire grec-orthodoxe a ensuite affiché son soutien au juge Tarek Bitar, affirmant être en faveur du maintien du dossier entre ses mains, alors que le Hezbollah, le mouvement Amal et le courant Marada, réclament le dessaisissement du magistrat.

Formé le 10 septembre après 13 mois de blocage politique dans un pays en grave crise socio-économique, le gouvernement Mikati est paralysé depuis des semaines en raisons de dissensions internes dans ses rangs, les ministres chiites boycottant les réunions du cabinet à la suite des affrontements survenus à Tayouné, dans le sud de Beyrouth, le 14 octobre dernier. Ces combats meurtriers avaient opposé des miliciens du tandem chiite Hezbollah-Amal à des éléments non identifiés postés dans des quartiers chrétiens où les Forces libanaises jouissent d'une forte présence. Les affrontements s'étaient produits en marge d'une manifestation d'Amal et du Hezbollah contre le juge Tarek Bitar.

Concernant ces violences, le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, a estimé lors d'une cérémonie de remise de diplômes, que le tandem chiite avait permis "d'éviter le massacre" voulu par les Forces libanaises, appelant à ce que justice soit faite de manière "équitable et transparente, loin de toute pression". 

Énième épisode dans la politisation de l'enquête sur l'explosion meurtrière au port de Beyrouth : le président de la République, Michel Aoun, et son rival le président du Parlement, Nabih Berry, se sont lancés mercredi des critiques implicites par communiqués interposés. Ce développement intervient alors que l'enquête menée par le juge Tarek Bitar est suspendue en raison d'un...

commentaires (13)

Écoutez-les ces deux, l’un prétend que la justice devrait passer et l’autre qui l’accuse d’être aux ordres du pouvoir. Mais si c’est le cas M. Berry, il doit se réjouir, puisque le pouvoir depuis un certain temps est au mains de son allié barbu et de lui même qui interviennent à tout bout de champs pour la massacrer et viennent ensuite se plaindre de son inefficacité lorsqu’elle rencontre un obstacle patriotique nommé Bitar pour remettre les pendules à l’heure. Ça n’était pas prévu au programme dans leur jargon de justice, ils croyaient pouvoir acheter le silence de ce dernier ou pire, un couard qui céderait à leurs menaces, mais manque de peau il s’est avéré hors de prix et de leur porter. Aoun tire une fierté qu’on doit à M. Bitar mais attendons voir si cette fierté simulée résistera à l’interpellation des coupables de tous les bords y compris celui de ce président qui prétend être plus blanc que blanc alors qu’il a des tonnes de choses à se reprocher et la première son inaction pour empêcher les drames répétitifs qui ont raison du pays et des citoyens d’avoir lieu. Un président fort n’aurait jamais permis ça. Il continue tête baissée et se dit président de la république en s’occupant des cancans, un nonos qu’on lui donne à ronger pour détourner l’attention et qui n’intéresse personne a part lui, alors que le pays est en train de rendre l’âme. Non mais QUEL PRÉSIDENT!

Sissi zayyat

14 h 01, le 11 novembre 2021

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Commentaires (13)

  • Écoutez-les ces deux, l’un prétend que la justice devrait passer et l’autre qui l’accuse d’être aux ordres du pouvoir. Mais si c’est le cas M. Berry, il doit se réjouir, puisque le pouvoir depuis un certain temps est au mains de son allié barbu et de lui même qui interviennent à tout bout de champs pour la massacrer et viennent ensuite se plaindre de son inefficacité lorsqu’elle rencontre un obstacle patriotique nommé Bitar pour remettre les pendules à l’heure. Ça n’était pas prévu au programme dans leur jargon de justice, ils croyaient pouvoir acheter le silence de ce dernier ou pire, un couard qui céderait à leurs menaces, mais manque de peau il s’est avéré hors de prix et de leur porter. Aoun tire une fierté qu’on doit à M. Bitar mais attendons voir si cette fierté simulée résistera à l’interpellation des coupables de tous les bords y compris celui de ce président qui prétend être plus blanc que blanc alors qu’il a des tonnes de choses à se reprocher et la première son inaction pour empêcher les drames répétitifs qui ont raison du pays et des citoyens d’avoir lieu. Un président fort n’aurait jamais permis ça. Il continue tête baissée et se dit président de la république en s’occupant des cancans, un nonos qu’on lui donne à ronger pour détourner l’attention et qui n’intéresse personne a part lui, alors que le pays est en train de rendre l’âme. Non mais QUEL PRÉSIDENT!

    Sissi zayyat

    14 h 01, le 11 novembre 2021

  • BOF ! Rien à signaler. Bonnet blanc et blanc bonnet… les deux font la paire.

    Le Point du Jour.

    19 h 51, le 10 novembre 2021

  • On dirait qu'il nous faudra patienter un couple de décennies ou pt'etre même de siècles pour que ces vieillards et leurs progénitures disparaissent de la scène politique pour donner une chance à ce pays!!!

    Wlek Sanferlou

    19 h 33, le 10 novembre 2021

  • Encore un nouveau parasite qu’on doit ajouter à la liste qui est déjà hyper étoffée.

    Wow

    19 h 08, le 10 novembre 2021

  • Henri Khoury se couvre de ridicule et utilise des phrases creuses qui sont en dehors de la réalité. Il ne comprendra jamais le drame du port et la détresse des familles des victimes. Politiques et haut fonctionnaires sont complètement coupés de la réalité. Quand à Aoun et Berry, incapables de s’expliquer et de dire les choses en face, ils s’écharpent par Twitter, ah la classe…

    Karam Georges

    18 h 35, le 10 novembre 2021

  • Ils ont le même âge et la même pourriture morale, ils partiront bientôt ensemble.

    Christine KHALIL

    17 h 38, le 10 novembre 2021

  • " Celui-ci a mis en garde contre une "dramatisation de l'enquête". Parceque drame il n' y a jamais eu? C'est quand qu'on pourrait parler de drame dans ce pays? Une éradication totale du peuple peut être?

    Citoyen

    17 h 38, le 10 novembre 2021

  • Tiens l’indépendant technocrate spécialiste de la justice s’est exprimé pour débiter des âneries que même l’âne de mon enfance qui s’appelait Abou Saber n’aurait pas oser prononcer. La quasi majorité des juges sont des incompétents et des inféodés aux politiciens. Je le mets au défi d’enquêter sur leur train de vie et leur patrimoine par rapport à leur rémunération pour comprendre un peu (s’il en est capable)

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 34, le 10 novembre 2021

  • Très bien Monsieur perchoir, alors pour échapper à la politisation de la justice, confiez le dossier à un TPI !! A moins que le seule justice qui tienne, soit celle des barbus !

    LeRougeEtLeNoir

    17 h 32, le 10 novembre 2021

  • "que le tandem chiite avait permis "d'éviter le massacre" voulu par les Forces libanaises, appelant à ce que justice soit faite de manière "équitable et transparente, loin de toute pression". Ca veut dire quoi? C'est donnant donnant ?On a fermé l'œil sur les FL vous fermez l'œil sur le dossier du port?

    Citoyen

    17 h 25, le 10 novembre 2021

  • Aoun ou Berry et les autres, tous a la poubelle!

    Assouad Fady

    17 h 11, le 10 novembre 2021

  • Aoun le dit si bien pour une fois. Berri aurait mieux fait de garder le silence.

    Esber

    16 h 20, le 10 novembre 2021

  • Christopher crée un bateau pour récupérer les déchets à NAHR BRAHIM..... Voir l'autre article. Peut on récupérer "aussi" les déchets de la classe politique "non recyclables" évidemment. ( même en composte, ils seront inutiles).

    LE FRANCOPHONE

    16 h 19, le 10 novembre 2021

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