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Politique - Sommet de Glasgow

Crise avec le Golfe : Mikati s'accroche au dernier wagon

Le Premier ministre libanais salue, lors de la COP 26, les initiatives saoudiennes liées au climat et à l'environnement.

Crise avec le Golfe : Mikati s'accroche au dernier wagon

Le Premier ministre libanais Nagib Mikati prononçant un discours lors du sommet de Glasgow sur le climat, le 2 novembre 2021. DANIEL LEAL-OLIVAS / various sources / AFP

A l'issue de deux journées marathon d'entretiens diplomatiques avec plusieurs responsables de haut niveau, arabes et occidentaux, le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a semblé ne pas vouloir quitter l’Écosse sans tirer profit de sa présence dans le cadre d'un forum international, depuis son arrivée au sommet de Glasgow jusqu'à son discours officiel avant son départ. Soucieux de sortir le Liban de la crise diplomatique aiguë avec les pays du Golfe, une crise qui peut sérieusement menacer la survie de son cabinet, déjà dans le coma depuis quelques semaines, M. Mikati semblait désireux de s'accrocher ne fût-ce qu'au dernier wagon du train en marche. Lors de son très bref discours, de quelques minutes comme le veut le protocole, le Premier ministre a quand même réussi à consacrer un peu de temps à... saluer les initiatives saoudiennes liées au climat et à l'environnement.

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Le discours était, forcément, consacré dans sa quasi totalité à la question du climat. "Le Liban est à la tête des pays qui œuvrent pour assurer le développement durable sur le double plan humain et environnemental", a affirmé M. Mikati. Et de poursuivre : "Notre vision nationale est axée sur le fait que l'avenir de l'humanité repose sur une gestion sage de l'environnement (...). Et nous œuvrerons pour préserver notre Liban vert". Aux "partenaires internationaux" du pays, le Premier ministre a lancé : "Je m'adresse à vous à l'heure où mon pays fait face à de grands défis dont la crise économique, financière et bancaire, ainsi que les retombées du Covid-19, les conséquences de la crise syrienne et de l'explosion au port de Beyrouth". "Les mauvaises retombées du climat seront à même d'aggraver ces défis et d'entraver toute amélioration de la situation économique et sociale", a-t-il poursuivi.

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Il reste que M. Mikati a surtout tenu à saluer "les efforts de l'Arabie saoudite en faveur du climat et ses initiatives visant à protéger l'environnement, dont notamment celle du Moyen-Orient vert". Un clin d’œil à Riyad dont les relations sont au plus bas avec Beyrouth suite à la crise déclenchée par les propos polémiques du ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, tenus lors d'une émission enregistrée en août dernier, mais diffusée il y a une semaine. Il avait alors qualifié "d'absurde" l'intervention depuis 2015 de la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite dans la guerre au Yémen. Celle-ci oppose depuis 2014 les rebelles houthis (soutenus par l'Iran) au pouvoir appuyé par la coalition, dont font aussi partie les Emirats et Bahreïn. En signe de protestation, l'Arabie saoudite a donné 48 heures à l'ambassadeur libanais pour quitter son territoire et rappelé son ambassadeur à Beyrouth. Elle a aussi suspendu toutes ses importations depuis le Liban, portant un coup dur à l'économie déjà exsangue du pays. Plusieurs autres monarchies du Golfe ont également pris des mesures de rétorsion à l'égard du Liban.

"Servir la tête du Hezbollah sur un plateau d'argent"
Pour tenter d'intercéder en faveur du pays du Cèdre, le chef du gouvernement a mené des contacts tous azimuts en marge de la COP 26 et s'est notamment entretenu mardi avec le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, et la veille avec le président français Emmanuel Macron. Il s'est également réuni avec son homologue koweïtien, cheikh Sabah Khaled al-Hamad Al-Sabah, et l'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani. Ce dernier a promis de dépêcher à Beyrouth prochainement son ministre des Affaires étrangères qui va tenter de mener une médiation afin de désamorcer la crise.

Cette intercession qatarie semble aujourd'hui la seule bouée de sauvetage pour le gouvernement Mikati. Le chef de la diplomatie, Abdallah Bou Habib, a tenu mardi des propos allant dans ce sens. "La possibilité d'une médiation qatarie est la seule option actuellement sur la table", a-t-il déclaré à l'agence Reuters. Il a en outre indiqué qu'aucun contact n'a été établi entre Riyad et le gouvernement Mikati depuis sa mise en place, en septembre dernier. "L'ambassadeur d'Arabie à Beyrouth (Walid Boukhari) était là, et n'a jamais communiqué avec le gouvernement, alors qu'il le faisait avec d'autres protagonistes", a déploré M. Bou Habib, réitérant son appel à un dialogue avec Riyad. "Nous avons besoin de savoir ce qu'ils veulent. Et nous préférons le dialogue aux diktats", a lancé le ministre.

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Malgré l'appel au dialogue lancé par le Liban officiel à l'Arabie saoudite, M. Bou Habib a pris fait et cause pour le Hezbollah dont Riyad conteste "la mainmise" sur le Liban. "L'Arabie pose des conditions impossibles en demandant au gouvernement de réduire le rôle du Hezbollah", a-t-souligné avant d'ajouter : "Nous ne pouvons pas leur servir la tête du Hezbollah sur un plateau d'argent". "Le Hezbollah est une composante politique du Liban. C'est une force armée régionale, certes", a-t-il reconnu, ajoutant toutefois que le règlement de cette question "est au-delà de nos capacités".

Parallèlement, les contacts politiques se poursuivent afin de convaincre M. Cordahi de rendre son tablier, sa démission étant perçue comme un premier pas sur la voie d'une sortie de crise. S'il avait exclu, dimanche dernier, toute démission, le ministre, nommé par le mouvement des Marada, proche du Hezbollah, semble avoir mis un peu d'eau dans son vin. Dans des propos relayés par certains médias locaux, M. Cordahi a affirmé attendre le retour de Nagib Mikati à Beyrouth pour "mettre toutes les options sur la table et parvenir à une décision". Le Premier ministre avait déjà appelé implicitement M. Cordahi à démissionner. Affirmant "comprendre" la crainte des Libanais résidant dans le Golfe quant à des mesures qui les léseraient, le ministre a affirmé n'être "attaché à aucun poste ministériel". "Mais la question est désormais liée à la dignité", a-t-il souligné.

A l'issue de deux journées marathon d'entretiens diplomatiques avec plusieurs responsables de haut niveau, arabes et occidentaux, le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a semblé ne pas vouloir quitter l’Écosse sans tirer profit de sa présence dans le cadre d'un forum international, depuis son arrivée au sommet de Glasgow jusqu'à son discours officiel avant son départ. Soucieux de...

commentaires (7)

Il a dépensé beaucoup d'énergie Mikati pour essayer de renouer avec les crises. Mais, ces crises sont gratuites dont les promoteurs s'enorgueillent, et persistent sur leurs convictions. Et comme dit son ministre des affaires étrangères, ça dépasse nos possibilités libanaises. C'est la réalité.

Esber

17 h 01, le 03 novembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Il a dépensé beaucoup d'énergie Mikati pour essayer de renouer avec les crises. Mais, ces crises sont gratuites dont les promoteurs s'enorgueillent, et persistent sur leurs convictions. Et comme dit son ministre des affaires étrangères, ça dépasse nos possibilités libanaises. C'est la réalité.

    Esber

    17 h 01, le 03 novembre 2021

  • Il a dépensé beaucoup d'énergie Mikati pour essayer de renouer avec les crises. Mais, ces crises sont gratuites dont les promoteurs s'enorgueillent, et persistent sur leurs convictions. Et comme dit son ministre des affaires étrangères, ça dépasse nos possibilités libanaises. C'est la réalité.

    Esber

    17 h 01, le 03 novembre 2021

  • Pourquoi ce bou Habib prend La Défense des traîtres iraniens? Il devrait démissionner en même temps que le Atik qui se teint les cheveux!! Quelle honte pour le Liban d’avoir autant d’énergumènes d’un autre temps.

    Wow

    14 h 07, le 03 novembre 2021

  • Il y a encore des libanais qui croient au père Noël et d’autres qui prennent La Défense des traitres qui les ont pillé et humilié. Elle est belle la république bananière, elle est à l’image de son peuple. A gerber.

    Sissi zayyat

    12 h 37, le 03 novembre 2021

  • Mikati ne peut pas ménager la chèvre et le chou. Faire les yeux doux aux arabes tout en ménageant l'Iran, le Hezbollah et leurs supports. La stratégie du"en même temps" a la Macron, ça ne marche pas avec les saoudiens : ils sont moins naïfs que les français qui s'y sont laissés prendre (ils en reviennent, mais un peu tard!).

    Yves Prevost

    08 h 33, le 03 novembre 2021

  • Cher M. Cordahi, ils vous critiquent tous. Mais vous vous êtes maintenant bien positionné pour négocier une belle prime de départ, puisque apparemment, l'avenir économique des libanais, voire le destin du Moyen-Orient dépend de votre seule décision. "Qui va gagner le million"? Compliments pour une riche et confortable retraite dorée a Faitroun! Bravo. Bien joué, cher M. Cordahi.

    Mago1

    02 h 26, le 03 novembre 2021

  • Monsieur Bou Habib a raison de dire que le Hezbollah est une composante politique du Liban,mais il a tort de dire que le réglement de la question de sa force régionale est au-delà de la capacité du Liban.En effet, les partis politiques peuvent bien, à travers un dialogue paisible convoqué par le Président de la République,arriver à mettre au point une stratégie défensive libanaise qui transformera la force armée régionale du Hezbollah en force armée libanaise complé-mentaire à côté de l'armée libanaise. M.Z

    ZEDANE Mounir

    01 h 24, le 03 novembre 2021

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