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Nos Lecteurs ont la Parole

Voter contre, oui, mais pour qui ?

« S’opposer n’est autre que proposer. Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur. »

Robert Sabatier

J’appartiens à cette tranche de Libanais qui, malgré la possibilité, refuse de quitter son pays. Cette tranche que l’on traite tantôt d’écervelée, tantôt de peu téméraire ou encore de sombre idéaliste. Pourtant, je fais bien partie du peuple libanais comme vous peut-être qui lisez ce billet, que vous ayez déjà quitté – ou pas – le petit pays.

Je suis, comme vous l’êtes sûrement, totalement vidée par ce quotidien drainant qui nous est imposé depuis ces deux dernières années. Alors c’est avec une satisfaction considérable que je constate depuis quelques semaines que mes réseaux sociaux sont inondés de publications mobilisatrices incitant les compatriotes de la diaspora à s’inscrire auprès des ambassades en vue des élections législatives de mars 2022. Je suis ravie de voir que considérer cette énième (é)CH(é)ANCE qui permettra aux Libanais de l’étranger, éparpillés partout dans le monde et plus que jamais prêts à se mobiliser pour faire entendre leur voix et « sauver le Liban », est prise au sérieux. Euphorique à l’idée de cette potentielle occasion de se libérer des incompétents qui font agoniser le pays, j’avoue avoir moi-même relayé ces publications.

Il faut vous inscrire et voter, c’est vital cette fois-ci ! Il faut voter «  contre  », c’est certain mais surtout «  pour  ». Mais la grande question que je me pose, depuis quelque temps, c’est voter POUR QUI  ?

Il y a certes des groupuscules composés de gens admirables et bienveillants qui se sont formés et qui travaillent dur pour le pays ; il y a ces visages, familiers pour la plupart, sincères et honnêtes qui nous inspirent confiance et espoir. Cependant, je ne vois l’émergence claire et nette d’aucun vrai parti politique de l’opposition. Je ne constate la mise en valeur d’aucun noyau solide mené par des têtes puissantes qui mettrait en avant un plan clair et convaincant de vision d’avenir (si toutefois ils en ont une).

Ce que je vois en revanche, c’est la montée en puissance de partis politiques traditionnels qui se veulent curieusement être de l’opposition et qui profitent de cette situation de flou pour regagner leur électorat. Ce que je vois aussi, ce sont les descendants des vieux dirigeants, les fils-de, adeptes du clientélisme, qui s’allèguent le titre d’opposant pour se dresser fièrement sur la scène politique. Je me demande, entre nous, comment venir à bout de la «  sulta  » et construire notre Liban sur des bases saines sans avoir une alternative puissante aux partis traditionnels qui nous ont conduits au fond du gouffre  ?

Le risque pour notre pays, encrassé dans cette pseudo-démocratie de république bananière régie depuis tant d’années par les mêmes lascars, c’est ce bulletin de vote qui arrive à grands pas et qui nous laisse croire que nous, peuple fatigué, lobotomisé, mort-vivant, détenons l’avenir de notre nation à l’agonie avec ce petit bout de papier malheureusement sans avoir un candidat qui tienne la route à élire. C’est une erreur qui pourrait laisser passer une chance vers un réel changement ! Le vrai combat aujourd’hui afin d’arriver à se débarrasser des indésirables ne réside pas dans le fait de voter pour tel ou tel microparti qui périra quelque temps après avoir été élu. Le plus grand combat réside, à mon sens, dans l’émergence d’un parti unique et puissant, d’une coalition forte et soudée rassemblant tous les principes auxquels nous aspirons et qui soit alors élu fièrement par la majorité !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« S’opposer n’est autre que proposer. Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur. »Robert SabatierJ’appartiens à cette tranche de Libanais qui, malgré la possibilité, refuse de quitter son pays. Cette tranche que l’on traite tantôt d’écervelée, tantôt de peu téméraire ou encore de sombre idéaliste. Pourtant, je fais bien partie...

commentaires (2)

Merci d’exprimer tout haut et si joliment ce que nous sommes beaucoup à penser tout bas Les bonnes volontés du changement ne manquent certes pas mais le peuple a t’il la maturité nécessaire pour ce changement ? Ce qui prévaut à beyrouth n’est pas ce qui se dit à Tyr ou dans le Akkar . Les inégalités criantes qui se creusent tous les jours n’arrangent rien Aujourd’hui les gens veulent d’abord vivre manger se soigner …Il faut veiller à ce que les rêves ne se transforment en cauchemars renouvelés … ! Merci

Noha Baz

21 h 11, le 29 octobre 2021

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Commentaires (2)

  • Merci d’exprimer tout haut et si joliment ce que nous sommes beaucoup à penser tout bas Les bonnes volontés du changement ne manquent certes pas mais le peuple a t’il la maturité nécessaire pour ce changement ? Ce qui prévaut à beyrouth n’est pas ce qui se dit à Tyr ou dans le Akkar . Les inégalités criantes qui se creusent tous les jours n’arrangent rien Aujourd’hui les gens veulent d’abord vivre manger se soigner …Il faut veiller à ce que les rêves ne se transforment en cauchemars renouvelés … ! Merci

    Noha Baz

    21 h 11, le 29 octobre 2021

  • J'AJOUTERAIS VOLONTIER : AVEC QUELS MOYENS FINANCIERS SANS LESQUELS IMPOSSIBLE DE REUSSIR MEME A COMMENCER UNE CAMPAGNE ELECTORALE !

    Gaby SIOUFI

    10 h 03, le 29 octobre 2021

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