Raconter l’actualité en images, tel est le défi que s’est lancé Habib Dargham qui n’a pas hésité à capturer, à partir du 17 octobre 2019, des photos des Libanais dans les rues se révoltant contre la corruption de leurs dirigeants. Parmi les images fortes qu’il a retenues de ce mouvement de contestation sans précédent, le jeune photographe en a soumis une série, accompagnée d’un texte explicatif, au Grand Prix du photoreportage étudiant de Paris Match 2021, un concours annuel créé en 2003 dans le but de récompenser de jeunes talents pour leurs photoreportages. Les clichés du Libanais de 26 ans ont séduit le jury qui lui a attribué le trophée Paris Match accompagné d’une somme de 5 000 € pour la réalisation d’un photoreportage, lors d’une cérémonie organisée le 22 octobre en direct de la mairie de Paris. Une double page comportant les photographies du jeune lauréat sera publiée dans un prochain numéro du célèbre hebdomadaire français d’actualité.
Les clichés de Habib Dergham se sont démarqués parmi les photoreportages de 50 000 candidats. Ils comprennent une photo intitulée Le cri d’un silence, prise le 19 novembre 2019, durant le soulèvement populaire, qui montre des manifestants essayant de casser, à Beyrouth, un mur métallique les séparant du Grand Théâtre abandonné et négligé par l’État.
« Persuadé de la puissance de l’image, j’ai souhaité, par le biais de ces clichés, raconter au monde l’histoire d’un peuple en souffrance qui n’a plus rien à perdre et qui a besoin de crier pour se faire entendre », raconte le jeune lauréat, passionné de photographie et diplômé en 2017 en audiovisuel à l’USEK. Et d’ajouter : « Nous, Libanais, avons le devoir, pour les générations futures, de nous tenir droits et de faire face à l’inégalité et à la corruption politique. »
La puissance de l’image
« Le peuple libanais a eu raison d’exprimer sa colère, et j’ai souhaité montrer au monde entier des détails de son quotidien par le biais de plus de 20 000 photos que j’ai prises dans les rues », explique le jeune homme qui vient d’obtenir l’équivalent d’un master 2 en photographie de la mode à l’école de photographie Spéos Paris.
Le photographe primé a décidé de faire de son photoreportage un ouvrage, baptisé Le cri d’un silence, qu’il a autoédité. « Grâce à l’aide de l’architecte Élie Abou Hala qui s’est occupé du graphisme et au soutien financier de ma mère, Elisabeth Abi Rached, j’ai réussi à imprimer 500 copies de mon premier livre de photojournaliste », raconte celui qui travaille, depuis 2015, comme réalisateur et photographe de mode.
Fier de la distinction qu’il vient d’obtenir, Habib Dargham ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin. « Moi qui suis habitué à faire des photos de mode, je projette de m’orienter également vers le photojournalisme, et j’espère pouvoir partager mon travail avec le plus grand nombre de personnes en exposant mes clichés aussi bien en France qu’au Liban », conclut-il.