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Moyen-Orient - Diplomatie

L’Arabie saoudite et l’Iran prennent langue, les actions concrètes manquent

Une nouvelle série de pourparlers devrait avoir lieu dans les prochains jours pour probablement « mettre la touche finale à un accord ».

L’Arabie saoudite et l’Iran prennent langue, les actions concrètes manquent

Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian, insiste sur le «  besoin de discussions supplémentaires  » entre Téhéran et Riyad. Anwar Amro/AFP

Après plusieurs mois de discussions, les deux grands rivaux du Golfe, l’Arabie saoudite et l’Iran, semblent se rapprocher doucement d’une détente. Mais il leur faudra faire plus pour apaiser les tensions et régler leurs différends, estiment les observateurs.

Lancées sous le président iranien modéré Hassan Rohani, les discussions entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient se sont poursuivies, notamment via l’Irak, après la prise de fonctions en août de son successeur conservateur Ebrahim Raïssi.

L’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite ont coupé leurs liens en 2016 après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique. Ces attaques sont survenues à la suite de l’exécution par Riyad d’un célèbre religieux chiite.

Début octobre, le chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal ben Farhan, a évoqué les dernières discussions disant espérer qu’elles permettent de « jeter les bases » d’une résolution des différends.

Son homologue iranien, Hossein Amir Abdollahian, a de son côté insisté sur le « besoin de discussions supplémentaires ». Il a toutefois affirmé que le dialogue était « sur la bonne voie » et que les deux parties étaient déjà parvenues à « des résultats et des accords ».

Selon un diplomate étranger ayant connaissance du dossier, une nouvelle série de pourparlers devrait avoir lieu dans les prochains jours pour probablement « mettre la touche finale à un accord ». « Ils sont en principe parvenus à un accord pour rouvrir les consulats. Je pense qu’un accord de normalisation pourrait suivre dans les semaines à venir », assure-t-il.

Actions concrètes

En attendant l’annonce d’une percée, la rhétorique anti-Iran a diminué dans les médias d’État en Arabie saoudite, le prince héritier Mohammad ben Salmane cherchant « une relation spéciale » avec Téhéran.

Dans un discours en septembre, son père, le roi Salmane, avait dit espérer que les discussions avec les Iraniens mènent à des « résultats tangibles » tout en les appelant à cesser « toute forme de soutien » aux mouvements armés au Moyen-Orient.

Les deux pays s’opposent sur la plupart des dossiers régionaux, notamment au Yémen. Embourbé dans le conflit qui ravage son voisin du Sud, l’Arabie saoudite cherche à mettre un terme à cette guerre qui lui coûte très cher.

Riyad intervient depuis 2015 au Yémen à la tête d’une coalition militaire en soutien aux forces du gouvernement face aux rebelles houthis. Les Saoudiens accusent l’Iran d’apporter un soutien militaire direct aux houthis, Téhéran dément et assure n’apporter qu’un soutien politique.

Ali Shihabi, un conseiller du gouvernement saoudien, évoque une « atmosphère positive », estimant toutefois que « l’Iran doit prendre des actions concrètes et non se contenter de belles paroles ».

Riyad s’inquiète aussi du programme nucléaire de l’Iran qui, malgré ses démentis, est soupçonné de vouloir se doter de l’arme atomique. Le royaume saoudien est en outre un proche partenaire des États-Unis, pays ennemi de Téhéran.

Pas d’autre choix

Mais « il y a plus de chances de parvenir à un accord aujourd’hui, car l’Arabie saoudite sait qu’il n’y aura pas de réaction militaire américaine à une attaque de la part de l’Iran », explique Yasmine Farouk, spécialiste de la région au centre de réflexion Carnegie Endowment for International Peace.

Le royaume est régulièrement visé par les rebelles houthis, notamment une attaque en 2019 contre une importante installation pétrolière qui avait provoqué une réduction de la production du premier exportateur de brut au monde. Washington et Riyad avaient accusé Téhéran.

Le dialogue entre Riyad et Téhéran s’inscrit dans un contexte de dégel généralisé dans la région avec des rapprochements entre des camps opposés : l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte, d’une part ; le Qatar et la Turquie, d’autre part.

Si Riyad et Téhéran ne seront jamais d’accord sur tous les dossiers, aujourd’hui ils « se retrouvent dans une impasse s’agissant de leur rivalité régionale », fait remarquer le journaliste iranien Maziar Khosravi. « Les deux parties savent qu’elles n’ont d’autre choix que de trouver un compromis. »

Haitham EL-TABEI/AFP

Après plusieurs mois de discussions, les deux grands rivaux du Golfe, l’Arabie saoudite et l’Iran, semblent se rapprocher doucement d’une détente. Mais il leur faudra faire plus pour apaiser les tensions et régler leurs différends, estiment les observateurs.Lancées sous le président iranien modéré Hassan Rohani, les discussions entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient se...

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