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Société - Enseignement supérieur

Nomination du recteur de l’UL : des tiraillements politico-confessionnels en perspective

« Pas de nomination du recteur sans la formation du conseil de l’université », tonne le CPL.

Nomination du recteur de l’UL : des tiraillements politico-confessionnels en perspective

Le campus de l'Université libanaise à Hadath . Photo UL

Alors que 18 candidats sont en lice pour le poste de recteur de l’Université libanaise, et que Bassam Badran et Walid Jaber se présentent pour l’instant comme les deux favoris avec une tête d’avance pour le premier qui dispose du plus haut rang de professeur, les tiraillements politico-confessionnels risquent, une fois encore, de dominer les débats. « Si la nomination du recteur de l’UL n’est pas accompagnée de celle du conseil de l’université dissous il y a deux ans, le processus de désignation par le gouvernement d’un successeur au recteur Fouad Ayoub, annoncé pour ce mercredi 6 octobre, n’aura pas lieu. » C’est ce qu’assure à L’Orient-Le Jour le chef du bureau du Courant patriotique libre à l’Université libanaise, le professeur Rock Mehanna. Le dossier de la nomination du nouveau recteur « ne sera donc pas à l’ordre du jour du prochain Conseil des ministres, ni des quelque trois ou quatre suivants, à moins d’accords politiques sur un package deal », promet le responsable politique, confirmant un blocage de la question par le CPL, parti du chef de l’État. Par package deal, il évoque l’insistance du bloc politique sur une nomination concomitante du recteur de l’UL et de son conseil de l’université. Autrement, le recteur actuel, dont le mandat prend fin le 13 octobre, « poursuivra sa mission en tant que chargé des affaires courantes » ou alors sera remplacé par le doyen le plus âgé p.i. selon la loi 66 qui régit le fonctionnement de l’UL, le temps que les partis au pouvoir s’entendent ou non sur l’avancée du dossier de la seule université publique du pays. Une université forte de plus de 81 000 étudiants (en 2019-2020), et de quelque 20 000 professeurs et fonctionnaires, mais qui subit de plein fouet les retombées de la crise multifactorielle qui touche le Liban et se traduit notamment par la baisse drastique du budget de fonctionnement, la dévalorisation des salaires, vu l’effondrement de la livre libanaise, et la fuite des cerveaux.

Une atteinte à l’université publique

« Nous refusons catégoriquement que le recteur règne en maître absolu sur l’UL, martèle le professeur Mehanna. Nous considérons qu’il s’agit d’une atteinte à l’université publique qui doit être au service de toute la population. » Depuis la dissolution en 2018 du conseil de l’université par le recteur Ayoub pour des raisons de représentativité, aucune initiative n’a eu lieu pour le remettre à flot ou ne serait-ce que nommer les doyens des facultés dont une bonne partie a atteint l’âge de la retraite. Cette instance chargée des décisions stratégiques, constituée de 37 doyens, membres, professeurs et délégués, aurait pourtant accordé à l’institution une certaine indépendance par rapport au pouvoir politique. Elle aurait aussi permis à l’ensemble de ses membres de participer au processus de nomination du recteur en effectuant une première sélection de cinq candidats au poste de recteur. Mais cette indépendance est mise à mal par les pleins pouvoirs du recteur, traditionnellement chiite, qui affiche sa proximité avec le président du Parlement Nabih Berry, chef du mouvement Amal. Cette situation déplaît fortement au CPL qui se veut le champion des droits des chrétiens et est à couteaux tirés avec M. Berry. Entre les deux alliés du Hezbollah, le ton promet de monter, d’autant qu’un enjeu de taille les divise, le poste de doyen de la faculté de médecine que convoitent à la fois chrétiens et chiites.

Le sacro-saint principe du clientélisme politique

Le dossier de la désignation du recteur vient rappeler, une énième fois, le Liban à sa triste réalité. Le clientélisme et le partage des parts entre les différents partis politiques au pouvoir sont plus que jamais au cœur des nominations. Et ce malgré la révolte populaire du 17 octobre 2019 et les appels d’une population excédée par la mauvaise gouvernance à mettre en avant les compétences. « Rien n’a changé. Rien ne changera mises à part quelques modifications cosmétiques, tant que l’université et l’enseignement publics ne seront pas envisagés dans le cadre d’une stratégie globale éducative », regrette Saïd Issa, expert en gouvernance et en matière de lutte contre la corruption. Dans ce cadre, « se poursuivront clientélisme et pressions politiques conformément aux intérêts partisans dans tous les rouages de l’institution universitaire, depuis le recrutement des étudiants jusqu’à l’embauche des enseignants et la régularisation de leur situation », craint-il, dénonçant « une mauvaise gestion de l’UL et l’hégémonie du tandem Amal-Hezbollah sur l’institution ». Mêmes regrets de la part de Youssef Daher, président du comité exécutif de la Ligue des professeurs de l’UL. « Le dossier est sous l’influence des politiciens, alors qu’il s’agit d’une institution académique », déplore-t-il, dénonçant « le chaos au sein de l’institution universitaire publique libanaise, en chute libre depuis 10 ans ».

Pour mémoire

À l’UL, 80 000 étudiants attendent dans l’angoisse la plus totale la réouverture des facultés

Vu le déroulement des choses et la composition du gouvernement Mikati, majoritairement formé de figures proches du CPL et du tandem chiite, rien ne présage que la nomination du prochain recteur sera différente des précédentes désignations. « Même si nous sommes opposés à l’absence du conseil de l’université, notre avis ne compte pas parce que nous ne sommes pas représentés au sein du gouvernement », fait remarquer Ziad Herro, président de la Ligue des professeurs universitaires de l’UL au sein des Forces libanaises. Il en est de même pour le courant du Futur, dont un représentant qui a réclamé l’anonymat explique que le parti de Saad Hariri « ne pèse pas dans la balance » au sein de ce gouvernement. « Nous sommes pourtant contre le blocage du dossier et convaincus de la nécessité de préserver les institutions », insiste-t-il.

Étatn donné cet état des lieux, peut-on seulement espérer un déblocage sous peu de ce dossier, sachant que la priorité du gouvernement est accordée aux dossiers économiques et aux pourparlers avec le Fonds monétaire international ?

Alors que 18 candidats sont en lice pour le poste de recteur de l’Université libanaise, et que Bassam Badran et Walid Jaber se présentent pour l’instant comme les deux favoris avec une tête d’avance pour le premier qui dispose du plus haut rang de professeur, les tiraillements politico-confessionnels risquent, une fois encore, de dominer les débats. « Si la nomination du recteur...

commentaires (3)

Ils sont partout et font ce qu’ils veulent de ce pays et de ses institutions et continueront à le faire tant qu’une forte opposition unie ne se met pas en travers de leur chemin pour les dégager. Tout ce cinéma répétitif de discorde entre le CPL et Berry, une bouse coupée en deux, ne convainc plus grand monde, ils sont toujours d’accord de ne pas l ‘être pour brouiller les pistes et faire croire aux écervelés de leurs partis qu’ils se battent tous les deux pour le bien de leur communauté confessionnelle alors que leur soucis réside dans leur enracinement dans le pouvoir pour continuer à saper ses institutions. IL FAUT À TOUT PRIX LES DÉGAGER ET LE JUGER POUR TRAHISON.

Sissi zayyat

13 h 25, le 05 octobre 2021

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Commentaires (3)

  • Ils sont partout et font ce qu’ils veulent de ce pays et de ses institutions et continueront à le faire tant qu’une forte opposition unie ne se met pas en travers de leur chemin pour les dégager. Tout ce cinéma répétitif de discorde entre le CPL et Berry, une bouse coupée en deux, ne convainc plus grand monde, ils sont toujours d’accord de ne pas l ‘être pour brouiller les pistes et faire croire aux écervelés de leurs partis qu’ils se battent tous les deux pour le bien de leur communauté confessionnelle alors que leur soucis réside dans leur enracinement dans le pouvoir pour continuer à saper ses institutions. IL FAUT À TOUT PRIX LES DÉGAGER ET LE JUGER POUR TRAHISON.

    Sissi zayyat

    13 h 25, le 05 octobre 2021

  • ILS ONT FAIT DU PAYS, DANS TOUT, UN MEGA BORDEL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 08, le 05 octobre 2021

  • si pas d'accord / de compromis/compromissions entre Kellon, si un vote est donc requis au sein du cabinet pour en decider serait ce la le 1er test qui prouverait si oui ou non aoun a bel et bien assure son tiers de blocage au sein du gouv ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 59, le 05 octobre 2021

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