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Monde - France

Autrefois choyés, les protégés de Rifaat el-Assad laissés sans eau ni électricité

Autrefois choyés, les protégés de Rifaat el-Assad laissés sans eau ni électricité

L’entrée du « haras de Saint-Jacques » à Bessancourt, à l’orée de la forêt de Montmorency, où résident d’anciens proches collaborateurs syriens de Rifaat el-Assad, oncle du président Bachar el-Assad. L’établissement a été laissé en ruine et l’électricité a été coupée depuis que Rifaat al-Assad a cessé d’entretenir les familles qui y vivent depuis des décennies. Alain Jocard/AFP

En lisière d’une forêt au nord de Paris, les protégés de Rifaat el-Assad vivaient dans un « havre de paix », toutes factures payées par l’oncle du président syrien. Ils s’y débrouillent désormais sans eau ni électricité, laissés sur le carreau par leur ancien bienfaiteur. Sous respirateur, Muhsen el-Assaad se rend chez sa fille pour brancher son appareil et se laver, faute d’électricité dans le vaste haras à 27 kilomètres de Paris où ce retraité syrien est hébergé depuis des décennies avec une dizaine de familles, longtemps entretenues par Rifaat el-Assad. Cet ancien homme de main du clan Assad vit « 24h/24 sous oxygène », explique son épouse, Fatiha el-Assaad. « J’ai peur que mon mari meure », confie la mère de famille, arrivée en France dans les années 1980, dans les bagages de Rifaat el-Assad en exil, après une tentative de coup d’État contre le frère de ce dernier, l’ancien président syrien Hafez el-Assad.

En disgrâce, le frère honni s’installe alors en Europe avec famille, milice et employés. Quelque 200 personnes réparties entre l’Espagne, l’Angleterre et la France, dans la petite commune cossue de Bessancourt, à l’orée de la forêt de Montmorency, où l’ancien vice-président de la Syrie s’est offert le haras Saint-Jacques. Ce domaine d’une quarantaine d’hectares est composé d’un château, d’une piscine couverte rococo, d’écuries réaménagées en pavillons et de maisons de plus ou moins bonne facture. « On est 79 Syriens à vivre dans ce havre de paix », s’enorgueillit toujours Hussein el-Assad, ancien interprète de Rifaat el-Assad. Débarqué en 1984 de Lattaquié (ouest de la Syrie), il n’a jamais payé de loyer à Bessancourt et ne possède aucun contrat. « Rifaat a toujours payé en temps et en heure les factures », assure le retraité.

« 200 000 euros d’impayés »

Mais depuis quelques années, le bienfaiteur du haras, poursuivi en Suisse pour des crimes de guerre commis dans les années 1980, est aux abonnés absents et le domaine tombe en ruine, comme en témoignent les trous sur les toitures rafistolées. Le protecteur a cessé de « transmettre les enveloppes d’argent » pour faire vivre les locataires, glisse anonymement un ancien garde du corps. Rifaat el-Assad a laissé « une dette de 200 000 euros au château de Bessancourt » et « ne paye ni l’électricité ni les charges », dit le maire de la commune, Jean-Christophe Poulet. Aussi, le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité en France a décidé de couper le courant après sa condamnation début septembre à Paris pour blanchiment de détournement de fonds publics syriens, affaire dite « des biens mal acquis ».

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À 84 ans, celui qui se présente comme un opposant à son neveu Bachar el-Assad a été condamné, en son absence, à quatre ans de prison et à la confiscation d’un patrimoine évalué à 90 millions d’euros. La « débrouille » est désormais le maître mot au sein de la petite communauté syro-bessancourtoise. Certains ont opté pour une douche à la piscine ou à l’hôtel, d’autres se lavent chez des proches dans les villes avoisinantes.

Ali Saymeh s’est acheté un réchaud le lundi. La cartouche de gaz s’était « déjà vidée » le jeudi, se désole le jeune homme de 24 ans, qui cohabite avec sa mère. Dans leur cuisine, la marmite se substitue au ballon d’eau chaude. « Cela fait une semaine que je mange du fast-food. Cela devient très difficile au niveau de l’hygiène et de la santé mentale », assure cet assistant commercial chez Renault. « On est prêts à payer l’électricité si (le gestionnaire) Enedis nous installe nos propres compteurs », dit-il. Mais juridiquement, seul Rifaat el-Assad est propriétaire et les familles vivent dans la crainte d’une expulsion.

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En Assadistan, au nom du père et du fils...

Très rapidement, Siwar, l’un des fils de Rifaat el-Assad, sera mis au courant du passage des journalistes dans le domaine. Il téléphonera depuis Londres pour rappeler que son père « a pris en charge ces familles pendant trente ans » et que « la confiscation des biens et des comptes bancaires » par la justice empêche à présent le règlement des factures.

Le maire de Bessancourt a effectué un signalement aux autorités sanitaires pour faire rétablir d’urgence le courant. « À court terme, il s’agit d’un problème de santé publique. Ce sont des familles qui ont des enfants dont certains ne vont plus à l’école. Des personnes sont en situation de handicap », souligne l’élu. Ensuite, ajoute-t-il, « il faudra s’interroger sur le sort de ce bien et l’avenir de ces familles venues de Syrie et dont les enfants sont nés en France ».

En lisière d’une forêt au nord de Paris, les protégés de Rifaat el-Assad vivaient dans un « havre de paix », toutes factures payées par l’oncle du président syrien. Ils s’y débrouillent désormais sans eau ni électricité, laissés sur le carreau par leur ancien bienfaiteur. Sous respirateur, Muhsen el-Assaad se rend chez sa fille pour brancher son appareil et se laver,...

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choyes ou juste "autorises" avec a peine de quoi "survivre " les esclaves de rifaat assad ?

Gaby SIOUFI

10 h 16, le 25 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • choyes ou juste "autorises" avec a peine de quoi "survivre " les esclaves de rifaat assad ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 16, le 25 septembre 2021

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