Je rêve même éveillée !

Ce soir en cette fin de mois de septembre je suis emportée par une émission tournée à Marrakech et que j’aurais souhaité voir se passer chez nous !

Oui chez nous cette « Fête de la chanson à l’orientale ».

Mais c’est où chez nous ?

Le reconnaissez-vous encore notre chez nous ? Il a changé depuis belle lurette !

Le changement devrait être une évolution positive !

Mais chez nous l’évolution est en sens inverse ! Négative !

Comment le dire plus explicitement ? Au lieu de nous faire avancer nos dirigeants nous ont fait reculer, et ça se compte en décennies !

Mais chez nous c’est notre Liban !

Le Liban d’antan !

Le Liban de nos aïeux !

Le Liban des hommes !

Le Liban des responsables !

Le Liban des mille et une nuits !

Le Liban qui ne dort jamais !

Le Liban auquel tout étranger s’attache à ne plus vouloir quitter !

Le Liban où un soir de Nouvel An, je m’en souviens encore, après avoir tant insisté, mon père se décide enfin à m’emmener faire un tour à Beyrouth après minuit, et s’étonne de m’entendre le presser de rentrer aussitôt à la maison ! La rue était noire de monde !

Noire de gens qui faisaient la fête de la place des Canons à Hamra !

Aujourd’hui ma ville n’est plus noire de monde, mais noire du vide !

Noire avec ses immenses tours fantômes !

Noire avec ses foyers sans chaleur !

Noire sans le cœur de ses fils disparus !

Noire par l’absence de ses familles dispersées !

Noire par la perte de ses sourires !

Noire de ses larmes qui ne peuvent sécher avant que justice ne soit faite !

Noire de voir se ruiner ses honnêtes familles !

Noire de réclamer ses droits bafoués !

Mais dans mon rêve et dans mon esprit mon pays chante à nouveau et ma ville s’égaye !

Mon pays se débarrasse de son manteau noir !

Mon pays balaie ses mafieux !

Mon pays rejette ses tyrans !

Il se dépoussière, sourit à ses enfants, sèche ses larmes et récupère sa joie !

Ma ville s’anime, ses rues grouillent, les étrangers s’y précipitent, ses vitrines se décorent, ses maisons s’illuminent, ses écoles rouvrent, ses étudiants se pressent, ses cafés se remplissent, ses penseurs se réunissent, ses théâtres sont bondés, ses promeneurs se baladent, ses amoureux s’enlacent et les cris de ses enfants retentissent !

Les boulangers enfournent leur pain !

Les pêcheurs reprennent la mer !

Et les marchands de quatre-saisons déambulent à grandes enjambées !

Hélas ce n’est qu’un rêve même éveillée !

Mais il ne tient qu’à nous pour qu’il redevienne réalité !

Il ne tient qu’à ce petit bulletin à déposer dans les urnes pour nous rendre ce qu’ils nous ont à tous usurpé !

Le Liban se remettra.

Le Liban se soudera.

Le Liban guérira.

Le Liban séchera ses larmes.

Le Liban relèvera ses manches.

Et le Liban demeurera.

Et le Libanais gouvernera !

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