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Société - Enquête sur les explosions du 4 août

Les avocats de Fenianos déposent une plainte pour "suspicion légitime" contre le juge Bitar

"Le lancement d'un mandat d'arrêt contre ma personne est illégal et injuste", se défend à nouveau l'ancien ministre libanais des Travaux publics et des Transports. 

Les avocats de Fenianos déposent une plainte pour

L'ancien ministre libanais des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, dans le centre-ville de Beyrouth, le 23 mai 2018. Photo ANWAR AMRO / AFP

Les avocats de l'ancien ministre libanais des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, ont présenté mercredi une plainte devant la Cour pénale de cassation afin de réclamer que l'instruction sur la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020 soit confiée à un autre juge que Tarek Bitar, accusé de "suspicion légitime", a confirmé une source judiciaire à notre publication jumelle en anglais L'Orient Today. 

Cette plainte a été déposée alors qu'un mandat d'arrêt a été lancé jeudi dernier par le juge contre M. Fenianos, qui est poursuivi pour "intention présumée d'homicide, négligence et manquements" et a refusé à plusieurs reprises de se présenter devant Tarek Bitar. 

Dans un communiqué publié dans la journée, l'ancien ministre a estimé qu'il était "obligé" de se défendre contre les actions du juge Bitar, afin de s'assurer que l'instruction "suive son bon cours et que la vérité soit faite". Il a dénoncé les "comportements déviants" du juge et les "injustices" dont il a été selon lui victime, mais qui ne "changeront pas la vérité et les faits". "Le lancement d'un mandat d'arrêt contre ma personne est illégal et injuste", a-t-il insisté, estimant qu'il devrait normalement comparaitre devant la Haute cour chargée de juger les présidents, ministres et anciens ministres, une institution devant laquelle aucun responsable n'a jamais été déféré. 

Réagissant au dépôt de cette plainte, les familles des victimes ont dénoncé une "poursuite des attaques de la classe dirigeante tyrannique contre le sang de nos enfants et les larmes de nos mères, afin d'empêcher que la vérité soit faite", accusant les responsables de se cacher sous leurs "protections confessionnelles et politiques". Cela montre, selon les familles, qu'ils "ont vraiment peur" de ce que pourrait révéler l'enquête. Ils ont dès lors appelé la présidente de la sixième chambre de la Cour de cassation, la juge Randa Kfoury, chargée selon eux de trancher sur cette plainte, à "ne pas tuer une seconde fois" les victimes de la catastrophe du 4 août. 

L'interrogatoire de Youssef Fenianos, prévu le 6 septembre, avait été reporté au 16 septembre afin d'étudier deux recours pour "vice de forme" présentés par ses avocats, alors que l'enquête piétine depuis un an. M. Fenianos ne s'était finalement pas présenté à l'interrogatoire jeudi, ce qui avait poussé le juge Bitar a émettre un mandat d'arrêt par contumace visant l'ex-ministre. 

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Plus d'un an après la double explosion de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d'ammonium et qui a fait au moins 214 morts et plus de 6.500 blessés, dévastant des quartiers entiers de la capitale, l'enquête locale n'a toujours pas donné de résultats. De nombreux responsables poursuivis par le juge d'instruction près la Cour de justice, à l'instar de M. Fenianos, refusent toujours de comparaître, et les diverses composantes de la classe dirigeante, qui ont rejeté une enquête internationale, sont accusées de tout faire pour torpiller l'enquête. 

En plus de Youssef Fenianos, des poursuites ont été lancées à l'encontre des députés Ghazi Zeaïter, Ali el-Khalil et Nouhad Machnouk, appelés à comparaitre les 30 septembre et 1er octobre, du général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, de l'ex-commandant en chef de l'armée Jean Kahwagi, d'un ancien chef des renseignements de l'armée, Camille Daher, de plusieurs officiers et du chef de la Sécurité de l’État Tony Saliba.

Le juge Bitar avait également lancé deux mandats d'amener à l'encontre du Premier ministre sortant Hassane Diab, poursuivi pour négligence dans ce drame, mais celui-ci avait refusé de comparaître devant le magistrat, soutenu en cela par les figures de la communauté sunnite à laquelle il appartient. La nouvelle audience de M. Diab a été fixée au 4 octobre.

En visite à Dar el-Fatwa où il a été reçu par le mufti de la République, le cheikh Abdel Latif Deriane, Nohad Machnouk a pour sa part accusé mercredi le juge Bitar de "prendre ses ordres du conseiller (du président de la République Michel Aoun) Salim Jreissati". Nohad Machnouk affirme que M. Jreissati voudrait lui "faire payer le prix d'avoir critiqué il y a deux ans (le chef du Courant patriotique libre) Gebran Bassil pour s'en être pris au sunnisme politique". "Nous allons faire face avec la Constitution, la loi, et la politique", a affirmé M. Machnouk. "Au juge Bitar nous disons : trop c'est trop. Et que personne ne fasse de surenchère avec nous", a prévenu le député et ex-ministre.

Soutien de Geagea à Bitar

De son côté, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, farouche opposant au Hezbollah, a dénoncé mercredi les menaces que le parti chiite a adressées au juge Bitar par le biais de l'un des hauts cadres de la formation. "Il est très regrettable que le juge près la Cour de justice soit menacé, alors qu'il est réputé être l'un des magistrats les plus honnêtes et sachant qu'il travaille sur un dossier crucial, celui de l'explosion au port de Beyrouth", a affirmé M. Geagea sur Twitter. "Il est également regrettable que plusieurs personnes poursuivies dans le cadre de l'enquête ne fassent pas preuve de coopération avec le juge, tantôt en prétextant des immunités, et tantôt en justifiant cela par les équilibres confessionnels", a ajouté le leader maronite.

Pour Samir Geagea, le nouveau ministre de la Justice et le nouveau gouvernement tout entier "doivent constituer un rempart devant chaque menace ou entrave à l'enquête". "Au final, d'une façon ou d'une autre, nous ne laisserons pas tomber l'affaire de l'explosion du port avant que la vérité ne soit dévoilée", a-t-il promis.

Signe de la gravité des menaces, le ministre de la Justice, Henri Khoury, a reçu mercredi le juge Tarek Bitar, afin de s'entretenir avec lui de sa "sécurité personnelle". Henri Khoury a ainsi demandé au juge Bitar d'expliquer le bien-fondé des informations circulant dans les médias concernant sa "sécurité personnelle", affirmant, selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle) qu'il allait "suivre cette affaire avec les autorités judiciaires compétentes afin de prendre les mesures nécessaires".

Les avocats de l'ancien ministre libanais des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, ont présenté mercredi une plainte devant la Cour pénale de cassation afin de réclamer que l'instruction sur la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020 soit confiée à un autre juge que Tarek Bitar, accusé de "suspicion légitime", a confirmé une source judiciaire à notre...

commentaires (17)

Merci!

Sabri

05 h 54, le 24 septembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (17)

  • Merci!

    Sabri

    05 h 54, le 24 septembre 2021

  • Et de plus son parrain est dans la file des présidentiables... De la jhanam aux accents iraniens à la jhanam aux accents syriens...et ils se disent libanais...le temps des Rois Maudits...

    Wlek Sanferlou

    14 h 15, le 23 septembre 2021

  • Lorsqu’on est irréprochable on n’a pas peur d’être entendu par un juge qui ne veut que faire éclater la vérité. On commence par les moins concernés jusqu’à arriver aux vrais coupables et vous refusez tous de lui faciliter la tâche arguant des excuses tordues pour protéger ceux qui vous ont placé pour vous utiliser comme bouc émissaire si vous ne les dénoncez pas pour enfin débarrasser ce pays des mafieux sans scrupules. Il n’y a aucun repenti qui consent à collaborer avec la justice de ce pays, ils préfèrent tous un autre genre de collaboration honteuse qui finira par les avoir, qu’ils témoignent ou pas.

    Sissi zayyat

    13 h 14, le 23 septembre 2021

  • QUESTION AU JUGE BITAR TOUTE LEGITIME, QUOI QU'ON EN PENSE : POURQUOI LES POURSUITES DES "OFFICIELS" DE "STATURE" COMMENCENT PAR CEUX EN POSTE JUSTE AVANT LE DRAME DU PORT? POURQUOI NE PAS AVOIR COMMENCE PAR CEUX IMPLIQUES DEPUIS 2013/2014 ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 44, le 23 septembre 2021

  • Encore un autre qui se pointe du doigt et qui confirme les doutes. Un innocent, entoure' d'une escouade d'avocats, ne peut pas craindre a ce point de rencontrer un juge.

    Goraieb Nada

    07 h 52, le 23 septembre 2021

  • Shame on this guy!!!!

    Wow

    00 h 31, le 23 septembre 2021

  • La "suspicion légitime" ça marche combien de fois? C’est illimité? Dans ce cas autant déposer directement une plainte pour suspicion légitime contre le système judiciaire en général, comme ça il sera tranquille pour un moment. Ah, et c’est héréditaire aussi?

    Gros Gnon

    21 h 07, le 22 septembre 2021

  • Avez-vous remarqué le silence absolu de la communauté internationale? Ses voyous n'aurai pas agit ainsi sans leur consentement.

    Salim Naufal / SOFTNET ENGINEERING

    20 h 16, le 22 septembre 2021

  • Les voyous sont les politiques et les avocats qui veulent destituer le juge. Heureusement que ces pourris n’ont pas dit « déloger » comme le Hezbollah. Pays des non droits, quelle honte.

    Karam Georges

    18 h 50, le 22 septembre 2021

  • HONTE À VOUS MESSIEURS LES POLITICIENS DE VOUS DÉROBER PAR DES MOYENS AUSSI ABJECTS DE LA JUSTICE. VOUS ÊTES DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT RESPONSABLES DE CE CRIME CONTRE L’HUMANITÉ QU’A ÉTÉ L’EXPLOSION DU 4 AOÛT. VOUS AVEZ ASSASSINÉ ET TENTÉ D’ASSASSINER VOS PROPRES CONCITOYENS ET AVEZ DÉTRUIT UNE PARTIE DE LA CAPITALE DE VOTRE PAYS. VOUS MÉRITEZ TOUS LE CHÂTIMENT EXTRÊME

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 20, le 22 septembre 2021

  • Bon, c'est simple: si il n'a rien a cacher, de quoi a t'il peur. Par ses action, l'accuse vient de prouver qu'il est probablement coupable...Couvert par le patron de son patron, pays voisin.....

    Sabri

    17 h 08, le 22 septembre 2021

  • MALHEUREUSEMENT C'EST FENIANOS QUI VA DÉLOGER LE JUGE BITAR APPYER PAR SON PATRON LE SYRIEN SLEIMAN FRANGIÉ 2. LE RÉSULTAT EST CLAIR. LA LOIS DU PLUS FORT EST TOUJOURS LA MEILLEUR. LE HEZBOLLAH VEUT QUE LE JUGE SE VAPORISE, MORT OU VIVANT. SAUVE QUI PEUT.

    Gebran Eid

    15 h 46, le 22 septembre 2021

  • On abuse de la justice autant que possible, et on retarde l'évolution des investigations. A douter que ce genre de jeu puisse arriver dans n'importe quel autre pays arabe ou en Iran. Pourquoi chez nous cela est toujours possible facile, abusif, et indéfiniment. Quelle honte!

    Esber

    14 h 46, le 22 septembre 2021

  • Pour que 'l'instruction "suive son bon cours et que la vérité soit faite", refuser désespérément rendre à une convocation du juge ne semble pas être ma meilleure méthode.

    Yves Prevost

    14 h 46, le 22 septembre 2021

  • Dans le pays des Intouchables !

    DRAGHI Umberto

    14 h 43, le 22 septembre 2021

  • Voilà ce qui arrive lorsque la politique prend le dessus sur la justice, lorsque les habitants d’un pays ne vivent pas dans un État de droit. Le Liban n’est pas un État de droit. La preuve se trouve là dans votre article. Un juge qui enjoint la comparution d’un citoyen, en l’occurrence un ancien ministre, qui refuse de comparaitre devant le juge en invoquant des motifs divers et multiples de sa non-comparution. Pauvre Liban, mon beau pays.

    Hippolyte

    14 h 35, le 22 septembre 2021

  • Les voyous n'ont peur de rien et ils gouvernent à la manière de la dictature Syrienne et Iranienne... Ils ne craignent rien, même pas le ridicule ... nous ne sommes pas prêts à être débarrassés de cette clique mafieuse.

    Zeidan

    14 h 31, le 22 septembre 2021

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