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Moyen-Orient - Éclairage

À Moscou, Assad montre patte blanche face à Poutine

La rencontre intervient deux semaines après l’accord de trêve signé entre les rebelles de Deraa et le régime sous la médiation des Russes.

À Moscou, Assad montre patte blanche face à Poutine

Le président syrien Bachar el-Assad a rencontré lundi soir son homologue russe Vladimir Poutine à Moscou. Sputnik/Mikhail Klimentyev/Kremlin via Reuters

C’est une rencontre, comme de coutume, à la communication millimétrée. Bachar el-Assad était à Moscou hier pour discuter avec son homologue russe Vladimir Poutine. Arrivé la veille au soir, l’échange officiel entre les deux dirigeants n’a été dévoilé par les médias d’État que le lendemain. Un tête-à-tête rare entre les deux alliés, le dernier sur le sol russe datant de mai 2018 dans la résidence d’été du président à Sotchi. Lors de leur première rencontre officielle en 2015, c’est un Bachar el-Assad aux abois qui s’était rendu auprès de Poutine, dans ce qui semblait ressembler à une convocation du tsar russe. Aujourd’hui, même si la rencontre garde un air de convocation, le rapport de force sur le terrain n’est plus le même. Après avoir remercié son allié pour « l’aide humanitaire qu’il a fournie à la Syrie, à la fois en ce qui concerne la pandémie de coronavirus et pour assurer toutes les nécessités de base dont le citoyen a besoin dans sa vie quotidienne », le président syrien a salué le succès de l’armée russe qui, après six ans d’intervention en Syrie aux côtés des soldats loyalistes, a permis « la libération des terres syriennes et a participé au retour des réfugiés dans leurs villes ».

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Dix ans après le début du conflit dans lequel Moscou a pris part en engageant ses troupes en septembre 2015, le régime syrien a reconquis la quasi-totalité du territoire. L’intervention russe a conduit le régime à contrôler Alep et son rif, la Ghouta orientale, Homs, Deraa et plusieurs autres zones. Aujourd’hui, seul le Nord syrien reste encore aux mains des factions rebelles. Mais le processus politique peine. Dans le contexte actuel, Moscou et Damas ne parviennent pas à transformer les gains militaires en gains politiques, le régime syrien étant toujours considéré comme un paria aux yeux de la communauté internationale, et placé sous sanctions américaines et européennes. De fait, le parrain russe ne parvient toujours pas à faire réhabiliter son poulain.

Accord de trêve

La rencontre de Vladimir Poutine et Bachar el-Assad intervient deux semaines après la signature d’un accord de trêve entre les insurgés dans la province de Deraa et Damas. Durant deux mois, l’armée et les milices pro-Téhéran ont imposé un siège à l’enclave, berceau de la contestation en 2011, reprise en 2018 par les forces loyalistes. À l’époque, les rebelles avaient passé un accord sous l’égide des Russes leur permettant de conserver leurs armes légères. Moscou ne souhaitant pas voir d’anciens fronts s’embraser après un calme « relatif » de trois ans a donc été amené une fois encore à intervenir en jouant les médiateurs. En vertu du nouvel accord, Damas exige la « régularisation » des rebelles, les contraignant à rendre les armes ou à quitter la région pour le Nord-Ouest.

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« Malheureusement, il existe encore des poches de résistance pour les terroristes qui non seulement contrôlent une partie du territoire, mais aussi continuent à terroriser les civils », a déclaré hier Vladimir Poutine lors du meeting, dans une tentative de détourner l’attention de la dernière campagne militaire du régime à Deraa. Selon le président russe, le « principal problème de la Syrie » est l’ingérence étrangère au sol. « Des forces armées étrangères, sans décision de l’ONU, sans votre accord, sont présentes sur certains territoires du pays, ce qui est manifestement contraire au droit international », a-t-il estimé sans plus de précisions. La Turquie et ses alliés syriens contrôlent des zones dans le nord de la Syrie, tandis que la coalition militaire menée par les États-Unis reste basée dans le Nord-Est en soutien aux forces kurdes. Avec cette partie du territoire qui lui échappe, le président syrien, réélu en mai, ne peut espérer stabiliser la situation, alors que la crise économique ne fait que s’aggraver et menace tout projet d’une reconstruction estimée à plusieurs centaines de milliards de dollars. Or, les Russes cherchent à pérenniser leur aventure syrienne et à s’assurer que leur mainmise ne sera pas contestée.

Pour mémoire

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Étranglé par des sanctions économiques occidentales, dont les dernières en date lancées par Washington mi-juin liées à la loi César, le régime ne peut espérer sortir la tête de l’eau sans avoir une nouvelle fois recours à leur aide. Les sanctions en vigueur depuis des années visent des responsables du régime, mais touchent aussi le domaine économique, avec notamment des restrictions sur les importations syriennes et le secteur pétrolier. Les deux présidents devaient aborder les domaines de la coopération économique entre les deux pays. Depuis 2015, Moscou a signé plusieurs accords avec Damas dans des secteurs vitaux et souverains du pays, tels que l’extraction de phosphate, l’exploration pétrolière et gazière, et la mise en place de silos à blé. Vladimir Poutine a indiqué que les échanges commerciaux entre la Russie et la Syrie ont été multipliés par 3,5 au premier semestre de cette année. « L’intervention russe a coûté une fraction de l’intervention iranienne, mais Moscou a réussi à bénéficier d’une magnitude beaucoup plus importante en termes d’investissement par rapport aux Iraniens », rappelle Karam Shaar, économiste syrien et chercheur pour le Middle East Institute. Il y a tout juste un an, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s’était rendu à Damas afin de discuter de la coopération économique entre les deux alliés.

C’est une rencontre, comme de coutume, à la communication millimétrée. Bachar el-Assad était à Moscou hier pour discuter avec son homologue russe Vladimir Poutine. Arrivé la veille au soir, l’échange officiel entre les deux dirigeants n’a été dévoilé par les médias d’État que le lendemain. Un tête-à-tête rare entre les deux alliés, le dernier sur le sol russe datant de...

commentaires (2)

La Russie fidèle n'abandonne JAMAIS ses amis , contrairement aux ëtats-Unis sur lesquels on ne peut jamais vraiment compter

Chucri Abboud

22 h 36, le 15 septembre 2021

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Commentaires (2)

  • La Russie fidèle n'abandonne JAMAIS ses amis , contrairement aux ëtats-Unis sur lesquels on ne peut jamais vraiment compter

    Chucri Abboud

    22 h 36, le 15 septembre 2021

  • Assad suit l’exemple de son père en tablant sur plusieurs alliés pour faire jouer la concurrence. Si Poutine laisse faire Assad il est plus que cuit car ce renard ne le laissera pas récolter les fruits de sa victoire militaire sans lui au pouvoir et c’est la que ça coince. Avec Assad ca sera le désastre économique sans aucune aide et sans lui ça sera le chaos dans le pays puisqu’il est maître en la matière. Ces poches de rebelles qui représentent un atout mais peuvent se révéler aussi une menace pour les deux protagonistes puisqu’ils peuvent faire en sorte que le sort du pays bascule dans un sens comme dans un autre.

    Sissi zayyat

    12 h 19, le 15 septembre 2021

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