
Le ministre de l’Économie et du Commerce Amine Salam (à droite) et son prédécesseur Raoul Nehmé, hier, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs. Photo Magaly Abboud
Le nouveau ministre de l’Économie et du Commerce, Amine Salam, a affirmé hier, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs au ministère, « qu’il n’y a pas de tunnel sans fin », promettant ainsi de sortir le pays de la crise économique, financière et de liquidité qu’il traverse depuis près de deux ans. Il a également annoncé que ses priorités seraient le lancement effectif de la carte d’approvisionnement, censée servir de substitut aux subventions sur les produits essentiels, et la protection des consommateurs. Il a assuré qu’il s’occupera en premier lieu de cette carte d’approvisionnement adoptée par le Parlement fin juin et lancée la semaine dernière par le gouvernement précédent. Ce dispositif est attendu par une large partie de la population et il est « nécessaire vu la suppression prochaine des subventions sur le carburant ». Cette suppression des aides a été annoncée de manière informelle la semaine dernière, mais elle reste entourée de flou. Répondant à une question, le ministre a indiqué avoir ressenti un important « contrôle » de la part des différents partenaires impliqués, dont la Banque mondiale, pour que « cette carte ne devienne pas une carte électorale », principale crainte d’une grande partie des observateurs à l’approche des élections législatives de mai 2022.
Sa seconde priorité sera la protection des consommateurs, notamment la qualité et le prix des produits dans le commerce, ce qui constitue « un très grand défi, étant donné la logistique limitée » à disposition. Soulignant qu’il avait pris connaissance des dossiers « volumineux » sur lesquels travaille le ministère, Amine Salam a remercié son prédécesseur Raoul Nehmé d’avoir bien préparé le terrain. « Je discuterai de ces différents dossiers lorsque j’aurai pris le temps de bien les étudier », a-t-il précisé. Il a également ajouté qu’il allait travailler sur un plan de redressement économique. Celui du gouvernement sortant de Hassane Diab, élaboré en avril 2020 et adopté en Conseil des ministres fin mai, puis envoyé au Fonds monétaire international en lui demandant une assistance financière. Qualifié par les internautes de « ministre du Photoshop », il a fait savoir qu’il n’a pas de temps à perdre, laissant entendre qu’il ne répondra pas à ce genre de critiques.
Les pleurs de Raoul Nehmé
Amine Salam, qui reprend souvent des tweets de Baha’ Hariri, frère de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, fait partie de la quote-part de Nagib Mikati. Il a commencé sa carrière professionnelle en tant qu’avocat d’affaires au sein de la société Shearman & Sterling LLP aux États-Unis en 2007 et l’a poursuivie en faisant partie de la commission chargée de la région du Moyen-Orient auprès du gouverneur du Maryland aux États-Unis en tant que conseiller en commerce international et en investissement pendant huit ans (de 2009 à 2017). En parallèle, il a travaillé à la Chambre de commerce arabo-américaine dont il a occupé la fonction de vice-président. Depuis 2018, il était le directeur général d’une entreprise de conseil, Ankura, également aux États-Unis, spécialisée notamment dans le risque, la transformation des entreprises et la finance, selon le site officiel. Il est diplômé en droit de l’Université La Sagesse à Beyrouth et de l’Université George Washington aux États-Unis. Selon sa page LinkedIn, il a commencé en 2020 une formation de management économique à la Harvard Kennedy School et devrait la terminer en 2022. Un projet probablement mis entre parenthèses depuis sa nomination en tant que ministre de l’Économie et du Commerce. De son côté, Raoul Nehmé a exprimé l’espoir que le nouveau gouvernement « ne rencontrera pas d’obstacles comme cela a été le cas pour le cabinet précédent », ajoutant que des « investisseurs sont prêts à aider le pays » et indiquant que « tout ira mieux si la confiance dans le Liban revient ». Il a rendu hommage aux victimes de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, notamment les employés des silos à blé, une infrastructure relevant du ministère. À l’évocation de ces employés, Raoul Nehmé n’a pas pu s’empêcher de verser quelques larmes.
commentaires (2)
Le nouveau ministre nous a promis La Défense des consommateurs …. Mais, petit exemple, comment expliquer qu’en dépit d’une forte appréciation de la LL par rapport au Dollar, 30%, le prix des œufs, élément de base, ait augmenté de 25% ?
C…
23 h 03, le 15 septembre 2021