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Politique - Formation du gouvernement au Liban

Échange d'accusations entre Aoun et Mikati, le ton monte

Ce nouvel épisode vient mettre un terme à l'optimisme distillé au cours des derniers jours dans les milieux de la présidence de la République.

Échange d'accusations entre Aoun et Mikati, le ton monte

Le président libanais Michel Aoun (g) en compagnie du Premier ministre désigné, Nagib Mikati, le 16 août 2021 au palais de Baabda. Photo d'archives AFP / HO / Dalati et Nohra

Alors que ces derniers jours les proches du président de la République Michel Aoun s'efforçaient de distiller un climat d'optimisme quant à une possible formation du gouvernement cette semaine, un échange corsé d'accusations de blocage entre le chef de l'État et le Premier ministre désigné Nagib Mikati semble avoir mis un terme à cette dynamique, du moins pour le moment. Entre-temps, le Liban continue de s'enfoncer dans la pire crise socio-économique de son histoire contemporaine et reste sans gouvernement depuis plus d'un an.

"Alors que le Premier ministre désigné perçoit le processus de formation du gouvernement conformément aux règles constitutionnelles en vigueur, et aux exigences de la phase difficile que traverse le pays, certains semblent insister à transformer les tractations en un bazar politique et médiatique, ouvert à tous les mensonges et fuites, dans une claire tentative de se laver les mains du blocage, et d'en imputer la responsabilité à d'autres protagonistes", a déploré le bureau du Premier ministre désigné Nagib Mikati, dans un communiqué publié jeudi en fin de journée.

Ces accusations interviennent une semaine après le dernier entretien entre le président de la République et le Premier ministre désigné, alors que le processus semble dans l'impasse.

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Depuis la nomination de M. Mikati à la présidence du Conseil le 26 juillet dernier,  un bras de fer opposant les deux camps entrave toujours la mise en place du cabinet. Cette querelle porte notamment sur l'attribution de quelques portefeuilles jugés juteux, et qui pourraient jouer un rôle crucial dans la prochaine phase. Il y a aussi le fameux tiers de blocage, à savoir la démission d'un tiers des membres du cabinet qui entraînerait la chute de celui-ci. A un peu plus d'un an de l'expiration du mandat Aoun, la présidence et son camp sont accusés par leurs détracteurs de vouloir détenir ce tiers de blocage, même si la présidence dément cette éventualité. Le chef du gouvernement désigné, appuyé par ce qu'il est convenu d'appeler le club des anciens Premiers ministres, s'opposent fermement au tiers de blocage.

En dépit des obstacles qui restent à franchir, les milieux de Baabda se sont employés depuis plusieurs jours à distiller un climat d'optimisme quant à une probable mise en place du cabinet dans les tous prochains jours. S'exprimant mercredi devant une délégation de sénateurs américains en visite éclair à Beyrouth, Michel Aoun avait même espéré que le gouvernement sera formé cette semaine. Jeudi, des sources proches de la présidence citées par l'agence locale al-Markaziya ont indiqué que Baabda attend les réponses du Premier ministre désigné au sujet de (l'attribution du ministère de) l’Économie qui jouera un rôle essentiel dans les négociations" prévues avec le Fonds monétaire international". De même source, on assure que le président Aoun a aplani tous les obstacles, et répondu à toutes les questions du Premier ministre désigné. 

C'est donc pour répondre à ces déclarations que Nagib Mikati semble avoir publié son communiqué, dans lequel il a assuré qu'il "poursuivra la formation du gouvernement, conformément aux règles qu'il avait définies depuis sa nomination à la présidence du Conseil, tout en faisant preuve d'ouverture envers le président de la République et en se concertant avec lui". Le bureau de M. Mikati affirme que ce dernier "aspire à une coopération constructive, loin des conditions et contre-conditions, désormais connues par tout le monde". Une allusion à peine voilée à l'insistance de Michel Aoun pour avoir son mot à dire au sujet des ministrables chrétiens". Sur ce point, le président Aoun est vivement critiqué par les anciens Premiers ministres, mais aussi par M. Mikati lui-même. Dans une interview accordée vendredi dernier à la chaîne saoudienne al-Hadath, le milliardaire sunnite avait accusé le chef de l'État d'empiéter sur ses prérogatives.

Le bureau de presse du Premier ministre désigné souligne enfin que M. Mikati "ne s'est engagé auprès de personne sur quoi que ce soit, avant la mise en place finale du gouvernement".

Réplique rapide de Baabda

La contre-attaque de Baabda n'a pas tardé. Quelques minutes après la publication du communiqué de M. Mikati, le bureau de presse de la présidence a fermement critiqué, mais sans le nommer, Nagib Mikati et le club des ex-Premiers ministres, se défendant une fois de plus de bloquer le processus gouvernemental.

Dans un communiqué marqué par un ton et des termes assez fort, la présidence a démenti, toute volonté de la part du chef de l’État de détenir le tiers de blocage qu'il qualifie de "tiers de garantie", "que ce soit de façon directe ou indirecte", rappelant que les circonstances difficiles que traverse le pays devraient pousser "tout le monde à faire preuve de responsabilité, et prendre l'initiative de sauver le pays".  Appelant à "mettre un terme au jeu du plus futé, la présidence a redouté une volonté d'entraver la formation du gouvernement et la mise en place des réformes ainsi que la lutte contre la corruption (...)". Baabda a enfin appelé à "ne plus accuser le président de la République du blocage" dans la formation du cabinet.

En soirée, des sources proches du président Aoun ont affirmé à la chaîne Al-Manar que le communiqué du palais de Baabda ne visait pas Nagib Mikati.

Le Liban est sans gouvernement effectif depuis la démission de celui de Hassane Diab en août 2020, six jours après la double explosion meurtrière au port de Beyrouth. Après l'échec de Moustapha Adib et Saad Hariri - qui s'est récusé en juillet dernier au bout de neuf mois de tractations - Nagib Mikati a pris la relève. Au vu du blocage dans lequel se noie le processus, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim déploie actuellement ses bons offices entre les protagonistes.

Alors que ces derniers jours les proches du président de la République Michel Aoun s'efforçaient de distiller un climat d'optimisme quant à une possible formation du gouvernement cette semaine, un échange corsé d'accusations de blocage entre le chef de l'État et le Premier ministre désigné Nagib Mikati semble avoir mis un terme à cette dynamique, du moins pour le moment. Entre-temps, le...
commentaires (17)

Dans un commentaire précédent que L’OLJ a censuré suite à la visite des américains au palais variolé, j’ai indiqué que l’homme qui l’occupe n’était pas un homme de paroles et qu’il est loin de ce qu’on appelle un homme d’honneur. Sa parole ressemble à des mots inscrits sur le sable et ce ne sont pas les vents et les vagues qui manquent en ce moment dans le pays. Ils ont été vite effacés. Et dire qu’on continue à l’appeler Fakhamto en le laissant profiter du faste jusqu’à l’indécence alors que le peuple n’a plus de pain. A qui la faute?

Sissi zayyat

12 h 03, le 03 septembre 2021

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Commentaires (17)

  • Dans un commentaire précédent que L’OLJ a censuré suite à la visite des américains au palais variolé, j’ai indiqué que l’homme qui l’occupe n’était pas un homme de paroles et qu’il est loin de ce qu’on appelle un homme d’honneur. Sa parole ressemble à des mots inscrits sur le sable et ce ne sont pas les vents et les vagues qui manquent en ce moment dans le pays. Ils ont été vite effacés. Et dire qu’on continue à l’appeler Fakhamto en le laissant profiter du faste jusqu’à l’indécence alors que le peuple n’a plus de pain. A qui la faute?

    Sissi zayyat

    12 h 03, le 03 septembre 2021

  • Il y a Aoun/CPL/Bassil, d’un autre côté, nous avons tous les Chrétiens, qui considèrent ce trio comme usurpateur de leur représentation. Les sunnites, composés du club des ex-Premiers ministres tiennent la dragée haute aux Aounistes, en brandissant la constitution ainsi que les accords deTaef et ; refusent le droit de regard à quiconque pour la nomination du gouvernement. Le trio infernal qui joue son avenir politique, veut imposer sa volonté dans la gestion du gouvernement sous peine de minorité de blocage, ce que refusent les sunnites, ainsi que les tous les Chrétiens anti-trio qui, jouent a contrario un jeu dangereux qui, à termes pourrait les emporter sur l’hôtel des sacrifices de la République. Voilà que ce beau Triangle rectangle isocèle complique la donne. Les Chrétiens silencieux laissent les sunnites se dépatouiller pour venir à bout de ce blocage récurrent de Baadba. Le duo Chiite compte les points, donne des leçons de moralité, et hausse le ton pour se donner un peu de consistance qu’ils ont perdue depuis l’explosion du port. C’est le chien qui se mord la queue ! et tourne-tourne manège pour amuser la galerie, sans pour autant trouver une solution. Et c’est reparti pour un tour gratuit, que seul le peuple aura le droit et le privilège de payer, en ayant faim, soif, sans médicaments sans carburant et sans façon. Voilà où ce régime infatué nous a emmenés. Le trio de Baabda ne veut pas de gouvernement avant 2022. Je l’avais dit et le répète à mon grand regret.

    Le Point du Jour.

    00 h 40, le 03 septembre 2021

  • De plus en plus on sent qu' on vit dans un asile de fous . Triste

    Antoine Sabbagha

    23 h 05, le 02 septembre 2021

  • Assez me censurer SVP je n’insulte personne je nome juste un chat et un chat ..l’histoire donnera raison à mes propos

    Liban Libre

    22 h 45, le 02 septembre 2021

  • MA ALLI OU ELTELLOU, OU MALLI OU MELTELLOU, OU ADAMLI OU RAFADTILLOU, YIA 3AWAZIL FALFELLOU... YIA 3AWAZIL FALAFILOU... ET LA MASCARADE CONTINUE.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    21 h 33, le 02 septembre 2021

  • Quand Louis XVI a vidé les caisses du Royaume de France entre autre pour aller donner un coup de main aux Américains qui luttaient pour leur indépendance, ce fut la Révolution puis sa décapitation après sa tentative de fuite. Le Libanais n'a t'il plus la force à se révolter ? le courage à manifester ? Ou est-ce que les jeunes ont tous émigré et les anciens résignés ? Pourquoi laisse t-on le champ libre à ces voyous qui infantilise le peuple et mène la barque à leur guise et au gré de leurs intérêts personnels ? Ou alors est-on complice...

    Coroll

    21 h 20, le 02 septembre 2021

  • LA REGLE EST, QUAND UN BORDEL EST MAL GERE ET LE CHAOS S,Y INSTALLE, DE CHANGER LA PATRONNE OU GERANTE. SI SIMPLE QUE CA.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    21 h 18, le 02 septembre 2021

  • "… Cette querelle porte notamment sur l'attribution de quelques portefeuilles jugés juteux …" - Juteux? Mais le fruit est complètement sec. Et pourri. Même si vous le pressez aussi fort que le Liban du même nom, vous n’en tirerez plus que de la poussière. Juteux… bof! Bande de macaques.

    Gros Gnon

    21 h 11, le 02 septembre 2021

  • JE NE VEUX PAS LE TIERS DE BLOCAGE QUE J,APPELLE TIERS DE GARANTIE. MAIS J,INSISTE A NOMMER LES DEUX CHRETIENS DES AUTRES FORMATIONS ET LE TIERS DE BLOCAGE VIENT SEUL. JE JURE QUE JE NE LE DEMANDE PAS MAIS IL ME POURSUIT. - LA MASCARADE EST DE TAILLE. CE N,EST PAS L,AMERIQUE SEULE QUI PROPULSE DES CLOWNS A LA TETE DU PAYS. GEAGEA ET HARIRI ONT MALHEUREUSEMENT FAIT DE MEME CHEZ NOUS. ET LE PEUPLE SOUFFRE DANS SON EXISTENCE, S,APPAUVRI ET EST AFFAME. MAIS LES POLICHINELLES ONT L,ESTOMAC BIEN GARNI ET LES POCHES PLEINES EUX, LEURS PARENTS, LEURS AMIS ET LES FANATIQUES QUADRUPEDES QUI LES SUIVANT BRAIENT OU BELENT.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    21 h 00, le 02 septembre 2021

  • La formation du gouvernement relève, d'après la Constitution, de deux - et seulement deux - personnes : le président de la république et le premier ministre désigné. D'où vient le blocage ? Au temps des tubes fluorescents (presque partout remplacés aujourd'hui par des leds), quand un plafonnier refusait de s'allumer, on pouvait incriminer, soit le starter soit le tube lui-même. Si, après avoir changé le starter une première fois puis une deuxième et une troisième, le tube ne s'allume toujours pas, il est raisonnable de penser que c'est le tube lui-même qu'il faut changer. CQFD!

    Yves Prevost

    20 h 40, le 02 septembre 2021

  • Le cirque, bien sûr...

    Robert Malek

    20 h 24, le 02 septembre 2021

  • Qui espérait quoi de cette simagrée ? Tous en taule, tous ! Le peuple crève et pas à petit feu.

    TrucMuche

    19 h 41, le 02 septembre 2021

  • L'entourage de Aoun continue l'usure et le mensonge. Malgré que Mikati n'est pas le meilleur placé pour sa fonction, mais, au moins, on sait bien qu'il est conséquent avec lui-même. Jusqu'où peut-on aller dans cette détestable mascarade criminelle? Je plains l'institution militaire pour son absence quand à continuer de subir les conséquences insupportables de cette folie inimaginable.

    Esber

    19 h 41, le 02 septembre 2021

  • Le crique continue, comme prévu. Alors voyons, qui sera le prochain PM désigné ? Adib ? Hariri ? Diab ? Hariri ? Salam ? Hariri ? Siniora ? Hariri ? Hariri ? Hariri ?... Moi je dirais... non franchement, c'est trop difficile. Peut-être Hariri, ou alors non, plutôt Diab, euh non, je ne sais pas, c'est vraiment très difficile.

    Robert Malek

    19 h 39, le 02 septembre 2021

  • Jeu macabre effrayant ... personne ne peut être dédouaner dans cette affaire mais notre président ressemble de plus en plus à Pinocchio, il a le nez qui arrive jusqu'en Iran.

    Zeidan

    19 h 38, le 02 septembre 2021

  • Quand Macron était venu au Liban après le désastre du 4 aoüt 2020, les dirigeants politique libanais s'étaient engagés à former un gouvernement au plus vite. On sait ce qu'il en est advenu. Il y'a deux jours, à la délégation US qui lui rendait visite, le président Aoun a laissé entendre qu'un gouvernement serait formé "dans la semaine". Apparemment c'est rate. La seule conclusion qui s'impose: cette classe politique est passée maître dans l'art de berner ses interlocuteurs occidentaux. Elle leur donne à entendre le discours qu'ils veulent entendre, mais, une fois qu'ils sont partis, business as usual! Comme disait un ministre français aujourd'hui décédé: les promesses n'engagent que ceux qui y croient. A part ça, tout va bien: le pays coule et le peuple se meurt, mais il n'y a pas urgence...

    otayek rene

    19 h 33, le 02 septembre 2021

  • no comments!!!

    ELIAS SKAFF

    19 h 27, le 02 septembre 2021

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