Rechercher
Rechercher

Société - Trois questions à...

Joseph Bahout : Pas de guerre civile, pour l’instant

Joseph Bahout : Pas de guerre civile, pour l’instant

Joseph Bahout. Photo d’archives L’OLJ

Les incidents à caractère confessionnel qui ont éclaté ces derniers jours entre les habitants de deux villages voisins du Liban-Sud, Maghdouché (à majorité chrétienne) et Aanqoun (chiite), sur fond de pénurie de carburant et de crise socio-économique, s’apparentent à une miniguerre civile. Alors que se multiplient les tensions sécuritaires dans diverses régions libanaises, souvent attisées par les réseaux sociaux, le politologue Joseph Bahout, directeur de l’Institut Issam Farès de l’Université américaine de Beyrouth, fait part de ses craintes de débordements sécuritaires encore plus graves, d’autant qu’on se dirige vers l’accentuation du vide institutionnel. En revanche, selon lui, les éléments ne sont pas réunis pour une guerre civile en bonne et due forme à la manière de celle de 1975, par manque de tuteur régional. Du moins pour l’instant.

Quelle est votre lecture des incidents qui se déroulent depuis quelques jours entre les habitants de Maghdouché et de Aanqoun ?

Nous n’avons pas suffisamment de données factuelles sur ce qui se déroule à Maghdouché, plus particulièrement sur le rôle exact du mouvement Amal et de son chef, le président du Parlement, Nabih Berry. Je serais donc réservé sur les conclusions définitives. Plus globalement, il est clair que depuis un moment éclatent des dérapages sporadiques et incidents sécuritaires de plus en plus élevés en niveau. Tous ne se ressemblent pas, mais peuvent confluer vers un dérapage plus important. Au premier niveau, ces violences sociales ont déjà fait des morts depuis le début de la crise.

Pour mémoire

Une dispute sur l’essence manque de semer la discorde confessionnelle au Sud

Des violences dans les supermarchés, contre les banques, aux stations d’essence, dues à l’exaspération des gens, à une nervosité croissante, à la paupérisation galopante, au fait qu’il y a de moins en moins de mécanismes de contrôle, que les forces de l’ordre sont débordées. Au deuxième niveau, sont placés des événements plus importants parce qu’ils sont de nature communautaire et politique, tels ceux de Chouaya (entre des villageois druzes et des membres du Hezbollah), du Akkar, de Khaldé (entre les tribus arabes sunnites et des membres du Hezbollah), et le dernier en date Aanqoun et Maghdouché, qui est dans la même lignée. Ces événements commencent par des rixes sociales sur fond de rareté économique, de compétition sur les ressources, et prennent un caractère communautaire et politique selon les endroits.

Craint-on que le facteur confessionnel ne prenne le dessus ?

La tension sociale qui gronde depuis deux ans ne pourra pas rester contenue sans produire de violence sociale. Et cette violence va à un moment donné se transposer en violences politiques et communautaires, pour des raisons propres à la structure libanaise, parce que les forces de contrôle de l’ordre sont essoufflées, en faillite, rattrapées par la crise, et de moins en moins aptes à maintenir l’ordre. Une situation qui risque de devenir de moins en moins maîtrisable et de donner des terreaux favorables à des forces politiques locales ou régionales, pour jouer sur cette dynamique et essayer d’engranger des gains. Pour ce faire, il faut un entrepreneur de violence régional doté d’une volonté et d’une stratégie, qui donne de l’ampleur et des ressources, un argumentaire politique, des discours de tension qui se grefferont sur le vide. À un moment donné, devant l’incapacité des forces de l’ordre de prendre leurs responsabilités, chacun pourrait être tenté de vouloir mettre de l’ordre. Ce qui fait craindre des dérapages.

Y a-t-il aussi un projet comme en 1975 de mener le pays au bord d’une méga-implosion, voire une guerre civile ?

Une guerre civile ne commence pas uniquement parce qu’il y a des violences, rixes, heurts ou échauffourées sociales qui peuvent parfois prendre une tournure politique. Elle ne commence pas non plus à cause d’une pénurie d’essence. Une guerre civile ne se déclare pas s’il n’y a pas de volonté politique réelle, une conjonction politique entre une partie locale et des parties régionales. Or, jusqu’à maintenant, même si analytiquement on peut penser qu’il y a des parties qui peuvent avoir envie d’enfoncer le pays dans un cycle de violence et que les deux bords du spectre politique régional peuvent y avoir intérêt, qu’il s’agisse d’Israël, du Golfe, de l’Iran, nous n’avons pas atteint le stade où elles ont pris la décision de le faire. D’autre part, certaines forces locales ont peut-être intérêt à une stratégie de la tension, mais elles n’ont pas intérêt à ce que le dérapage dépasse un certain niveau. Parce qu’il leur sera très difficile de maintenir le contrôle de leur population. Parce que les gains politiques qu’elles peuvent tirer d’une telle affaire sont encore illusoires. Les violences vont donc rester contenues. Mais si la structure étatique continue de s’effondrer, les forces de l’ordre principalement, si on va vers l’accumulation des vides institutionnels, sans gouvernement, avec un Parlement en fin de mandat, une présidence en fin de mandat, autrement dit une situation semblable aux années 1988-89, un scénario à la somalienne est à craindre. Mais on n’en est pas encore là.

Les incidents à caractère confessionnel qui ont éclaté ces derniers jours entre les habitants de deux villages voisins du Liban-Sud, Maghdouché (à majorité chrétienne) et Aanqoun (chiite), sur fond de pénurie de carburant et de crise socio-économique, s’apparentent à une miniguerre civile. Alors que se multiplient les tensions sécuritaires dans diverses régions libanaises, souvent...

commentaires (5)

J'ai été censuré la dernièe fois que j'ai évoqué le sujet, j'espère que ce ne sera pas le cas cete fois-ci. Les ingrédients sont la, remplacer la présence armée et l'état dans l'état des palestiniens par ceux du Hezbollah, et l'equation est résolue. La guerre de 1975 a commencé par des echaufourrées que ce sont multiplées dans les deux années qui ont menées au 13 Avril. Ces echaufourrées ont crystalisé les camps en présence, galvanisé les esprits, communatuarisé les lignes de fractures et permis aux forces en présence de se grouper, s'armer et s'entrainer. Il faudra peut-être passer par la pour extraire la tumeur qui envahit notre pays, mais les lignes de fractures ne sont pas les mêmes. Aujourd'hui le camp chrétien est divisé, je dirais même explosé grace a Ms Aoun et Geagea, mais il y a une coalition quasi de tous les autres contre le trio Hezb/CPL/Amal. La force militaire supposée deu Hezb ne fait pas plus peur que celle des paletiniens et de leurs alliés à l'époque. Si le Hezb ne va pas se rendre compte qu'il pousse les autres à bout, il va scier la branche sur laquelle il est assis. Nous en patirons tous, mais mieux vaux mourir dans la dignité que vivre sous occupation. A un moment, il faut resister.

Bachir Karim

19 h 08, le 31 août 2021

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • J'ai été censuré la dernièe fois que j'ai évoqué le sujet, j'espère que ce ne sera pas le cas cete fois-ci. Les ingrédients sont la, remplacer la présence armée et l'état dans l'état des palestiniens par ceux du Hezbollah, et l'equation est résolue. La guerre de 1975 a commencé par des echaufourrées que ce sont multiplées dans les deux années qui ont menées au 13 Avril. Ces echaufourrées ont crystalisé les camps en présence, galvanisé les esprits, communatuarisé les lignes de fractures et permis aux forces en présence de se grouper, s'armer et s'entrainer. Il faudra peut-être passer par la pour extraire la tumeur qui envahit notre pays, mais les lignes de fractures ne sont pas les mêmes. Aujourd'hui le camp chrétien est divisé, je dirais même explosé grace a Ms Aoun et Geagea, mais il y a une coalition quasi de tous les autres contre le trio Hezb/CPL/Amal. La force militaire supposée deu Hezb ne fait pas plus peur que celle des paletiniens et de leurs alliés à l'époque. Si le Hezb ne va pas se rendre compte qu'il pousse les autres à bout, il va scier la branche sur laquelle il est assis. Nous en patirons tous, mais mieux vaux mourir dans la dignité que vivre sous occupation. A un moment, il faut resister.

    Bachir Karim

    19 h 08, le 31 août 2021

  • Il y a différentes manières de faire la guerre et celle pour laquelle les vendus ont opté n’enlève rien au côté dramatique et barbare de ce qu’ils font vivre à la population toutes confessions confondues. L’humiliation, la faim, la soif et l’insécurité dans lesquelles ils ont installé ce pays pour mieux l’achever vite mais à petit feu sont des méthodes de ceux qui n’ont pas le courage de leurs actes et se cachent derrière leur fantasmagorique lutte d’on ne sait pas trop quoi, pour semer la mort et la destruction où qu’ils aillent. Ce ne sont que des terroristes.

    Sissi zayyat

    16 h 32, le 31 août 2021

  • Sans guerre civile, point de salut. Ceux qui prennent le pouvoir par la force et le donne aux puissances étrangères ne déposerons pas les armes pour un simple walaw ya khaal. Seul la guerre et une vraie qui leur bottera le cul rendra la dignité aux libanais, et croyez moi le parti du diable a trop peur de cela, car ils sont lâches et préfèrent nous avoir sans bataille.

    Aboumatta

    16 h 05, le 31 août 2021

  • POUR LE MOMENT PREVAUT LA TRINITE DIABOLIQUE DU MAL. BELZEBUTH LE BARBU ET SES DEUX LIEUTENANTS INFERNAUX LES DEUX BELIERS BISCORNUS DE L,APOCALYPSE DE LA BERGERIE DE RAI. PRETENDUS CHRETIENS - LA REACTION N,EST PAS LOIN OU UNE TRINITE PATRIOTIQUE DES FORCES DU BIEN DE TOUTES LES COMMUNAUTES VERRAIT LE JOUR ET LA GUERRE CIVILE ENTRE CES DEUX TRINITES ECLATERA. LE BIEN L,EMPORTERA SUR LE MAL.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    13 h 10, le 31 août 2021

  • Guerre civile : non mais dans un contexte de faillite du système politique d’éruption de violence et de crispations communautaires, on se dirige vers la constitution de régions e plus ou moins autogérées dont celle contrôlée par le Hezbollah constitue l'exemple le plus accompli et qui pourraient être le prélude a une federation.

    Tabet Ibrahim

    08 h 45, le 31 août 2021

Retour en haut