Après les industriels fin juillet et les hôteliers mercredi, c’est au tour des commerçants de vouloir eux aussi importer leur propre mazout pour les générateurs qui pallient les longs rationnements de la part d’Électricité du Liban, alors que celle-ci n’arrive pas à importer assez de gas-oil et de fuel-oil destinés à ses centrales. L’Association des commerçants de Beyrouth a donc appelé hier ses membres à lui indiquer leurs besoins mensuels en mazout. Toutefois, une source proche de l’association a précisé que le rassemblement ne pouvait pas estimer la totalité des besoins de la filière, en raison du nombre de commerces qui ont fermé à cause de la crise économique, et de la nécessité non seulement d’alimenter les générateurs, mais également d’assurer le transport des marchandises.
Ce carburant sera importé au taux du marché parallèle, oscillant hier aux environ de 19 000 livres pour un dollar, alors que celui subventionné est vendu à 8 000 livres, mais est très difficile à se procurer en raison des agents qui stockent du carburant (essence et mazout) et des contrebandiers qui l’envoient en Syrie. Le taux de vente à 8 000 livres a été décidé samedi par les autorités, la Banque du Liban l’échangeant à 12 000 livres pour le dollar, alors que le gouvernement s’est engagé à couvrir les pertes entre les deux taux grâce à une avance sur le budget 2022.
Il n’empêche que si trois grands acteurs de l’économie libanaise importent leur propre mazout, celui toujours subventionné servira en grande partie aux ménages et aux autres filières productives, dont l’agriculture, les boulangeries et les hôpitaux.
Trafic routier infernal
Le trafic infernal est quant à lui revenu hier dans les rues à travers le Liban, en raison d’un plus grand nombre de stations-service ouvertes et des longues files d’attente qui s’étendent sur plusieurs kilomètres. Des blocages de routes par des chauffeurs de bus et de taxi en colère ont également été signalés.
Pour tenter d’apaiser la population, notamment dans le Akkar, région pauvre et secouée par des incidents sécuritaires au cours des dernières semaines, les forces de l’ordre ont assuré hier l’escorte d’un convoi de citernes chargées de carburant, rapporte notre correspondant dans le Akkar, Michel Hallak. Des engins blindés des forces spéciales des services de renseignements des Forces de sécurité intérieure ont ainsi été déployés.
La police a également annoncé qu’entre le 24 et le 25 août, près de 500 000 litres de mazout stockés illégalement dans la Békaa, dans le Sud et au Mont-Liban ont été saisis et distribués à la population et aux boulangeries, hôpitaux et autres infrastructures vitales, au prix officiel. Plusieurs stations-service ont également été forcées de vendre l’essence qu’elles stockaient. Enfin, deux individus suspectés de stocker de l’essence dans des galons à Saïda (Sud) ont été arrêtés.
commentaires (2)
UNE LOI EXISTE T ELLE QUI INTERDIT LE "STOCKAGE" DU MAZOUT, DE L'ESSENCE, DU FUEL OU DU GAZ ? SI OUI, SOUS QUEL PRETEXTE "JURIDIQUE" ?
Gaby SIOUFI
10 h 05, le 27 août 2021