Le 8 juillet dernier, les ambassadrices de France et des États-Unis à Beyrouth, respectivement Anne Grillo et Dorothy Shea, se sont rendues à Riyad pour rencontrer des responsables saoudiens. Lors de ces entretiens, les deux diplomates avaient souligné « l’urgence que les responsables libanais forment un gouvernement capable de travailler pour la réalisation des réformes nécessaires, dans l’intérêt du Liban et conformément aux aspirations du peuple libanais », pouvait-on lire dans le communiqué de l’ambassade de France à Beyrouth revenant sur la visite. Cette initiative constituait sans doute une première diplomatique à travers laquelle la pression internationale sur le Liban atteignait un point culminant, dans la mesure où deux des grandes puissances les plus impliquées dans le dossier libanais intervenaient directement et officiellement pour accélérer le processus gouvernemental, une question pourtant liée à la souveraineté du pays du Cèdre.
Près de deux mois plus tard, le forcing international semble, pour certains observateurs, en nette régression par rapport à la phase précédente, déclenchée notamment par les deux visites du président français Emmanuel Macron au Liban à la suite de la double explosion meurtrière survenue au port de Beyrouth le 4 août 2020. Le 1er septembre de la même année, le locataire de l’Élysée lançait, depuis la Résidence des Pins, sa fameuse initiative française axée sur la mise en place d’un gouvernement de mission qui engagerait les réformes exigées par les donateurs.
Sauf que ce cabinet n’a toujours pas vu le jour, les protagonistes concernés faisant la sourde oreille à ces appels des pays partenaires et amis, se noyant davantage dans leurs futiles querelles politiciennes. C’est justement par cette attitude de la part de la classe politique que Karim Bitar, directeur de l’Institut des sciences politiques à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, explique le désintérêt de plus en plus croissant de la communauté internationale pour le Liban. « Ils (les pays impliqués dans le dossier libanais) ont le sentiment d’avoir dit tout ce qu’ils avaient à dire et de prêcher dans le désert, dans la mesure où toutes leurs recommandations tombent dans les oreilles de sourds », souligne-t-il dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour.
M. Bitar converge sur ce point avec un proche de certains cercles diplomatiques à Beyrouth. « Rien n’a changé. La communauté internationale continue de plaider pour que soit formé un gouvernement dans les plus brefs délais afin d’opérer les réformes exigées par les pays donateurs », souligne-t-il, déplorant le fait que « les protagonistes politiques ne semblent pas pressés et ne répondent pas favorablement aux appels internationaux ». Et d’ajouter : « Je ne sais pas ce qui pourrait être fait de plus. »
Cela fait dire à Karim Bitar que Liban n’assiste pas à un désengagement de ses partenaires internationaux, mais à « une frustration de voir que la classe politique libanaise ne mesure pas l’ampleur de la crise, reste dans le déni et ne met toujours pas en place le strict minimum qui pourrait permettre aux bailleurs de fonds de débloquer les aides promises au pays, en l’occurrence un cabinet de mission ». Hier, Dorothy Shea a encore une fois plaidé pour la formation rapide d’un gouvernement capable de mettre en œuvre des reformes, et ce lors d’un entretien avec le patriarche maronite Béchara Raï au siège du patriarcat à Dimane.
Changement de priorités
Sauf que face à l’impasse politique et gouvernementale au Liban et la léthargie des dirigeants du pays, d’importants développements géopolitiques sont enregistrés, notamment en Iran, en Syrie et en Afghanistan. Une situation qui n’est certainement pas sans bouleverser les priorités internationales et reléguer le dossier libanais au second plan, surtout pour l’administration du président américain Joe Biden. Celle-ci mène des négociations avec l’Iran pour redynamiser l’accord sur le nucléaire, duquel son prédécesseur Donald Trump s’était unilatéralement retiré en 2018. « Le Liban n’est pas en tête des priorités de Joe Biden », souligne à L’Orient-Le Jour Sami Nader, analyste politique, rappelant que la question libanaise est une carte entre les mains de l’Iran à l’heure actuelle. « La République islamique – aujourd’hui présidée par l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi – est engagée dans des négociations avec Washington, qui semble opter pour une stratégie visant à contenir l’Iran, au lieu de l’affronter comme ce fut le cas sous Donald Trump », explique encore M. Nader, qui précise que les Français aussi privilégient le dialogue avec l’Iran, ce qui rendrait difficile le maintien de la politique de sanctions contre Téhéran et ses satellites tant que les négociations de Vienne sont en cours.
Il n’en demeure pas moins que dans certains cercles diplomatiques, on croit savoir que de nouvelles sanctions américaines pourraient bien cibler prochainement de nouvelles personnalités libanaises (après notamment le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, mais aussi plusieurs figures gravitant dans l’orbite du Hezbollah et accusées de le financer).
De leur côté, les Européens – qui coordonnent avec les Américains sur ce plan, comme l’a déclaré Dorothy Shea depuis Baabda le 16 août – ont déjà adopté un cadre légal pour sanctionner les responsables politiques qui se tiendraient derrière le blocage des tractations gouvernementales. Un diplomate occidental en poste à Beyrouth se félicitait récemment du fait que le cadre en question ait été adopté en l’espace de six semaines entre juin et juillet, en dépit des résistances de certains pays membres de l’Union européenne. « L’élément important est l’accord donné par la France pour imposer des sanctions contre des personnalités jugées responsables du blocage politique », estime Katim Bitar. Un changement qu’un observateur sollicité par L’OLJ explique en rappelant que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait évoqué en mars dernier la notion de non-assistance à pays en danger pour donner un motif juridique à une éventuelle action internationale à l’encontre de ceux qui entravent le processus politique au Liban.
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Le même sujet, accompagné des mêmes photos, avec les mêmes mots, les mêmes propos, les mêmes arguments, les mêmes étonnements, questions, réponses, suggestions, exclamations. Les mêmes personnes désignées, les mêmes-mêmes-mêmes partout et toujours la même rengaine. C’est lassant ennuyeux inintéressant et désespérant de relire toujours les mêmes articles, sous différentes formes, par différentes personnes, pour dire et re dire la même chose… Je refuse de me pencher sur ce genre d’article, qui sert de bouche trou, dans un quotidien qui n’a rien à dire de nouveau. Je les mets dans le même panier, que ceux qui pour des raisons personnelles s’évertuent à défendre, un pouvoir qui n’en est pas un, des personnes dépourvues de toute moralité, et qui baladent leurs plumes pour donner leur aval à des dirigeants qui ne méritent que le mépris. C’est juste un constat, la rédactrice de l’article n’est pas la cible de mes propos, je dis cela de manière générale sans haine sans insulte ni malviellance.
Le Point du Jour.
18 h 44, le 26 août 2021