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Économie - Crise au Liban

Quand le manque d’électricité impacte la production d’eau en bouteille...

En plus d’une pénurie d’eau potable, l’approvisionnement en eau courante risque de se raréfier par manque d’électricité pour faire fonctionner les pompes à eau.

Quand le manque d’électricité impacte la production d’eau en bouteille...

Au Liban, les usines qui embouteillent l’eau ne reçoivent plus assez de mazout pour alimenter leurs générateurs, ce qui a entraîné une réduction drastique de leur production. Photo AFP

En raison des pénuries de carburant qui paralysent tout le pays, en crise économique et financière depuis deux ans, les supermarchés du Liban sont touchés par une pénurie de bouteilles d’eau, résultant de problèmes liés à leur production et à leur distribution.

« Nous avons réduit notre production ces dernières semaines de 50 %. Notre usine fonctionnait six jours par semaine. Elle ne fonctionne plus que trois jours par semaine parce qu’il n’y a pas de carburant », explique à L’Orient Today Ghassan Geagea, directeur des ventes chez le producteur libanais d’eau en bouteille Tannourine Mineral Water. « La pénurie de mazout atteint des niveaux incroyables. Nous sommes dans cette situation depuis 20 jours et cela va empirer si nous n’obtenons pas de mazout », prévient-il.

Les usines qui embouteillent l’eau, et qui fonctionnent au carburant, n’ont pas été en mesure de sécuriser suffisamment de mazout pour alimenter leurs générateurs qui, en l’absence de l’électricité de l’État, sont essentiels pour pomper l’eau et fabriquer des bouteilles en plastique à partir de préformes – un produit plastique intermédiaire qui est ensuite façonné en contenant en plastique. Même une fois que l’eau est embouteillée et emballée, les pénuries d’essence entravent la distribution aux supermarchés, aux entreprises et aux ménages.

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Dans ce contexte, les usines à travers le pays doivent lutter, aujourd’hui, pour maintenir leur activité, assure à L’Orient Today George Nasrawi, vice-président de l’Association des industriels libanais. Selon lui, la crise a également ralenti les opérations dans les usines qui transforment le plastique importé en préforme, ensuite utilisé par les compagnies d’eau pour fabriquer des bouteilles. « Auparavant, nous produisions 300 000 caisses d’eau par semaine. Avec des heures de fonctionnement réduites, nous produisons désormais 150 000 caisses par semaine et nous ne pouvons pas produire plus que cela », souligne Ghassan Geagea de la société Tannourine.

En rupture de stock

Au Liban, les habitants dépendent exclusivement de l’eau en bouteille pour boire et souvent pour cuisiner, car l’eau du robinet n’est pas potable. Selon USAid, la qualité de l’eau au Liban ne cesse de se dégrader en raison de la pollution des eaux de surface et souterraines causée par des décennies d’urbanisation, le manque de systèmes appropriés de gestion des déchets et le déversement illégal de déchets de toutes sortes dans les rivières, les points de déversement maritimes et les vallées.

En règle générale, les résidents comptent sur les sociétés embouteilleuses d’eau comme Tannourine pour se faire livrer des gallons d’eau chaque semaine, mais les pénuries ont forcé ces sociétés et les supermarchés à rationner la quantité de bouteilles d’eau vendues aux particuliers. Ainsi, la semaine dernière, plusieurs épiceries et supermarchés à travers le pays ont limité la quantité d’eau vendue par client. Les images circulant sur les réseaux sociaux montraient des stocks de bouteilles d’eau épuisés dans les rayons des magasins. Vendredi dernier, en soirée, il n’y avait pas de bidons d’eau au supermarché Matahen de Corniche al-Mazraa à Beyrouth, tandis qu’un autre supermarché du même quartier, qui disposait encore d’un stock de bouteilles d’eau, limitait les achats à deux caisses par client.

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Pour le moment, les pénuries de carburant affectent principalement la fabrication de grandes et petites bouteilles d’eau, précise Ghassan Geagea, tandis que la société donne la priorité à la production et à la distribution de grands conteneurs d’eau de 19 litres généralement livrés aux ménages une fois par semaine. À noter qu’en ce moment, Tannourine, par exemple, ne peut plus accepter de nouvelle demande d’abonnement à ses services de livraison d’eau de la part de ménages ou d’entreprises. « Nous n’accepterons aucun nouveau client tant que ce problème ne sera pas résolu », souligne le directeur.

L’eau courante en danger

À cette perspective de pénurie d’eau potable, il faut ajouter la possibilité que l’approvisionnement en eau, au robinet, puisse lui aussi se raréfier. L’eau ne peut sortir des robinets domestiques que tant qu’il y a de l’électricité pour la pomper des réservoirs à travers les usines de traitement de l’eau et ensuite vers ses destinations domestiques et commerciales.

Mardi, l’Office des eaux de Beyrouth et du Mont-Liban a annoncé dans un communiqué qu’il devrait mettre en œuvre un « programme de rationnement sévère dans la plupart des zones relevant de sa juridiction en l’absence de carburant ». Cela signifie que l’accès à l’eau du robinet sera limité en fonction de la disponibilité du fuel.

Cette annonce venait s’ajouter à deux mises en garde concernant les pénuries d’eau lancées par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) en moins d’un mois. Dans la seconde, publiée via un communiqué diffusé samedi, l’Unicef avertissait que quatre millions de personnes au Liban risquent de perdre un accès critique à l’eau ou de subir des pénuries d’eau « dans les prochains jours ». « L’Unicef appelle à la restauration urgente de l’approvisionnement en électricité – la seule solution pour maintenir les services d’eau en marche », pouvait-on lire aussi dans ce communiqué.

(Cet article a été originellement publié en anglais sur le site de L’Orient Today le 24 août 2021)


En raison des pénuries de carburant qui paralysent tout le pays, en crise économique et financière depuis deux ans, les supermarchés du Liban sont touchés par une pénurie de bouteilles d’eau, résultant de problèmes liés à leur production et à leur distribution.« Nous avons réduit notre production ces dernières semaines de 50 %. Notre usine fonctionnait six jours par...

commentaires (4)

Une remarque : depuis le temps, c'est-à-dire depuis la guerre civile, que le problème de l'électricité existe au Liban, personne n'a jamais pensé à passer au photovoltaïque ? Les industriels, les premiers ?

CHAHINE Omaya

12 h 22, le 26 août 2021

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Commentaires (4)

  • Une remarque : depuis le temps, c'est-à-dire depuis la guerre civile, que le problème de l'électricité existe au Liban, personne n'a jamais pensé à passer au photovoltaïque ? Les industriels, les premiers ?

    CHAHINE Omaya

    12 h 22, le 26 août 2021

  • Le peuple le plus intelligent de la terre n'est pas arrivé à se libérer de ce fichu mazout ! Le solaire aurait dû être la panacée pour l'électricité au Liban depuis toujours ! Mais y a-t-il de juteuses commissions à s'y faire ?

    TrucMuche

    10 h 29, le 26 août 2021

  • L’eau de pluie n'est pas potable. Elle est contaminée par de nombreuses micropollutions et des micro-organismes.

    Nadim Mallat

    10 h 04, le 26 août 2021

  • LES LIBANAIS PRIENT POUR LA PLUIE POUR RAMASSER UN PEU D,EAU LIMPIDE, SANS BACTERIES ET SALETES, DANS LEURS CASSEROLES QU,IL FALLAIT CASSER SUR LES TETES DE TOUS LES MAFIEUX A COMMENCER PAR LA TETE DE L,ECHELLE ET ALLER JUSQU,AU DERNIER ECHELON.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 51, le 26 août 2021

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