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Société - Crise

Pas d’électricité = pas d’eau : les défaillances se multiplient

Les entreprises, les ménages et les restaurants sont menacés, alors que le gouvernement ne peut compter que sur l’aide de pays donateurs, qui est insuffisante et devrait s’épuiser en septembre.

Pas d’électricité = pas d’eau : les défaillances se multiplient

Les pénuries d’eau devraient s’aggraver dans tout le Liban à mesure que les pompes, qui propulsent l’eau des réservoirs aux réservoirs d’eau, se déconnectent. Ici, sur le Hasbani, au Liban-Sud. Saïd Maalaoui/Photo d’archives

Chantal Salloum s’est vu contrainte de fermer son restaurant, The Barn, dans le quartier de Gemmayzé pendant trois heures la semaine dernière suite à une panne sèche en eau, les pompes qui fonctionnent à l’électricité s’étant arrêtées suffisamment longtemps pour vider le réservoir. « Quand il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas d’eau. J’ai perdu des heures de travail pendant lesquelles j’aurais pu recevoir des clients », affirme Chantal, 32 ans, à L’Orient Today.

Le problème auquel cette restauratrice est confrontée est susceptible d’affecter un nombre croissant d’entreprises de toutes tailles et de ménages au fur et à mesure que s’installe la saison chaude, des responsables officiels estimant que les pénuries allaient s’aggraver dans tout le pays si l’approvisionnement en électricité et en carburant ne s’améliorait pas et que perdurait la grave crise économique. « C’est devenu un gros problème et cela va empirer si rien n’est fait. Nous ne pouvons désormais fournir que 50 à 60 % de l’eau que nous distribuons habituellement », déclare à L’Orient Today le directeur général de l’Office des eaux du Liban-Sud, Wassim Daher.

Cet avertissement intervient après que cet office a publié un communiqué indiquant que la plupart de ses principales stations de pompage ont cessé de fonctionner en raison de l’interruption de l’alimentation électrique et de difficultés d’acquérir du diesel pour alimenter les groupes électrogènes.

Le pays compte quatre offices d’eau décentralisés : Liban-Sud, Liban-Nord, Beyrouth et Mont-Liban, Békaa, qui sont chargés de surveiller la qualité de l’eau, de percevoir les factures et de l’approvisionnement dans leurs régions respectives. Trois de ces quatre sources affirment à L’Orient Today que la majorité de leurs pompes ont été très affectées par les pénuries d’électricité et de carburant. Les offices du Liban-Sud, de Beyrouth et du Mont-Liban et de la Békaa précisent qu’ils ont dû réduire les heures de fonctionnement des stations de pompage en mai dernier et mettent en garde contre de nouvelles réductions qui entraîneraient des pénuries prolongées et plus généralisées, alors que les coupures de courant se poursuivent. L’Office des eaux du Liban-Nord n’a pas pu être joint pour fournir des commentaires.

Effet domino

La pénurie d’eau se produit alors que le Liban traverse la pire crise financière de son histoire et que nombre de secteurs en souffrent, le fournisseur public, Électricité du Liban (EDL), affichant un gros trou financier en raison d’infrastructures défectueuses, de coûts de production élevés et de revenus insuffisants. EDL n’est désormais plus en mesure de fournir que quelques heures de courant par jour, ce qui contraint les ménages et les entreprises à avoir recours à des générateurs privés dispendieux fonctionnant au diesel.

« C’est un effet domino. La convergence de tous ces problèmes va affecter les ressources en eau », explique Nadim Farjallah, responsable du programme Changement climatique et environnement à l’Institut Issam Farès pour les politiques publiques et les affaires internationales de l’Université américaine de Beyrouth. « Si je n’ai pas d’électricité pour pomper les eaux souterraines ou pour pomper l’eau des sources vers un réservoir, puis de ce réservoir pour pomper cette eau et la distribuer, je peux tout aussi bien ne pas avoir d’eau », ajoute-t-il.

Le directeur général de l’Office des eaux de Beyrouth et du Mont-Liban, Jean Gebran, indique, pour sa part, que la quantité de diesel disponible est insuffisante pour faire fonctionner les générateurs, en raison de pénuries, ce qui affecte la capacité de faire fonctionner les stations de pompage d’eau. « Nous avons besoin d’environ un million de litres de diesel par mois, mais n’en obtenons que 700 000 à 800 000, ce qui ne nous permet pas de couvrir toutes les heures de pompage d’eau. Il y a un mois, nous fournissions 10 heures de pompage par jour à Beyrouth, qui sont tombées à six heures en raison de la pénurie de pétrole et d’électricité. Cela va être un gros problème si nous restons à ce rythme tout l’été, car les gens utilisent beaucoup plus d’eau durant cette saison », ajoute-t-il.

Des jours très difficiles

Le directeur général de l’Office des eaux de la Békaa, Rizk Rizk, précise que 250 à 300 pompes à eau existent dans la région, 75 à 80 % d’entre elles étant affectées par des coupures d’électricité. « Nous déployons beaucoup d’efforts pour gérer la situation, mais nous anticipons des jours très difficiles », dit-il. Dans un communiqué publié lundi, l’office a appelé les résidents à réduire leur consommation.

De même, au Liban-Sud, le directeur de l’Office des eaux a affirmé que son organisme avait besoin de deux millions de litres de diesel sur quatre mois pour faire fonctionner ses stations de pompage et il en faudra plus si les coupures d’électricité se multiplient. Ce qui est alarmant est que cet office n’a été jusqu’à présent en mesure d’assurer que moins de la moitié de ses besoins minimums anticipés. « Pour le moment, nous n’en sommes qu’à environ 200 000 litres par mois », indique Wassim Daher.

Selon la loi, les offices d’approvisionnement en eau du Liban sont autonomes, ce qui signifie qu’ils génèrent leurs propres fonds, qui « proviennent des frais qu’ils facturent et qu’ils reçoivent en livres libanaises », explique M. Farjallah.

À Beyrouth et au Mont-Liban, les taux de collecte sont, pour le moment, suffisants pour couvrir les coûts du diesel : « S’il y a du diesel, nous pouvons nous permettre de l’acheter pour le moment, mais le principal problème est la pénurie (…) si la situation se dégrade, nous ne pourrons peut-être pas le faire à l’avenir », selon Gebran.

Dans la Békaa, cependant, les taux de perception des factures posent problème, Rizk Rizk estimant que les taux de collecte sont de 30 %, ce qui complique l’achat de diesel. « L’office n’a pas les moyens de payer le prix du carburant et nous n’avons pas le même taux de collecte ici qu’ailleurs et dans d’autres domaines », précise-t-il, en se rappelant qu’à la mi-mai il avait dû se rendre à l’Unicef (l’Agence des Nations unies pour l’enfance) quémander 10 000 litres de diesel pour faire démarrer un générateur.

Pas de plan B

Au niveau gouvernemental, la conseillère du ministre de l’Énergie et de l’Eau, Suzy Hoayek, affirme que la principale stratégie du ministère pour remédier aux problèmes liés à la pénurie d’eau consiste à solliciter l’aide de donateurs internationaux, notamment l’Union européenne, l’Agence des États-Unis pour le développement international, l’Unicef et les ambassades d’Italie, d’Allemagne et de Suisse. Les dépenses d’exploitation pour les pompes, les pièces de rechange et l’achat de diesel relèvent du mandat des offices, bien que le ministère ait sollicité les donateurs en 2020 pour les financer en raison du taux de change du dollar, d’après elle.

« Tout ce dont nous avons besoin ce sont vraiment des dollars. Tout ce qui est nécessaire pour faire fonctionner ces installations est probablement importé ou coûte très cher », précise Mme Hoayek, en soulignant que ce qui a été reçu des donateurs n’est pas suffisant et sera épuisé en septembre. « Nous n’obtenons pas ce dont nous avons besoin, mais seulement une partie et nous essayons de fournir autant de services que nous avons d’argent (…) Il n’y a pas de plan B, je ne vais pas inventer du diesel ou obtenir de l’électricité ailleurs… sans le soutien des donateurs tout s’écroulera dans le secteur de l’eau et des eaux usées », conclut-elle.


(Cet article a été originellement publié en anglais par L'Orient Today le 9 juin 2021)

Chantal Salloum s’est vu contrainte de fermer son restaurant, The Barn, dans le quartier de Gemmayzé pendant trois heures la semaine dernière suite à une panne sèche en eau, les pompes qui fonctionnent à l’électricité s’étant arrêtées suffisamment longtemps pour vider le réservoir. « Quand il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas d’eau. J’ai perdu des heures de...

commentaires (6)

Juste une idée qui peut valoir ishrét basslé mais voilà: --- au lieu de dépenser notre mazout sur de " l'énergie à faire la lumière " sur des caractères complètement inutiles à l'histoire du Liban, à la survie de son peuple, et à l'avenir de ses jeunes, tel que dans l'article "Hariri-Bassil, pour le meilleur et pour le pire" parlons à ces multiples professionnels libanais et voyons comment mettre un plan, avec ou sans état, pour résoudre tout ces problèmes au lieu d'analyser des stupidités dites avec arrogance par ceux qui prétendent nous faire oublier nos présidents du passé. l'OLJ pourrait démarrer un forum où seuls des idées pratiques pour résoudre nos problèmes avec l'aide de la diaspora et ceux dans les pays amis prêts à ce faire.

Wlek Sanferlou

14 h 43, le 15 juin 2021

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Commentaires (6)

  • Juste une idée qui peut valoir ishrét basslé mais voilà: --- au lieu de dépenser notre mazout sur de " l'énergie à faire la lumière " sur des caractères complètement inutiles à l'histoire du Liban, à la survie de son peuple, et à l'avenir de ses jeunes, tel que dans l'article "Hariri-Bassil, pour le meilleur et pour le pire" parlons à ces multiples professionnels libanais et voyons comment mettre un plan, avec ou sans état, pour résoudre tout ces problèmes au lieu d'analyser des stupidités dites avec arrogance par ceux qui prétendent nous faire oublier nos présidents du passé. l'OLJ pourrait démarrer un forum où seuls des idées pratiques pour résoudre nos problèmes avec l'aide de la diaspora et ceux dans les pays amis prêts à ce faire.

    Wlek Sanferlou

    14 h 43, le 15 juin 2021

  • HN ne va t il pas ramener un bateau d eau depuis Teheran ?

    HABIBI FRANCAIS

    13 h 58, le 15 juin 2021

  • For l'honneur,,,, for bien, mais pour autant d'honneur auront-ils plus d'eau que les sans-dents pas "ashraf"?

    Christine KHALIL

    12 h 47, le 15 juin 2021

  • PAS DE NOURRITURE. PAS D,ELECTRICITE. PAS D,EAU. NE VOUS ETONNEZ PAS S,ILS VOUS COUPERONT AUSSI L,AIR A RESPIRER. D,AILLEURS AVEC TOUTES LES AUTRES COUPURES ET LES VOLS DES ECONOMIES D,UNE VIE LES GENS ETOUFFENT. L,AIR COMMENCE A MANQUER. L,AIR MANQUE ! LIBANAIS, TOUT AUTRE PEUPLE AURAIT DEJA FAIT TREMBLER LA TERRE SOUS SON SOULEVEMENT. QU,ATTENDEZ-VOUS ? IL N,Y AURA NI GOUVERNEMENT NI ELECTIONS ET LES CHOSES IRONT VERS UN NOUVEAU TAEF OU LES CHRETIENS SERONT LESES ET SURTOUT LES MARONITES CAR DANS LE TIERS, SI ILS OBTIENNENT LES CHRETIENS LE TIERS, LES ORTHODOXES, LES CATHOLIQUES, LES ASSYRIENS ET AUTRES MINORITES CHRETIENNES VOUDRONT LEUR PART. CES DEUX BELIERS BISCORNUS DE LA BERGERIE MARONITE FERONT PERDRE AUX CHRETIENS LE 50/50 DU TAEF D,AUJOURD,HUI. PATRIARCHE RAI, REVEILLEZ-VOUS CAR MEME UNE REUNION INTERNATIONALE QUE VOUS DEMANDES POUR LE LIBAN NE DONNERA POINT AUX CHRETIENS LE 50/50 QUE LES PAYS ARABES ET LES SUNNITES OFFRENT AUX CHRETIENS, DOMMAGE QU,ON NE LE COMPREND PAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 38, le 15 juin 2021

  • Qu'à cela ne tienne: l'axe de la "moumanaa" est vainqueur partout! Tant pis si le Liban s'est transformé en Venezuela du Moyen-Orient: tout est perdu, for l'honneur, LoL!

    Georges MELKI

    10 h 07, le 15 juin 2021

  • Un secteur de plus en cours de destruction. Le plan de destruction de tous les secteurs du pays initié depuis fort longtemps poursuit sa marche …

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 23, le 15 juin 2021

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